Présentation

La technologie NFC ( Near Field Communication ) est un mode de communication sans fil à courte portée dérivé du RFID ( Radio Frequency Identification ). C'est l'une des futures grandes tendances de la téléphonie mobile car elle permettra d'ajouter de l'interactivité entre les mobiles et leur environnement.

Un téléphone NFC pourra en effet servir de porte-monnaie électronique, de badge d'identification, de collecteur de contenu spécifique ( du matériel publicitaire depuis une affiche, par exemple ), de clé intelligente ( les hôteliers en raffoleraient... ), etc.


Standardisation et développement de services
NFC Forum logo Pour que cette révolution annoncée prenne corps, ilest nécessaire  que tout l'environnement soit mis en place, aussi bien au niveau de la standardisation que des services et du matériel. Sur le premier aspect, le NFC Forum travaille à mettre en place le cadre nécessaire et complète peu à peu les spécifications, et notamment les protocoles de communication entre carte SIM et puce NFC ( avec le SWP ou Single Wire Protocol, par exemple ).

Payez Mobile logo Concernant les services, des expérimentations viennent valider les procédures et recueillir les impressions des utilisateurs-testeurs, à plus ou moins grande échelle. Du côté du paiement sans contact, il existe l'initiative Payez Mobile en France qui réunit depuis fin 2007 des institutions bancaires et des opérateurs pour tester le paiement mobile NFC auprès de commerçants et de grandes surfaces.

D'autre part, des forums et associations ont été créés en 2008 pour regrouper les différents acteurs du domaine et partager les informations. C'est le cas du Forum des Services sans contact, initié par Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie et à  la consommation, qui encadre des projets relatifs à la technologie NFC ou de l' Association française du sans contact mobile ( AFSCM ) qui regroupe les trois opérateurs mobiles français Orange, SFR et Bouygues Telecom, et leur permet de s'assurer qu'ils travaillent tous dans la même direction ( au niveau de l'interopérabilité des services, notamment ).


Il faut aussi des terminaux
Enfin, tout ceci ne peut fonctionner sans le matériel : terminaux de paiement, modules NFC et téléphones portables compatibles NFC. Actuellement, peu de fabricants proposent des modèles autrement que dans des déclinaisons très limitées de produits existants, utilisables dans les expérimentations en cours.

On notera que Nokia propose depuis deux ans des terminaux mobiles NFC complets, dont le dernier modèle est le Nokia 6212 Classic NFC, un téléphone 3G dont la production est prévue pour cette fin d'année et qui devrait servir pour des pilotes pré-commerciaux.

L'harmonisation de ces trois grands pôles du NFC ( standardisation, services, équipement ) n'est pas chose aisée. Or, le marché des services NFC ne peut pas décoller tant que ces trois éléments n'ont pas atteint un certain niveau de maturité.

Et c'est sans compter sur les intérêts des différents acteurs et leur volonté de contrôler, voire de verrouiller le marché à leur profit, au risque de retarder le décollage du marché.

Etat des lieux

Le futur marché des services mobiles NFC est prometteur, tous les acteurs vous le diront, de même que les analystes, encore que la crise économique mondiale pourrait les amener à revoir leurs estimations. Les scénarios possibles de services sont innombrables, la technologie n'est pas vraiment onéreuse et les protocoles de communication, pour assurer des transactions, par exemple, commencent à être au point.

Certes, il reste du travail à réaliser en matière de standardisation pour être certain de l'interopérabilité des matériels, mais il existe déjà suffisamment d'accords pour lancer une première phase de déploiement simple.


Quand tout le monde s'attend
La situation est plus complexe concernant les fournisseurs de services et les fabricants de terminaux. Chacun se renvoie la balle, estimant que tant que l'autre n'aura pas atteint une certaine masse critique, il est inutile d'aller trop vite. Et au milieu, les opérateurs mobiles arbitrent le match, étant bien conscients que rien ne pourra se faire sans eux.

GSMA logo Ils poussent d'ailleurs à faire de la carte SIM le passage obligé de la gestion des services et transactions liés à la technologie NFC. La GSMA ( GSM Association ), qui représente des centaines d'opérateurs, appelle déjà les fabricants à intégrer le protocole SWP dans les mobiles dès 2009, ce qui assurera l'interface entre carte SIM et module NFC, leur permettant de gérer à loisir l'accès aux services NFC.

La sécurisation des applications bancaires dans la carte SIM a déjà fait l'objet de démonstrations lors du salon Cartes & IDentification au début du mois de novembre 2008, tandis que les cartes SIM incluant directement un module NFC sont déjà à l'étude chez le britannique BlueSky Positioning.


Et si on commençait avant l'heure ?
Ce round d'observation entre fournisseurs de services et fabricants de matériel pourrait durer, selon les analystes, jusqu'en 2010, voire 2012 pour les plus pessimistes. Mais certains imaginent déjà des solutions pour raccourcir ce délai.

Twinlinx logo Parmi elles, on trouve une jeune start-up française, Twinlinx, dont le président, Jacek Kowalski n'est autre que le fondateur et l'ancien dirigeant de la société Inside Contactless, très suivie par plusieurs fonds d'investissement stratégiques

M. Kowalski a décidé en 2006 de créer une nouvelle société pour développer un concept, du nom de MyMax, qui pourrait résoudre en partie le problème de disponibilité des mobiles NFC et de commencer à déployer des services NFC depuis n'importe quel téléphone portable.

Nous avons pu rencontrer des intervenants de Twinlinx lors du salon Cartes & IDentifications, qui ont bien voulu nous en dire plus sur ce concept intéressant à plus d'un titre.

Sticker NFC Bluetooth

Puisque les téléphones portables compatibles NFC sont très rares et le resteront pendant plusieurs années, pourquoi ne pas rendre n'importe quel mobile actuel compatible avec cette technologie ? C'est l'idée à la base du concept développé ( et breveté ) par Twinlinx.

Celui-ci se traduit par un sticker NFC, baptisé MyMax, à coller au dos du téléphone portable, et qui comprend un module NFC capable de communiquer avec le téléphone portable via une simplet applet Java installée sur ce dernier et par communication sans fil Bluetooth.

La technologie Java et la connectivité sans fil Bluetooth sont des caractéristiques standard dans bon nombre de téléphones portables, ce qui assure d'emblée une compatibilité avec l'immense majorité d'entre eux.


Des sociétés françaises en amont
Twinlinx, qui s'occupe de la partie matérielle, a travaillé avec une autre société française, Mobile Distillery, pour assurer le fonctionnement sur téléphone portable et garantir la plus large compatibilité possible, et permettre aux développeurs de solutions NFC de profiter de son environnement de développement Celsius pour créer des applications facilement portables sur de nombreux modèles différents.

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L'intérieur du sticker MyMAX : côté pile la batterie (à gauche), côté face l'antenne (à droite)
La version finale comprendra un panneau photovoltaïque et un bouton pour lancer le mode lecteur NFC

Le prototype qui était dévoilé au salon Cartes était relativement proche de la sa version finale : les dimensions du sticker seront globalement les mêmes ( 38 x 29 mm , imposés par le schéma de l'antenne ) mais l'épaisseur, actuellement de 1,8 mm, devrait dans la version finale ne pas dépasser les 0,5 mm.

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Encombrement du sticker par rapport à un mobile ; la version définitive sera affinée

Le sticker MyMax possède une face collante pour l'appliquer au dos du téléphone et le transformer en mobile NFC, avec la double fonction d'émulation de carte et de lecteur NFC. Il peut fonctionner aussi bien en mode passif qu'en mode actif.


Un système autonome grâce à son panneau solaire
Les échanges avec l'applet Java du mobile sont réalisés en Bluetooth. Pour fournir l'énergie nécessaire, le sticker dispose d'une batterie rechargeable ( le petit " sachet blanc " visible sur la photo ) et incorporera pour sa recharge un petit panneau photovoltaïque, ce qui évite de pénaliser l'autonomie du téléphone.

Il faudra entre 20 minutes et 1 heure pour recharger complètement la batterie du sticker en extérieur et environ 16 heures en lumière artificielle, sachant qu'il est possible de réaliser 300 transactions NFC / Bluetooth avec une batterie complètement chargée. Un message affiché à l'écran du mobile pourra signaler le besoin de recharger le module.

De même, pour éviter une trop grande déperdition d'énergie, le mode actif devra être validé en appuyant sur un bouton présent sur le sticker, ce qui activera le module pendant le temps de l'opération avant un retour en veille, dans un souci de préservation de l'autonomie de la batterie.

Avec ce sticker MyMax autonome par sa batterie et son système de recharge par énergie solaire, ainsi que son mode de communication par Bluetooth via un mobile quelconque, il devient possible de déployer des services NFC directement et de façon autonome.

Un sticker NFC, pour quoi faire ?

Le sticker NFC / Bluetooth MyMax de Twinlinx, associé aux outils logiciels de Mobile Distillery, nécessite encore des améliorations. Si le prototype présenté au salon Cartes était fonctionnel, il reste encore du travail avant la finalisation.

La société venait alors de recevoir des boards de démonstration pour les clients intéressés et devrait pouvoir fournir des échantillons fonctionnels à partir du mois d'avril 2009, avant une production de masse prévue pour la fin 2009 ( avec les partenariats adéquats ).

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Boards de démonstration du sticker MyMax

L'avantage de ce dispositif est qu'il permet de ne pas avoir à attendre que tout l'écosystème soit mis en place, ce qui va prendre encore du temps, qu'il s'adapte facilement au matériel grand public existant ( un téléphone compatible Java et disposant du Bluetooth suffit ), et enfin qu'il se passe pour un certain nombre d'applications du contrôle des opérateurs mobiles.


Déployer des services dès 2009
Il est tout à fait possible pour les sociétés de créer un service NFC spécifique et de proposer à ses clients des stickers NFC MyMax ( qui peuvent d'ailleurs être personnalisés aux couleurs d'une marque, comme dans l'exemple du sticker remplaçant le pass Navigo  de la RATP ) permettant de l'exploiter, sans avoir à demander d'autorisation aux opérateurs mobiles et sans avoir non plus à reverser de droits sur l'utilisation.

Et, de l'aveu même des représentants de Twinlinx, les sociétés éventuellement intéressées par ces opportunités sont déjà nombreuses et prêtes à suivre cette innovation qui leur permettrait d'occuper le terrain des services NFC rapidement ou de créer des services à valeur ajoutée.


Occuper le terrain libre

Certes, cette solution n'est qu'une étape intermédiaire avant l'arrivée massive des mobiles NFC mais ceux-ci n'étant pas près d'arriver, cela crée une opportunité de marché dans laquelle s'est engouffrée Twinlinx. Si elle n'est pas la seule société à lancer ce type de solution, elle possède toutefois l'expérience et le savoir-faire nécessaire et peut compter sur des appuis.

Et bien que le sticker avec panneau solaire puisse théoriquement fonctionner pendant deux ans, la société pense déjà à des modèles jetables dont le coût pourrait être suffisamment faible pour une diffusion en masse et qu'il suffirait de remplacer à l'occasion.

Le mobile NFC est encore loin, mais le sticker NFC / Bluetooth MyMax de Twinlinx / Mobile Distillery peut permettre de rendre les services NFC mobiles beaucoup plus proches et contribuer à créer un marché avant que les poids lourds du secteur des télécommunications ( les opérateurs mobiles ), qui restent un passage obligé pour l'adoption de masse des services NFC, ne commencent à canaliser les services autour de la carte SIM.