La situation devient complexe pour Google, qui, suite à la décision rendue par la Cour de justice de l'Union européenne le 13 mai dernier, doit désormais permettre aux particuliers de réaliser une demande de déréférencement de son moteur de recherche dans des cas particuliers.

formulaire droit à l'oubli google  Rapidement, on apprenait ainsi que la firme avait reçu plus de 12 000 requêtes en un jour, mais ce n'était que le début des ennuis pour Google, puisque la société indique désormais recevoir en moyenne 20 requêtes par minute depuis le formulaire en ligne.

Des requêtes qui arrivent de tous les pays de l'UE, dans toutes les langues, et sous la forme d'un flot continu qui déborde littéralement Google.

Il faut dire que la CJUE n'a pas vraiment facilité la tâche à Google cette fois, car si les conditions de suppression de référencement se veulent assez contraignantes pour l'utilisateur et qu'elles ne s'appliquent donc qu'à un faible pourcentage des requêtes, Google se voit pour autant obligé de procéder à une étude au cas par cas de chaque demande.

Google doit ainsi avoir recours à une intervention humaine pour traiter chaque dossier, et l'équipe dédiée à la tâche en France serait à peine constituée. Il faudra donc faire preuve de beaucoup de patience.

Autre point délicat, la situation de Google qui se veut sous pression, mais également tout puissant face aux actions à mener. Certaines organisations et associations craignent ainsi la censure et le recours au formulaire exploitant cette porte ouverte de la CJUE comme un prétexte pour détourner des informations au mépris de la neutralité du moteur de recherche.

Larry Page évoquait d'ailleurs dans le Financial Times que " l'arrêt implique pour nous de faire des arbitrages difficiles entre le droit à l'oubli d'un particulier et le droit à l'information du public".

Et si la CJUE a imposé à Google la mise en place d'un tel système, rien n'est fait pour encadrer la firme tant dans le but qu'elle se conforme à décision rendue, que dans le bon déroulement de chaque procédure ou l'arbitrage de chaque décision... Qu'en sera-t-il alors des requêtes légitimes balayées d'un revers de main par l'équipe de Google ? Quels recours auront les particuliers quand leur dossier aura été refusé ?

Google a annoncé la formation d'un comité consultatif qui devrait se pencher sur les cas les plus délicats. Un comité composé du président de Google, Eric Schmidt, mais aussi d'intervenants externes comme Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia, Luciano Floridi, professeur d'éthique à l'Oxford Internet Institute, Frank La Rue, rapporteur de l'ONU sur la liberté d'expression... Un rapport sur le droit à l'oubli devant être proposé début 2015.