La crainte était dans l'air dès les premiers temps de la 5G en 2019 et tend à se concrétiser désormais : la nouvelle technologie réseau se déploie à un rythme soutenu et plus rapide que les générations précédentes mais l'Europe reste à la traîne par rapport à d'autres zones géographiques.

La couverture 5G en bande médiane (bande 3,5 GHz et assimilées) est bien avancée en Asie (Corée du Sud en tête avec plus de 90%, Chine à plus de 50%) et en Amérique du Nord (plus de 40% aux Etats-Unis) mais elle reste à moins de 10% de couverture en Europe et UK (données d'avril 2021).

5G

Selon l'équipementier Ericsson, qui publie un rapport sur l'adoption mondiale de la 5G, les opérateurs européens ont beaucoup fait le choix du DSS (Dynamic Spectrum Sharing) qui permet de diffuser des services 4G et 5G sur la même bande 4G mais avec une qualité moindre, parfois au détriment du déploiement en bande médiane.

En France, Free déploie sa 5G en bande 700 MHz, ce qui lui permet de revendiquer la plus grande couverture nationale, mais avec la critique sur la moins bonne expérience utilisateur par rapport à un déploiement en bande 3,5 GHz, privilégié par des concurrents comme Orange ou SFR, conduisant à une " fausse 5G ".

5G débits

Source : Ericsson / données Ookla 1er-15 mai 2021

De fait, selon des données Ookla, les débits 5G en bande médiane ne dépassent pas 150 Mbps dans les pays européens quand elle est à plus de 300 Mbps en Chine et plus plus de 500 Mbps en Corée du Sud.

Trop de DSS, pas assez de 5G

Un élément de temporisation de ces résultats porte sur la moindre densité de population en Europe par rapport à l'Asie, ce qui crée de grosses variations en nombre de sites pour 100 000 habitants.

S'il faudrait effectivement d'énormes investissement pour arriver à la même densité sans forcément obtenir les retours ensuite par de fortes ventes, un autre problème se pose, pointé du doigt depuis plusieurs années par les observateurs du marché : un déploiement retardé ralentit aussi l'émergence de nouvelles activités nécessitant la 5G pour fonctionner.

Et c'est donc ailleurs qu'en Europe que risquent de se faire les implantations d'entreprises préparant les innovations de demain, là où se trouvent des réseaux 5G déjà performants et largement disponibles.

L'équipementier Ericsson pose donc la question d'un trop grand recours au DSS en Europe qui permet certes d'afficher un logo 5G sur les smartphones mais ne fournit pas toutes les performances attendues et ne peut se suffire à lui-même.

On notera qu'à l'origine, le DSS était d'abord prévu pour les petits opérateurs ne disposant pas forcément de beaucoup de moyens pour s'offrir des ressources spectrales en 5G et pouvoir ainsi proposer un début d'expérience 5G à leurs abonnés.

Une régulation trop contraignante

L'autre frein signalé par Ericsson est celui d'une trop lourde régulation européenne, notamment pour la transformation de sites existants ou la création de nouveaux emplacements. Sur ce point, difficile toutefois d'aller trop vite en Europe, alors que la mise en route de la 5G a suscité des questions sanitaires, là où l'Asie a d'abord vu l'intérêt technologique et économique.

Dans le déploiement de la nouvelle technologie, l'Europe serait donc en partie victime de son carcan de réglementation, au moins pour la phase de la 5G non standalone.

Une lueur d'espoir réside dans la deuxième phase de déploiement, ou 5G standalone, dont le déploiement ne reposera plus sur le réseau 4G. Les opérateurs sont également tenus d'atteindre des taux de couverture à échéance régulière, créant une dynamique. Encore faut-il savoir de quelle 5G on parle.

Source : LightReading