enquête p2p La loi Création et Internet, dont certains demandent le vote en urgence, comporte la notion de filtrage des réseaux. Or, l'été dernier, le FAI Belge Scarlet, toujours en attente de rattachement avec Belgacom, avait été condamné à bloquer l'échange des morceaux du catalogue de la SABAM , SACEM belge, sous peine de 2500 € quotidiens d'astreinte. Aujourd'hui, le FAI s'est déclaré contraint de ne pas respecter cette condamnation à cause d'une " impossibilité technique ".

Scarlet aura essayé plusieurs méthodes, sans succès. La première a été de brider les protocoles P2P. Non seulement, les échanges illégaux n'ont évidemment pas cessé mais, de plus, ses clients se sont plaints de la mesure, qui mettait à mal les services légaux utilisant ces technologies, comme par exemple Joost ou depuis peu Ipernity. La seconde solution employée a été celle préconisée par un expert de la SABAM, à savoir l'utilisation d'une solution d'Audible Magic. Celle-ci est en effet censée reconnaître l'empreinte numérique d'un contenu et permettre de bloquer son téléchargement. La SABAM avait ainsi convaincu le juge que ce type de mesure était techniquement possible, arguant que plusieurs FAI, dont Verizon aux États-Unis, l'avaient testé avec succès.

Or, Scarlet n'a pas obtenu les résultats escomptés, la technique s'avérant inefficace pour le P2P. En réalité, il semble qu'aucun FAI n'ait réussi à utiliser les outils d'Audible en ce sens et Scarlet s'en prend donc logiquement à la SABAM pour avoir induit en erreur le juge. La dernière solution, que la SABAM préconise, est le blocage pur et simple de tous les protocoles P2P et ainsi la fermeture, pour les abonnés du FAI, des services légaux les utilisant. La proposition peut sembler disproportionnée et irait à l'encontre de la conceptuelle neutralité des intermédiaires et d'Internet : doit-on interdire aux véhicules de rouler pour éviter les accidents de la route ou le transport de substances illicites ?