Dans son émission diffusée sur France 2, Cash Investigation, la journaliste Élise Lucet était allée enquêter sur les méthodes de management de l'opérateur Free. L'occasion de découvrir des Call Center ou règne une certaine tension, avec des faiblesses ou contestations se réglant par des licenciements massifs pour faute grave...

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Dans le reportage, on dénonce ainsi la façon dont les employés des Call Center de l'opérateur sont malmenés par certains responsables, poussés à se montrer toujours plus performants et licenciés à la moindre faute. On évoque ainsi comment, au Maroc, ceux qui ont tenté de monter un bureau syndical ont été licenciés sans ménagement. Des employés "liquidés" selon les termes employés par la directrice des centres d'appels Angélique Gérard dans un email adressé avec le directeur général.

Maxime Lombardini, interrogé par Élise Lucet a bien tenté de se défendre, indiquant "ne pas pouvoir s'exprimer sur des cas individuels" tout en évoquant un "métier difficile" qui entraine des difficultés à recruter... Il réfute même tout plan social. Il est vrai pour ce cas que Free ne pratique pas de plan social, mais des licenciements individuels pour faute grave qui permettent dans une majorité des cas de dispenser l'opérateur du versement des indemnités, quand les licenciements ne sont pas annulés aux Prud-hommes.

Si la direction a joué la langue de bois devant la journaliste, au lendemain de la diffusion de l'enquête sur la chaine publique, la situation est bien différente. Ainsi, selon Politis, trois responsables de centres d'appel (sur les 7 que compte le groupe) devraient être prochainement licenciés.

Notez que l'émission peut être consultée gratuitement à cette adresse. 


Mise à jour du 28/08/2017 17h : des représentants du personnel de Free sont montés au créneau pour défendre leur entreprise, mécontents de l'image négative donnée dans le magazine, en envoyant une lettre à Elise Lucet que nous vous conseillons de lire (publiée chez nos confrères d'Univers Freebox).

Madame LUCET,

Contrairement à la déclaration des droits et des devoirs des journalistes (Munich) et à la charte d’éthique et professionnelle des journalistes, qui évoquent l’impartialité, l’équité et le respect de la vérité dans le traitement de l’information, vous n’avez même pas pris la peine de nous contacter, ni de contacter, nous, élus majoritaires, et les autres personnes qui travaillent chez Free, afin de connaître nos positions quant aux différents évènements cités dans votre émission, pourtant, vous faites un métier pour lequel beaucoup de personnes se sont sacrifiées et continuent à le faire, parfois même au prix de leur vie, pour que la vérité et la justice triomphent toujours.

Vous avez donné la parole à un seul représentant syndical minoritaire, qui n’a eu aucun mandat électif sur le site de Colombes (Mobile / Election de 2016). Vous n’avez jamais jugé utile d’interroger les syndicats majoritaires, les autres élus et représentants. Une vraie occasion pour un règlement de compte par un syndicat. Vous avez pris parti, retranscrit les informations qui vous sont communiquées par ce syndicat.

Pardonnez-nous, vous nous apportez une preuve supplémentaire que ce syndicalisme utilise des méthodes de voyous qui mettent en danger les salariés et qui menacent l’emploi dans nos entreprises. Nous nous permettons de citer Badinter qui disait en 1992 à quelques extrémistes juifs lors de la commémoration de Vel d’hiv " …vous déshonorez la cause que vous croyez servir ", c’est exactement ce que ce syndicat fait actuellement.

Parlons maintenant de vos « témoins » :

Le responsable du plateau :

Ancien conseiller, ancien responsable d’équipe adjoint, ancien responsable de plateau, ancien soutien d’un responsable de site qui licenciait des personnes sans ménagement, nous avons été contraints de mener une série d’actions pour que cette personne soit mise hors d’état de nuire.

Féral a gravi tous les échelons, il n’a jamais saisi un élu pour se plaindre de ses conditions de travail, ou pour signaler un abus, Il a licencié plus de 200 salariés à lui seul, ce qui est mathématiquement impossible, mais, quand bien même, il est complice de cette pseudo politique. Ramener un cannibale pour parler des personnes qu’il a dévorées, il n’y a que Cash Investigation qui peut le faire. Oui, le système est ainsi fait.

Le délégué syndical de SUD :

Pour être clair, il lui a suffi d’obtenir quelque voix pour être désigné comme délégué syndical, sans être élu. Sa seule politique sur le site de colombes est :

- Dénoncer les salariés et les élus.
- Filmer et enregistrer les salariés à leur insu.
- lancer des enquêtes CHSCT pour avoir le maximum d’heures de délégation et ne pas travailler.
- Inonder la direction par des réunions qui durent parfois trois jours, oui, ce n’est pas une erreur, vous avez bien lu, trois jours.
- Tourner autour de chaque salarié fragile pour exploiter sa souffrance.
- Chercher des cadavres, partout, de maintenant ou d’hier.

Nous nous arrêtons là...

Un personnage qui n’a porté aucun sujet qui concerne les salariés, il aime parler de lui, pour lui. Il n’a pas la légitimité des urnes, mais il a celle de Cash Investigation, oui, le système est ainsi fait.

Tenez-vous bien. Ce Monsieur reçoit des consignes directement de son syndicat, jusqu’à là, rien d’anormal, mais la personne qui lui dicte la stratégie à suivre, est un salarié détaché de chez...Orange, notre concurrent, mais il passe plus de temps chez Free. Il est d’ailleurs venu aujourd’hui dans notre entreprise ! Vous l’avez bien lu, au nom d’une étiquette syndicale, un concurrent peut venir chez nous et jubiler sur cette image donnée par Cash Investigation. N’y a-t-il pas quelque chose de surprenant dans ce fonctionnement ? Oui, le système est ainsi fait.

La RRH (responsable des relations humaines) :

Le comble, Cash Investigation met en scène une sanction d’un salarié pour avoir eu quatre retards de quelques minutes, ce qui est ignoble de la part de la direction. Mais le saviez-vous ? C’est cette RRH elle-même qui a mis en place cet échelon de sanction, elle a sanctionné plus de salariés en un an, que tous les RRH du site de Paris. Manger avec le loup et venir pleurer avec le berger. Oui, le système est ainsi fait

Maintenant, parlons de la direction :

Tout d’abord, une petite introduction, nos équipes ne reçoivent de consigne de personne, nous avons juste cette rage contre l’injustice, car nous avons une équipe d’élus qui travaille durement pendant que les élus des autres syndicats sont défaillants, ils ont eu des mandats, des heures de délégation et tous aux abris, les salariés attendront les prochaines élections pour les recroiser, une fois tous les quatre ans, c’est un peu comme nos députés, oui, le système est ainsi fait.

Angélique GERARD :

Alors que dire, c’est notre patronne, pourtant accessible 24/24 7/7, nous avons des désaccords, parfois des analyses différentes, mais toujours avec le même objectif : Quand un problème se pose, nous ne la quittons sans trouver une solution. Nos échanges les plus musclés finissent par se calmer dans une sorte de compromis. Elle bouscule son agenda, elle annule son déjeuner, rentre tard chez elle, pour un seul salarié, un seul cas, un seul sujet...

Nous mettons au défi, un seul salarié, qui a eu un problème et qui après nous avoir sollicités n’a pas trouvé une solution, parfois des problèmes qui dépassent le cadre de l’entreprise.

Nous l’avons rencontrée la semaine dernière, car nous avons des sujets qui sont en attentes : grille de prime, salaires, recrutements, des sujets qui concernent nos salariés, elle est toujours à l’écoute, elle croise les informations, et elle est présente. Mon rôle, notre rôle, c’est de ne laisser aucun salarié en détresse, c’est ce que nous faisons tous les jours.

Xavier NIEL :

Le grand patron, le milliardaire, le puissant, mais laissez-nous vous dire quelque chose :

Quand nous avons lu son interview dans Society, nous avons cru à une blague. Aller dire que nous faisons un travail "horrible" c’est juste le suicide de sa réputation. Nous lui avons envoyé un mail lui disant que nous étions en colères, que les mots ont un sens, que nos salariés l’écoutent et s’inquiètent. Il a répondu, nous sommes rentrés dans une petite polémique, qui s’est terminée par : Je peux rencontrer les salariés inquiets.

RDV pris, il s’est excusé, il nous a expliqué qu’il voulait dire "pénible" et non "horrible", qu’il n’a aucune intention de délocaliser nos emplois. Nous avons notre centre d’appel dans le 8ème arrondissement, d’ailleurs, cash a oublié de préciser que nous sommes le seul centre d’appel sur Paris.

Réunion de Xavier Niel avec les élus du personnels suite à la parution de l’article de Society

Tout cela ne vous intéresse pas, tout comme le salarié que vous avez interviewé dans notre centre d’appels ce jour-là. Nous vous l’accordons, un salarié avec une ancienneté de plus de 10 ans qui aime son travail ainsi que ses conditions, ne fait pas vendre. Ce n’est pas du sensationnel, et puis, nous sommes dans une époque où dire du bien n’intéresse personne, il faut dire du mal, pour ouvrir les polémiques, exacerber les passions, provoquer, diviser.

Non, Madame LUCET, c’est votre univers qui est impitoyable !

Votre pouvoir vous donne la capacité de déformer, de désinformer, et de trier ce que vous voulez publier, mais pitié, ne le faites pas au nom du devoir d’informer.

Vous aurez notre reconnaissance le jour où vous allez parler du management chez France Télévisions, du nombre de CDD, des licenciements des personnes qui ont donné leur vie à ce service public. Vous avez peut-être, chez vous, des salariés en burn-out, peut-être à coté de votre bureau, ou que vous croisez dans les couloirs de votre grand bâtiment.

Soyez fiers, car votre reportage a provoqué de la haine, des insultes, des menaces de mort, et nos collègues ont récolté les conséquences.

Quant à nous, nous allons davantage travailler, notre mission est d’honorer nos mandats et servir nos salariés, et non pas de faire couler notre entreprise.

Enfin nous terminons par la citation de MalcomX :

"Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés, et aimer ceux qui les oppriment"

Elus Comité Central de l’UES
Elus Comité d’Entreprise
Elus Délégués du Personnel.
Elus CHSCT.

Mise à jour 2 du 29/09/2017 14h : il semblerait que le courrier ci-dessus, publié par Univers Freebox, ne représente pas grand monde comme en atteste la réaction officielle des principaux syndicats de Free qui ont tenu à réagir à ce document par voir de communiqué.

COMMUNIQUE DE PRESSE OFFICIEL INTERSYNDICAL

CFE-CGC – CGT – FO - SUD
Nous avons pris connaissance par voie de presse de l’article intitulé « Cash Investigation : les représentants du personnel de Free répondent à l’émission » diffusé sur le site univers freebox. Cet article relaie une lettre sensément adressée à Madame Élise Lucet par les « représentants du personnel de Free », sans qu’aucune signature claire ne soit apposée en fin de courrier, laissant ainsi supposer que cette lettre aurait été rédigée d’un commun accord par les Organisations Syndicales représentatives au sein du groupe Iliad. Afin de lever toute ambiguïté, nous, tenons à préciser n’avoir été sollicités d’aucune manière préalablement à la rédaction de cette lettre, tant sur le fond que sur la forme. En conséquence, nous invitons chacun à assumer ses propos sans usage volontaire de termes flous pouvant laisser penser que toutes les Organisations Syndicales représentatives au sein du groupe Iliad cautionneraient les termes de ce courrier, dont nous nous désolidarisons. Nous avons été élus pour agir dans l’intérêt des salariés du groupe Iliad et continuerons à le faire.
Les Représentants Syndicaux CFE CGC de l’UES MCRA Les Mandaté(e)s et Élu(e)s CGT Les Mandaté(e)s et Elu(e)s FO de l’UES MCRA Les Mandaté(e)s et Elu(e)s SUD