L'heure est à la communication pour la Fédération Française des Télécoms ( FFT ), alors que le secteur des télécoms français connaît une phase de mutation et d'adaptation depuis l'arrivée de Free Mobile en début d'année.

Après les remarques de son président Pierre Louette sur l'évolution des prix des forfaits mobiles sur la 4G qui, l'espère-t-il, vont rééquilibrer le marché, la FFT publie une nouvelle étude faisant le point sur le secteur télécom français et le rôle qu'y jouent les opérateurs.

Réalisée par le cabinet Arthur D Little, elle rappelle utilement que le secteur compte 300 000 emplois ( 128 000 directs et 178 000 indirects ) et a injecté 204 milliards d'euros depuis 2006 dans l'économie française, tandis que près de 40 milliards d'euros ont été investis dans les réseaux télécoms depuis cette même date.

Le taux de pénétration moyen du mobile en France est désormais supérieur à 100% mais les services télécoms représentent moins de 3%¨des dépenses du foyer et cette proportion a peu évolué au fil des années, tandis que les prix moyens des forfaits ont reculé ces dernières années quand dans le même temps les possibilités offertes se sont largement étoffées.

Dans ce contexte, les opérateurs jouent un rôle pivot de moteur de croissance pour l'économie française, pour le développement des filières du numérique et aident à démocratiser les nouveaux usages qui seront eux-mêmes les opportunités économiques de demain, comme le NFC ( Near Field Communications ), le cloud computing ou la maison connectée.


Plusieurs boulets qui ralentissent le secteur
Mais dans le même temps, l'étude pointe du doigt une situation complexe et des freins qui conduisent les acteurs européens à perdre de la valeur là où les opérateurs du monde entier en ont gagné ces dernières années, et avec le cas particulier de la France qui en perd plus qu'ailleurs en Europe.

Après une décroissance des revenus de 2% sur 2010 / 2011, les prévisions portent sur une baisse générale de l'ordre de 9% entre 2011 et 2014, qui va les faire repasser sous la barre des 40 milliards d'euros annuels.

Plusieurs causes sont avancées :

  • l'effet d'une réglementation jugée excessive sur les prix de gros ( terminaisons d'appel, itinérance ). Les décisions du régulateur, l'Arcep, sont pointées du doigt, alors même que ce dernier suit les recommandations de Bruxelles qui rêve d'un marché unique des télécoms en Europe et veut lisser les disparités nationales.
  • une sur-fiscalité qui empile les taxes pour alimenter d'autres secteurs. Les opérateurs ne se disent pas contre le fait de participer au financement d'autres activités mais pas dans des conditions qui finissent par freiner leur croissance.
  • une sur-concurrence, exacerbée par l'arrivée de Free Mobile et ses forfaits à prix agressif qui ont conduit à une brutale révision des grilles tarifaires alors que l'étude affirme que les prix des forfaits mobiles français sont déjà parmi les plus bas en Europe

Et de faire remarquer que ces fragilisations du secteur mettent les opérateurs mobiles français à la merci des investisseurs étrangers. Les récents mouvements d'opérateurs ou groupes étrangers mettant la main sur des opérateurs européens dans plusieurs pays, de même que l'arrivée en France de China Télécom en tant que MVNO, qui pourrait être le point de départ d'offensives plus agressives, est sans doute un argument qui ne doit pas laisser le gouvernement indifférent.

Celui-ci a d'ailleurs commencé à proposer des mesures pour soutenir le secteur, aussi bien sur la question de l'emploi que sur la préservation de sa dynamique. Cet encadrement qui s'annonce est plutôt bien perçu par les opérateurs...tant que la cadre ne se fait pas trop contraignant.