Comme nous vous en faisions part dans une de nos actualités, du 30 octobre au 2 novembre de cette année, se déroule en Grèce le premier forum mondial sur la gouvernance de l'Internet (FGI) où les représentants de près de 90 Etats ainsi que ceux de quelques acteurs majeurs du monde de l'informatique vont débattre et uniquement débattre puisque le FGI n'a aucun pouvoir décisionnel, de la meilleure façon d'exploiter le potentiel du Web.

Si la question de la mise sous tutelle américaine de l'ICANN* n'aura pas droit de cité à Athènes, celle relative à la censure exercée sur la toile et notamment par les autorités chinoises, sera par contre plus qu'à propos, une des thématiques abordées lors du FGI étant la liberté d'expression, la libre circulation de l'information, des idées et des connaissances sur la toile.


Des comptes à rendre
L'occasion donnée était donc trop belle pour que l'association Reporters Sans Frontières ne s'en saisisse en attaquant directement la firme américaine spécialisée dans le réseau Cisco, l'accusant comme le rapporte l'AFP, d'avoir vendu du matériel à la police chinoise ce à quoi Art Reilly, directeur de Cisco, a répondu : " Nous vendons la même chose à tous les pays, nous ne faisons rien pour permettre à un gouvernement d'opérer un filtrage " avant de déclarer quelque peu déstabilisé par le flot de questions : " Je ne suis pas au courant de la vente d'un produit en Chine quel qu'il soit. "


Face aux critiques, tout le monde fait front
Mais Cisco n'a pas été la seule société a être prise à partie et tant Google que Microsoft ou encore Yahoo! ont eu également droit à leur petit lot de critiques vis à vis de leur position à l'égard du marché chinois.

C'est ainsi que Vint Cerf, un conseiller de Google a déclaré : " Nous avons conclu que nous préférions offrir un maximum d'informations aux Chinois en dépit du fait que nous censurions certains éléments dont le gouvernement ne voulait pas. (...) L'espace dans lequel nous opérons est très compétitif. Si nous n'offrons pas ce que les gens nous demandent, ils s'adressent ailleurs. "

De même Microsoft a pris la défense de Yahoo! accusé d'avoir collaboré avec la police chinoise pour l'arrestation d'un cyber-dissident : " Yahoo! a son équipe en Chine. S'ils avaient refusé de coopérer, tout le monde aurait été arrêté et expulsé (...) Mais Yahoo! ne savait pas qu'il s'agissait d'un journaliste et qu'il risquait la prison. "

Bref, la logique économique et mercantile semble dédouaner ces grandes entreprises de leurs responsabilités quitte à faire passer à la trappe la liberté d'expression qui n'est vraiment qu'un vain mot.

* : l'organe de régulation des noms de domaine Internet