Il y a une vie hors de l' App Store. C'est l'enseignement que peuvent tirer les éditeurs de l'expérience du Financial Times. Face aux conditions imposées par Apple depuis le mois de juin sur la distribution obligatoire ( avec une commission sur chaque abonnement ou acte d'achat ) via le portail App Store et donc le contrôle de la clientèle de la presse par le groupe de Cupertino ( via leur carte bancaire ), le journal économique a choisi de faire sécession.

Il a développé une web app en HTML5 offrant les mêmes fonctionnalités que l'application iOS mais accessible depuis les navigateurs Web des appareils mobiles iOS mais aussi d'autres plates-formes. A la fin du mois d'août, l'application native iOS du Financial Times a ainsi été retirée du portail App Store.

Pour autant, la bascule a été favorable. Plus de 700 000 lecteurs utilisent l'application Web, qui génère déjà plus de trafic que la version iOS, selon Rob Grimshaw, responsable de FT.com. " Les personnes utilisant la Web App passent plus de temps sur le contenu. Elles consomment aussi en moyenne trois fois plus de pages que via le site Web accessible sur PC ", souligne-t-il.


Parfum de liberté avec la Web App
La Web App compterait déjà pour 15% des abonnements à FT.com et à 20% du nombre de pages vues par des utilisateurs mobiles. De quoi ne pas regretter de ne pas être entré dans le système d'abonnement mis en place par Apple cet été, sur lequel le groupe récupère 30% de commission sur chaque abonnement.

" Les portails d'applications constituent d'étranges environnements. Ils sont isolés de la majorité de l'écosystème du Web ", poursuit Grimshaw, qui a précisé que la simple présence d'un bandeau d'information en tête du site FT.com a suffi à attirer les lecteurs vers la Web App.

En France, huit journaux, regroupés au sein d'un Groupement d' Intérêt Economique ( GIE ), tentent de faire pression sur Apple pour obtenir des conditions plus favorables dans la distribution de leurs éditions numériques sur la tablette iPad.

Entre les grilles tarifaires rigides ( 0,79 €, 1,59 €, etc ), le prélèvement de 30% sur toute transaction et l'impossibilité de se différencier sur les offres, le système est bien verrouillé au profit d'Apple, faisant des éditeurs de simples fournisseurs de contenus dépossédés de toute marge de manoeuvre.

Dans le même temps, difficile de faire l'impasse complète et de ruer dans les brancards face à Apple, quand la tablette iPad est promise à une domination du marché sur les trois ou quatre ans à venir...

Source : Reuters