En l'absence d'un logiciel capable de calculer le nombre d'opérations par seconde réellement effectuées, il est difficile de dire si Riken est vraiment parvenu à passer le cap magique du pétaflop, mais c'est en tout cas ce que l'industriel japonais revendique. Gageons que cela ne lui servira pas simplement à concevoir de nouveaux pneumatiques...


Alliance américano-japonaise
C'est une véritable coalition qui s'est formée autour de la firme nippone Riken, grand spécialiste du pneu de compétition (entre autres choses) pour concevoir un super-calculateur dédié à l'exploration de structures moléculaires complexes : Intel K.K. (filiale japonaise d'Intel) et SGI Japan Ltd (qui appartient au conglomérat NEC, ou Nippon Electric Corporation) se sont en effet associés à cet effort, tandis que Hitachi se chargeait de la fonte des puces nécessaires à l'assemblage de ce "cluster" grâce auquel Riken prétend avoir atteint le pétaflop, soit un million de milliards (10 à la puissance 15) d'opérations de calcul par seconde !

Le défi était surtout de réunir--et de faire travailler en parallèle--201 serveurs, chacun composé de 24 processeurs MDGrape-3 aptes à opérer 230.000 millions d'opérations par seconde et par unité de calcul. Ces puces, conçues en 2004 dans un but spécifique de recherche, sont fabriquées par Hitachi sous une précision de gravure de 130 nanomètres. Pour organiser tout cela, il a fallu faire appel à l'expertise d'Intel, qui a fourni 65 de ses serveurs Xeon 5000 dual-core, et y a ajouté 37 autres serveurs (Xeon 3,2GHz) pour faire bonne mesure.


Record ou pas '
SGI s'est chargé de conjuguer les efforts de toute cette machinerie, et de faire fonctionner en parallèle tout ce petit monde. Le seul vrai problème réside dans l'absence d'un authentique outil de mesure de la réelle capacité de calcul de ce super-calculateur : chez IBM, chaque super-ordinateur Blue Gene fait tourner un logiciel, baptisé Linpack, qui détermine avec précision le nombre de flops, ou opérations de virgule flottante par seconde, effectuées par la machine. C'est notamment par son biais que Big Blue a pu récemment revendiquer un record officiel de 360 téraflops, soit 360.000 milliards d'opérations de calcul par seconde. Si la performance relevée chez Riken devait être confirmée, elle multiplierait ce nombre par trois, rien de moins. Ce samedi 24 juin devrait voir se dérouler une expérience grâce à laquelle Riken espère démontrer le potentiel de sa machine.

Riken s'est lancé dans l'assemblage de son super-calculateur dans le but de collaborer au programme Protein 3000, lancé au Japon en 2002, et dédié à l'étude des chaînes de protéines. Les industriels nippons rassemblés autour de ce projet espèrent accélérer les travaux de l'industrie pharmaceutique grâce à cet outil de recherche, mais l'usage de ce dernier sera certainement élargi à d'autres activités.