L'arrivée de Free Mobile début 2012 a chamboulé bien plus que prévu le marché de la téléphonie mobile en France. Les prix agressifs de ses offres ont aussitôt attiré des millions de consommateurs, obligeant les opérateurs en place à revoir en profondeurs leurs stratégies de court terme comme à plus longue échéance.

Les critiques ont été nombreuses, autant d'un point de vue technique qu'économique avec le spectre de très nombreuses destructions d'emplois à la clé. Dans une tribune libre publiée dans le journal Les Echos, Xavier Niel, patron du groupe Iliad, veut répondre à ces arguments dont certains " caricaturent à outrance les effets négatifs supposés et oublient l'historique de cette affaire " et une situation qui ne pouvait pas durer.


Des critiques économiques qui ne tiennent pas
Logo Free Mobile  Aux attaques sur un illusoire bienfait de court terme pour les consommateurs par ses tarifs, Xavier Niel rappelle une nouvelle la situation d'entente entre les trois opérateurs qui a abouti à une sanction forte de l'Autorité de la concurrence en 2005 et dont les derniers rebondissements sont tout juste clos.

Il a également rappelé les critiques régulièrement faites contre les offres du marché mobile français, " parmi les plus chères et les plus complexes d'Europe ", et l'arrivée des offres quadruple play mises en place " afin d'éliminer du marché les opérateurs ne disposant pas d'une licence mobile. "

Il a souligné le soutien des différentes instances et commissions concernant l'arrivée d'un quatrième opérateur mobile sur le marché français mais aussi les difficultés qui en découlaient, conduisant Free à être unique candidat pour la quatrième licence.

Sur ces bases, Xavier Niel souligne que la baisse de l'emploi dans le secteur ne date pas de l'arrivée de Free Mobile, que ce soit pour les centres d'appel, largement externalisés, que pour les réseaux de distribution, alors que les marques créent de plus en plus leurs propres boutiques, tuant les réseaux indépendants.

Sur le risque que fait courir Free Mobile sur l'investissement ( argument encore soulevé par Stéphane Richard, PDG de France Télécom - Orange hier lors de l'annonce de la 4G à Marseille ), Xavier souligne que les opérateurs concurrents y consacrent jusqu'à 20% de leur chiffre d'affaires quand " Iliad est à plus de 50% en 2011 ", mettant en évidence le niveau d'attribution de dividendes qui auraient pu servir à cette fameuse question d'investissement chez la concurrence.


Qui se préoccupe vraiment des consommateurs ?
Du côté des consommateurs, Xavier Niel revient une nouvelle fois sur le "forfait social à 10 € " qu'il avait déjà éreinté lors de la présentation de son offre mobile et dont il soulignait l'iniquité quand Free Mobile proposait un forfait encore plus attractif pour 2 €. Il se fait aussi le défenseur d'un pouvoir d'achat redonné aux Français.

Il indique qu'avant la confirmation du lancement des procédures pour la quatrième licence, les forfaits "illimités " tournaient autour de 80 € et ne sont passés à 24,90 € que juste avant l'arrivée de Free Mobile ( qui a dévoilé un forfait à 19,99 €, et même moins pour les abonnés Free ).

En creux, Xavier Niel pose la question de leur évolution sans la pression de l'arrivée d'un quatrième opérateur. Argument de nouveau mis en avant, le patron d'Iliad souligne que Free a généré 1500 emplois pour son activité mobile, sans compter les emplois indirects, avec cinq centres d'appel en France.

Enfin, Xavier Niel se moque des prévisions pessimistes de certains cabinets conseil " qui, avec quelques règles de trois appliquées à la baisse du chiffre d'affaire supposée du secteur, conclu[ent] au désastre [et] fait l'impasse sur la réallocation des milliards économisés par les ménages. Ces milliards vont être dépensés sans délai dans d'autres secteurs de l'économie, soutenant emploi et investissement. "

L'arrivée de Free Mobile marquerait donc surtout la fin d'un oligopole surtout occupé à reverser des dividendes à ses actionnaires et va les obliger à sortir d'une douillette léthargie qui freinait de toute façon emploi et investissements, moteurs de croissance.

Source : Les Echos