Née en 2015, l'application mobile Gossip, les potins anonymes permet à chacun de diffuser des rumeurs sur des personnes en utilisant leur numéro de téléphone. Les potins en question ne sont lisibles que durant quelques secondes après leur notification mais sont adressés à tous les contacts ayant ce même numéro de téléphone dans leur répertoire.

Ce qui était présenté comme un simple divertissement entre amis est vite devenu une source possible de cyber-harcèlement et de défouloir contre des boucs émissaires, au point que l'application avait été vivement critiquée par les syndicats lycéens.

Gossip application

Interrompue un temps puis relancée, elle est disponible en téléchargement gratuit sur Android et iOS. Son fonctionnement pose cependant problème à la CNIL qui vient de mettre en demeure son éditeur W.M.G. pour des "manquements particulièrement graves à la loi Informatique et Libertés".

Deux points principaux sont mis en avant. Le premier concerne le "non-respect de la vie privée et des libertés individuelles" en permettant la diffusion de ragots visant des personnes mineures et en faisant en sorte que ces commérages soient produits "à l'insu de la personne directement concernée si elle-même n'était pas utilisatrice de l'application. Concrètement, cela signifie qu'une personne n'ayant pas l'application, y compris mineure, peut faire l'objet de calomnies susceptibles de déstabiliser son entourage et de lui porter un grave préjudice, sans en être informée et sans réel moyen d'action vis-à-vis de l'émetteur comme des récepteurs de la rumeur", en violation de l'article 1er de la loi Informatique et Libertés.

Le second grief porte sur la façon dont les données des contacts sont collectées, puisqu'il s'agit de récupérer les numéros de téléphone du répertoire et les données renseignées par les contacts Facebook, "y compris lorsque ces numéros se rapportent à des personnes n'ayant pas téléchargé l'application". La CNIL indique que ce traitement des données ne repose sur "aucune base légale" puisqu'il n'y a ni consentement des personnes concernées ni respect des obligations légales du collecteur des informations.

La CNIL met donc en demeure l'éditeur de se conformer à la loi dans un délai d'un mois, décision rendue publique par le fait que des mineurs peuvent être concernés par les potins de Gossip. Il ne s'agit donc pour le moment que d'un avertissement mais constat des manquements et mise en demeure ont été adressé au Procureur de la République, ce qui pourrait donner lieu "à des investigations complémentaires".