Parler de post-Hadopi comme le fait le Parti socialiste, c'est aller un peu vite en besogne pour Frédéric Mitterrand. Lors d'une convention organisée par l'UMP et ayant pour thème la culture, le ministre de la rue de Valois a estimé que l'abrogation de l'Hadopi est une " proposition du passé ".
Selon des propos rapportés par l'AFP, il a déclaré que l'abrogation d'Hadopi aurait pour conséquence " d'asphyxier l'essor de l'offre légale en ligne, alors même que de nouveaux acteurs européens, comme Deezer ou Spotify pour la musique, sont en plein développement ".
Deezer et Spotify font partie de ces plateformes de streaming musical qui ont reçu le label PUR ( Promotion des Usages Responsables ) délivré par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet. On notera que si Spotify est labellisé, le logo PUR n'est pas encore affiché sur le site.
Candidate à la primaire socialiste, Martine Aubry a proposé de remplacer la mécanique Hadopi par une " contribution individuelle à la création ". Une participation obligatoire de l'ordre d'un euro ( ou deux ) adossée aux abonnements à Internet pour dépénaliser les échanges de fichiers musicaux entre internautes ( échanges non commerciaux ).
Ce n'est pas la première fois que le ministre de la Culture et de la Communication fustige la proposition de ses anciennes connaissances socialistes. Cet été, au micro d'Europe 1, il avait déjà qualifié de " folie " l'abrogation de l'Hadopi. Pour lui, " innover " c'est justement Hadopi et de se féliciter que l'idée soit reprise " par tout le monde ".
Hier, la Haute Autorité a d'ailleurs reçu une délégation sud-coréenne d'industriels de la culture désireuse d'en apprendre plus sur la riposte graduée et la promotion de l'offre légale à la française. La Corée du Sud a été le premier pays à mettre en place une riposte graduée.
Hadopi, un succès ?
Dans un pacte républicain intitulé " La culture : au cœur de la cohésion nationale ", l'UMP écrit que le rôle de l'Hadopi est " avant tout pédagogique ", soulignant qu'il n'y a " pas de sanction sans envoi préalable de trois avertissements ". C'est dans ce pacte que Frédéric Mitterrand a puisé sa prose puisqu'on peut y lire pour la proposition de Martine Aubry qualifiée de licence globale : " c'est promettre l'asphyxie à la création, aux artistes et aux créateurs, avec une recette largement insuffisante au regard de leurs besoins, décorrélée de l'utilisation réelle de leurs œuvres ".
La " voie française " pour lutter contre le téléchargement illégal est présentée comme un " succès ". Le pacte reprend quelques chiffres du SNEP, jusqu'à indiquer que la progression des ventes numériques de musique compense la baisse du marché physique. Un constat que le SNEP n'a toutefois dressé que pour un seul mois.
Si l'Hadopi est un tel succès comme le prétend l'UMP, alors pourquoi le malaise persiste-t-il ?
Publié le
par Jérôme G.
Journaliste GNT spécialisé en nouvelles technologies
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