Il existe aux Etats-Unis des disparités géographiques et philosophiques flagrantes : sur la Côte Ouest, les fabricants de processeurs multiplient les puces sur chaque chipset, alors qu'à l'autre bout du pays, on met moins d'unités de calcul sur chaque support, mais on les fait tourner plus vite. Qui a raison, alors '


En route vers le passé '
Ne laissez pas ce préambule humoristique vous aveugler : les trois grands fondeurs américains, Intel, AMD et IBM, ont de tous temps choisi des options différentes, et l'histoire retiendra que le premier des trois à multiplier les coeurs sur un même processeur fut IBM, avec son Power4. Il fut ensuite rejoint par Intel, puis AMD, en tir groupé, mais le précurseur est en train d'opérer un retour en arrière. Sa future génération de puces pour serveurs Power6 ne se dotera vraisemblablement pas de quadruples ou octuples coeurs, comme prévoient de le faire ses rivaux. IBM, puisque c'est de lui qu'il s'agit, va au contraire revenir aux bases : des vitesses d'horloge élevées, comprises entre 4 et 5GHz, des mémoires caches distinctes de 8Mo en niveau 2, et des taux de transfert vers la mémoire externe proches des 75Go/s.


Classique, mais à la page
La famille Power6 de puces pour serveurs devrait faire son apparition sur le marché à la mi-2007, et marquer un tournant dans la stratégie technique et commerciale de "Big Blue", mais elle n'en restera pas moins dans l'air du temps en ce qui concerne les considérations environnementales. Sa consommation électrique devrait être inférieure à celle des versions Power5, grâce à une finesse de gravure de 65 nanomètres, et à une méthode de fabrication baptisée SOI (Silicon On Insulator) dont nous vous avons déjà parlé dans ces colonnes. Le tout pourrait permettre à ces nouvelles puces de fonctionner sous des tensions inférieures à 1V, et la rendre attractive pour les entreprises soucieuses de maîtriser leur consommation électrique sans pour autant renoncer à l'emploi d'un serveur performant. Nouvelle aussi sera la stratégie consistant à relier le processeur à un contrôleur externe, qui se chargera d'ajuster en temps réel ses paramètres de performances et de consommation, en fonction de choix pré-établis d'économies d'énergie. IBM entame en ce moment même ses derniers tests, et compte commercialiser ses nouvelles puces à temps pour séduire les entreprises avant l'été 2007.