Quelques semaines après le Sommet de Tunis, qui a vu l’ICANN renforcée dans sa position dominante au sujet des noms de domaines, des voix s’élèvent pour dénoncer le manque d’efficacité de cette organisation un peu particulière.

Une étude ordonnée par le GAO (General Accounting Office), l’équivalent aux Etats-Unis de notre Cour des Comptes, note des dysfonctionnements dans l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l’organisme privé sous tutelle publique chargé d’attribuer et de gérer les noms de domaines sur Internet.

Selon cette étude, il apparaît que 2,31 millions de noms de domaines, soit 5,14% de leur nombre total, ont été enregistrés sur la foi d’informations "visiblement, voire intentionnellement fausses" (le rapport cite l'abus de numéros de téléphone ne comportant que des 9...), tandis que dans 1,6 million des cas (3,6% du total), les données fournies au moment du dépôt du nom sont incomplètes.

Ce rapport du GAO a fait réagir de nombreux parlementaires américains, dont le député Lamar Smith, qui préside le sous-comité en charge des lois, des affaires relatives à Internet et de la propriété intellectuelle. Le député républicain du Texas estime que "les acteurs économiques qui refusent de dévoiler ces données (au moment de leur inscription) ont plus que vraisemblablement des intentions frauduleuses." Et de conclure que l'ICANN a failli dans sa mission de surveillance et de contrôle.

Il faut dire que la montée en puissance des arnaques en tous genres sur Internet, combinée à la croissance des courriers électroniques non sollicités (le fameux spam) ont encouragé le Congrès à mener sa petite enquête. Dans la plupart des cas, les cyber-pirates usent de moyens inavouables pour duper le public, et se procurer des données personnelles sensibles (numéros de cartes bancaires, mots de passe permettant l'accès à des sites sécurisés, etc…). Selon une étude commanditée par Time Warner, près de 25% des internautes auraient, à un moment où à un autre, été victimes de tentatives—souvent réussies—de harponnage, ou de hameçonnage (le non moins célèbre phishing).

Le GAO ajoute que désormais, l'ICANN exige de ses mandataires, les registrars, qu'ils enquêtent plus profondément avant d'avaliser les candidatures qui leur sont soumises, tandis que l'organisation elle-même s'attache à parfaire ses procédures.

Dans le passé, déjà, l'ICANN avait fait l'objet de vives critiques à propos des mêmes sujets. Il y a trois ans, une étude montrait qu'elle se contentait d'encourager, sans les imposer, les vérifications auprès de ses mandataires, tels que VeriSign ou Go Daddy. A l'époque déjà, le rapport alors rendu public enjoignait l'ICANN de revoir sa copie.

En vain, apparemment…
Source : CNET News