Une fois de plus, le domaine réservé sur Internet aux contenus pour adultes voit son baptème repoussé aux calendes grecques. Et l'ICANN perd encore un peu de sa crédibilité...

Pour la enième fois, le projet de créer sur Internet un nom de domaine destiné aux contenus pour adultes (pornographie, film violents, sites de rencontres un peu spéciaux, etc...), affublé d'un suffixe en ".xxx", semble s'éloigner, écornant au passage la réputation de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), cette organisation sous mandat du Département américain du Commerce, et sensée régner sur le Web, en y coordonnant les efforts des différents acteurs. Déjà montrée du doigt l'hiver dernier, après la conclusion d'un accord au goût douteux avec le registrar VeriSign, l'organisation américaine perd encore de sa superbe, en échouant à imposer un domaine qu'elle appelait pourtant de ses voeux, et auquel elle apportait un soutien sans équivoque, sur fond de puritanisme parlementaire, outre-Atlantique.

Le résultat redouté pourrait être une fragmentation de l'Internet tel que nous le connaissons, avec en quelque sorte la création d'un ou de plusieurs Web(s) parallèle(s), qui échapperaient de fait à la tutelle de l'ICANN. Cette dernière a récemment été critiquée pour son manque d'empressement dans l'élargissement à d'autres alphabets de l'adressage sur Internet, et pour sa frilosité quant à la mise en place de ce fameux domaine en ".xxx". La pression exercée par plusieurs gouvernements (australien, et iranien, notamment) n'y est sans doute pas étrangère, mais nombreux sont ceux qui pensent que ce domaine spécifique aurait sur le contrôle parental des effets bénéfiques ; en effet, il suffirait en théorie d'interdire l'accès aux sites dont l'URL se termine par ".xxx" pour s'assurer que nos chères têtes blondes ne visitent pas les sites au contenu un peu "olé-olé".

Plus que jamais au centre de la tourmente, l'ICANN, par la voix de son Président, Paul Twomey, balaie cependant d'un revers de main l'hypothèse d'un prochain Internet parallèle, en indiquant que la mise en place physique d'un tel réseau-bis est techniquement réalisable, mais que son succès serait loin d'être assuré. La Chine a pourtant laissé entendre qu'une telle solution pourrait trouver grâce à ses yeux, mais Twomey conclue : "Ils [les Chinois ; NdA] n'ont aucun intérêt à faire sécession. Ils savent combien ils peuvent tirer bénéfice du système actuel."

Evidemment, vu comme ça...



Source : MSNBC