On l'a souvent entendu, Internet, et plus généralement les nouvelles technologies, est la cause de la suppression de vie sociale pour ses utilisateurs. La plupart des gens pense qu'il existe encore des " no-life ", des passionnés se refusant à voir du monde ou à communiquer.

The World Wide Web project Plusieurs exemples me font prétendre qu'il est faux de croire à leur existence. D'une part, parce que ce sont justement des passionnés qui ont fait d'Internet ce qu'il est aujourd'hui. Initialement, le Web 1.0, celui ayant suivi le réseau militaire originel, était constitué de pages statiques, mises en place justement pour partager des informations avec le monde. Déjà là, l'objectif est de s'ouvrir aux autres.

Avec le Web 2.0 qu'on qualifie de " communautaire ", cette tendance est encore accrue, puisque non seulement on transmet de l'information, mais en plus on la partage, on en discute. Grâce à Internet, on découvre de nouvelles personnes, on se trouve des idées communes, des traits de caractère similaires. On n'a jamais autant communiqué qu'avec Internet.

Très souvent, quand je rencontrais des gens sur Internet, on me disait : " Oui, mais c'est virtuel ". Au contraire : avant mon ordinateur, les kilomètres de câbles le séparant de l'ordinateur de mon destinataire, et après celui-ci, il y a deux personnes, en chair et en os, avec leur esprit, leur intelligence, leurs envies, leur parcours, deux personnes physiques et morales.

x chat Si, au départ, Internet nous a permis de nous rencontrer, c'est aussi Internet qui, par la suite, a contribué à notre rencontre " physique " : commande de billets de train, plan de la ville, horaires des transports en commun, etc... Internet a rapproché deux personnes qui étaient éloignées de plusieurs centaines de kilomètres.

Et même ceux qu'on qualifie de " no-life " ont une vie sociale ! La plupart d'entre eux, en effet, fréquentent des zones permanentes de discussion en direct. Là encore, ces salons IRC contribuent à rencontrer de nouvelles personnes. Comment peut-on dire que rester devant son PC est anti-social ?

On pourra me rétorquer que c'est la famille qui trinque. Le temps passé devant l'ordinateur est autant de temps qui n'est pas passé avec la famille. Ce à quoi je répondrai simplement qu'on ne peut pas tous partager les mêmes centres d'intérêt. Le chef de famille pourra être intéressé par la mécanique, et passera ses journées dans son garage à bidouiller sa moto. Sa femme sera passionnée de broderie, et s'isolera pour ses réalisations. Le geek est pareil : il est passionné d'informatique, il fait de l'informatique.

Mais ce serait une vraie victoire si le père ou la mère abandonnait quelques dizaines de minutes ses propres occupations pour s'intéresser à ce que fait leur geek de progéniture. " Qu'est-ce que tu fais ? Ca consiste en quoi ? C'est difficile ? ". Le dialogue est engagé. Le PC n'est plus une barrière à la sociabilité.

La société actuelle est telle que c'est chacun pour soi. Tout le monde s'en rend compte. Presque tout le monde oublie de temps en temps le respect. Pourquoi ? Parce qu'on ne va plus vers les autres. On ne va pas spontanément vers quelqu'un, le saluant, lui demandant ce qu'il fait dans la vie, bref, on ne cherche pas à étendre ses relations. Au contraire d'Internet, qui permet cela, sans pour autant passer pour un " sans-amis ".

Pourquoi, au lieu de vouloir faire sur Internet ce que l'on fait mal dans la vie " réelle ", on ne ferait pas dans la vie réelle ce qu'on fait de bien sur Internet ?