Si vous suivez l'univers de l'impression 3D depuis plusieurs années déjà, peut-être avez-vous déjà entendu parler de Cody Wilson. Il s'agit d'un américain engagé qui s'est fait un nom dans le secteur avec sa société Defense Distributed pour avoir partagé les premiers fichiers du "Liberator", un "ghost gun" imprimé en 3D, soit une arme à feu de petit calibre qui ne dispose pas de numéro de série.

Liberator gun

Depuis cet épisode en 2012, on a ainsi vu arriver sur les forums spécialisés et plateformes dédiées des ensembles de fichiers STL permettant d'imprimer soit même des armes à feu. En marge des parties à imprimer en ABS, PETG, nylon ou polycarbonate, ces armes nécessitent certaines pièces en métal, notamment du côté du percuteur ou de certains ressorts, mais rien qui ne serait pas vendu librement dans le commerce et loin d'éveiller les soupçons quant à leur utilisation finale.

La société Dagoma, implantée à Roubaix, s'est ainsi lancée il y a quelque temps de cela dans une lutte contre la prolifération de ces armes à feu. Et s'il n'existe actuellement aucun système permettant d'empêcher physiquement une imprimante 3D de réaliser des pièces destinées à la création d'une arme, la méthode employée par Dagoma se montre assez étonnante.

Matthieu Régnier, cofondateur de Dagoma explique ainsi "Les armes fabriquées en 3D sont non seulement fonctionnelles, mais aussi intraçables et indétectables. C’est pour éviter que n’importe qui puisse télécharger des plans et fabriquer une arme en toute illégalité que nous avons lancé ''Les armes inoffensives"". C'est là toute la stratégie de Dagoma : inonder les forums et plateformes spécialisés de plans volontairement faussés : "Ils ressemblent en tout point aux vrais mais les cotes sont changées pour que les pièces des armes ne puissent pas s’emboîter". "Comme il faut entre dix et douze heures pour que l’impression se termine, on mise sur le temps perdu par l’utilisateur et son découragement".

Avec le temps, ces faux fichiers pourraient se diffuser très largement sur le Web, et il faudra du temps pour que des versions corrigées n'arrivent... avant d'être à nouveau polluées par d'autres fausses versions prétendues "corrigées" et tout aussi incapables de s'emboiter.