interdiction mobile Les radiofréquences émises par les téléphones portables augmentent-elles le risque d'apparition de cancer chez l'homme ? La question fait débat et les études, nombreuses, peinent à dégager un consensus, tant le sujet est difficile à cerner.

Si à court terme, tout danger semble être écarté ( même si des effets biologiques, aux conséquences incertaines, sont évoqués ici ou là ), une utilisation des téléphones portables sur 10 ans ou plus peut-elle augmenter le risque d'apparition de tumeurs ?

Beaucoup d'études n'ont tout simplement pas le recul nécessaire pour trancher, mais les espoirs reposent sur une grande compilation de données, baptisée Interphone, qui doit en principe permettre d'y voir plus clair et dont les résultats sont attendus en 2009.

Beaucoup espéraient que cette méta-étude ferait pencher la balance dans un camp ou l'autre. Mais il semblerait que la quantité même de données, récoltée dans treize pays, soit beaucoup plus difficile à interpréter que prévu.

Les résultats de l'étude, qui devaient être rendus publics début 2009, ne le seront plus avant l'automne 2009. D'autre part, deux conclusions apparaissent selon le mode d'interprétation des données : soit une faible augmentation du risque, soit pas de risque du tout.


De la difficulté d'interpréter des données incomplètes
Même au sein de la communauté des 37 chercheurs penchés sur la question, le débat est vif entre les partisans des deux visions. C'est toute la question de l'existence éventuelle d'effets aux faibles doses de rayonnement qui se joue ici.

Actuellement, cet effet n'est pas reconnu, et l'étude Interphone devait apporter des éléments nouveaux à ce sujet. Mais, par définition, un effet à faible dose est difficile à mettre en évidence, et de multiples causes annexes peuvent être évoquées pour expliquer une observation.

En l'absence d'un protocole rigoureux, il devient impossible de déterminer la cause précise d'un effet observé, d'où les difficultés des scientifiques à trouver un terrain d'entente. Or, une partie de la collecte d'information dans les différents pays repose sur les seuls souvenirs des patients, avec les risques d'erreur et d'imprécision que cela suggère.

Et pour Denis Zmirou, professeur de santé publique, qui a eu accès aux données préliminaires, et dont les propos sont rapportés par Le Figaro, " en supposant que l'étude mette en évidence un risque, il est de toute façon très faible. "

En l'occurrence, un risque élevé semble être écarté de facto. Existe-il malgré tout un risque faible ? Il va falloir patienter jusqu'à l'automne pour connaître le point de vue des scientifiques mais il est déjà évident qu'il faudra de nouvelles recherches pour approfondir le sujet, ce qui laisse de beaux jours au principe de précaution.

Autrement dit, la grande étude Interphone, qui devait enfin apporter des réponses à une question angoissante, pourrait ne pas permettre d'atteindre une conclusion tranchée. Mais si l'étude va plus loin dans le temps que beaucoup d'autres, elle reste insuffisante dans la durée pour évaluer l'émergence de cancers pouvant ne se développer qu'après plus de 20 ans, comme nous le rappelons régulièrement.

Source : Le Figaro