On sait que depuis quelques semaines, l’entourage de Le Pen crie au complot. D’après l’équipe de campagne du Front National, certains voudraient empêcher leur candidat de se présenter à l’élection présidentielle. D’ailleurs, Louis Aliot, secrétaire général du parti, avait assuré à nos confrères de Marianne que « dans 14 départements, de faux journalistes de la presse locale » avaient fait pression sur des maires ayant promis de donner leur parrainage à Jean-Marie Le Pen afin qu’ils retirent leur soutien.


Les Infiltrés filtrés
Or, c’est précisément cette « fuite » qui a soulevé la psychose de la taupe au sein des bureaux de campagne du FN. Car en cette période de recueil des précieux paraphes, tout le monde ou presque est sur les nerfs. Afin de tirer cette affaire au clair, Le Pen a porté plainte auprès du Parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour « vol de fichier informatique ».

L’évidente tournure judiciaire – et médiatique – qu’a prise cette affaire a amené des experts en réseaux de la police judiciaire à entreprendre une enquête approfondie. De cette investigation, il apparaît que l'ordinateur qui contient la liste des maires ayant promis leur signature à Jean-Marie Le Pen a bien été « visité ». Cette opération de hacking aurait eu lieu depuis un autre poste informatique situés au siège du Front national, le « paquebot », à Saint-Cloud.

Le modus operandi est d’une confondante simplicité, les 2 ordinateurs étant connectés au même réseau. Les enquêteurs ont isolé un poste du pôle communication. Ils ont tout de suite repéré le téléchargement suspect d’un programme permettant de casser des codes d’accès sécurisés. Or, cette opération a été immédiatement suivie d’une tentative de connexion aux 2 ordinateurs susmentionnés. Ordinateurs de la cellule de « phoning » qui renferment le fichier ultrasensible des promesses des maires.

Etant donné que 2 personnes seulement avaient accès à ces postes, la piste se faisait de plus en plus précise. Fait encore plus troublant : il se trouve que l’utilisateur habituel du poste incriminé avait été soupçonné, un an auparavant, de vouloir rejoindre les rangs de Philippe de Villiers. Placé en garde à vue, il a été rapidement remis en liberté puisque son alibi était crédible : il n’était pas physiquement présent au moment de l’intrusion.


Une campagne hollywoodienne '
Récemment, Jean-Marie Le Pen a assuré sur France Inter, disposer de 500 promesses de parrainages, mais s'est encore plaint des pressions faites aux élus qui le soutiennent. « Il faut maintenant transformer (ndlr. les promesses de signatures) en documents officiels et là on souffre de quelques abandons sur le parcours. » Pourtant, selon Louis Aliot, il manquerait encore une centaine de signatures. Elus de gauche et de droite sont partagés sur l'affaire. Certains soulignent que l'absence de Jean-Marie Le Pen au scrutin susciterait une crise politique et ont encouragé implicitement aux parrainages, déclarant qu'une signature ne valait pas soutien. D'autres estiment que Jean-Marie Le Pen a déjà ses signatures et a inventé l'affaire pour se poser en victime. Verdict le 16 mars, au Conseil constitutionnel.