L'agence de sécurité nationale américaine aurait rassemblé des données provenant de compagnies du téléphone telles que AT&T, Verizon et BellSouth, et regroupant les appels téléphoniques intérieurs de dizaines de millions d'Américains.


Grandes oreilles*

Cela ne signifie pas que la NSA a réellement écouté le contenu des appels téléphoniques, ont indiqué des sources proches du renseignement, mais l'affaire fait déjà grand bruit outre-Atlantique. Les listes d'appels, fournies par les compagnies susmentionnées, regroupent des appels passé à l'intérieur des Etats-Unis, un fait que l'administration de Bush a toujours nié. Lorsque cette pratique a été évoquée pour la première fois, en décembre dernier, la Maison Blanche soutenait que seuls des appels internationaux avaient fait l'objet d'un examen quelconque. Mais cette dernière révélation semble indiquer que ce n'est pas le cas.

Autre point noir, la récente proposition de nomination du général de l'US Air Force Michael Hayden à la tête de la CIA : Hayden a dirigé la NSA de mars 1999 à avril 2005, et ne pouvait donc ignorer l'existence un tel programme... La confirmation de sa nomination par le Sénat pourrait poser plus de problèmes que ne le souhaiterait l'administration Bush, d'autant que nombreuses sont les voix, tant chez les républicains que chez les démocrates, à s'opposer à sa confirmation.


La langue bien pendue**
Selon certains membres de la NSA, qui ont donné leur sentiment à condition de rester anonymes, l'objectif était de constituer une base de données des appels passés, de déceler des tendances, et de mieux lutter contre le terrorisme, ce grand passe-partout lorsqu'il s'agit d'écorner les libertés individuelles aux Etats-Unis. Les mêmes sources indiquent que le programme a pris une ampleur bien supérieure à ce qu'a reconnu l'administration. Certains commencent même à penser que le président Bush peut avoir intentionnellement trompé le pays, même si une amorce de consensus existe quant au fait qu'il a sans doute simplement été mal informé : le mandat de la NSA prévoyait en effet que seules les communications passées vers des destinations extérieures aux Etats-Unis pouvaient faire l'objet d'une surveillance.

La Maison Blanche se refuse pour l'instant à tout commentaire. Tout au plus devrait-elle faire remarquer que la lutte contre le le terrorisme a donné lieu à des initiatives similaires dans d'autres pays--dont la France--, sans soulever la moindre objection. Il convient enfin de noter qu'une compagnie téléphonique, Qwest, a refusé de prodiguer à l'agence de renseignement américaine ses listings d'appels intérieurs, arguant que seule une commission rogatoire pourrait l'y obliger.

Aux dernières nouvelles, ladite commission rogatoire n'a jamais été délivrée, ni même demandée par la NSA...



* et ** : selon une expression hispanique, on désigne les individus qui s'intéressent d'un peu trop près à ce qui ne les regarde pas en disant d'eux qu'ils ont "la mala lengua, y las orejas grandes". Autrement dit, la langue bien pendue et de grandes oreilles...



Source : BetaNews