Les associations de grandes compagnies audio-visuelles américaines préparent de nouvelles actions.

La RIAA (Recording Industry Association of America) et la MPAA (Motion Picture Association of America) s'apprêtent à lancer de nouvelles actions aux Etats-Unis, dans le but de verrouiller toute tentative de copie d'un contenu protégé. L'idée est d'exploiter un précédent juridique connu outre-Atlantique sous le nom de "faille analogique" (Wiki en anglais), et qui a généré nombre de jeux de mots plus ou moins pertinents en son temps.

En 1976, une loi fédérale instituait une protection de fait à l'égard de tous les programmes diffusés à la télévision. En 2002-2003, la RIAA et la MPAA ont tenté de réduire les possibilités offertes aux consommateurs d'enregistrer un contenu analogique (une émission de télévision, par exemple) sur un support digital (comme un DVD), soutenues qu'elles étaient par les fabricants d'appareils d'enregistrement, qui y voyaient un bon moyen de contrôler le marché. L'affaire a traîné en longueur, notamment du fait de l'opposition judiciaire de diverses associations de consommateurs.

Depuis, des méthodes sont apparues pour décourager ceux qui souhaitaient enregistrer leur émission préféré, notamment en altérant le signal de manière à ce qu'une fois gravé, il perde de sa qualité originelle. D'autres encore installent tout simplement sur les PC --et autres appareils-- des consommateurs des programmes de surveillance, comme l'illustre une de nos plus récentes news.

Aujourd'hui, l'intention de la RIAA et de la MPAA va encore plus loin, et se révèle encore plus insidieuse: conscientes de la mauvaise presse faite autour des derniers procès en date intentés à quelques internautes peu avertis, les majors changent leur fusil d'épaules, et disent en substance "d'accord, vous pouvez regarder ce que vous voulez, autant de fois que vous le voulez, mais seulement une fois que nous vous aurons donné l'autorisation de le faire"...

Un journaliste américain a comparé toute l'affaire à une minuscule pancarte affichée quelque part dans un magasin, et déclarant que le patron de la boutique se réserve le droit de vous mettre son poing dans la figure; quand cela se produit, ledit patron peut arguer qu'en entrant dans son échoppe, vous aviez tacitement admis le règlement interne, et acceptiez les risques encourus...

Sur un plan strictement pratique, si une loi conforme au souhait de la RIAA et de la MPAA venait à être votée, il deviendrait purement et simplement interdit de convertir au format MPEG quelque programme télévisé que ce soit. En poussant le bouchon un peu --à peine-- plus loin, profiter des dernières fonctions proposées par les appareils modernes d'enregistrement digital (mise en pause, avance rapide pour "sauter" la publicité, etc...) deviendrait soit illégal, soit carrément impossible, puisqu'elles altèrent le format original du programme.

On le voit, l'affaire est loin d'être close, et cette loi n'a pas encore été ne serait-ce qu'ébauchée par le pouvoir législatif américain, mais connaissant les liens étroits qui unissent l'actuelle administration Bush aux professionnels de l'audio-visuel outre-Atlantique, et sachant qu'il reste à l'actuel président deux ans à la Maison Blanche, on peut craindre le pire.

Seule chance d'y échapper: une modification sensible de la composition du Sénat américain à l'issue des élections de mi-mandat, l'an prochain. On croise les doigts...


Source : Slashdot