Le Département d'Etat américain a récemment fait savoir qu'il allait acheter 16.000 PC au fabricant chinois Lenovo, et certains parlementaires s'en sont émus. La confiance ne règne visiblement pas, et la diplomatie américaine fait savoir que ces ordinateurs ne seront pas employés dans le traitement de données sensibles.

"In God, we trust. The others, we monitor..."*

Sans mauvais jeu de mots, on pourrait dire que les PC chinois signés Lenovo seront cantonnés aux tâches subalternes, et ce en réponse au brouhaha déclenché dans les couloirs du Capitole par l'acquisition de 16.000 PC Lenovo par le Département d'Etat américain, l'équivalent de notre Ministère des Affaires Etrangères. Le contrat de 13 millions de dollars US avait été présenté comme une tentative de rationnaliser les approvisionnements de l'administration américaine, accusée de dépenser sans compter l'argent du contribuable. Apprendre que la diplomatie américaine allait se fournir chez ce grand concurrent, politique et commercial, qu'est la Chine, est une pilule difficile à avaler pour certains parlementaires, dont le Représentant (Député) républicain Frank Wolf, de Virginie, qui siège à la commission de surveillance des dépenses du Département d'Etat. Mr Wolf s'est rendu compte qu'au moins 900 des PC en question seraient bien employés au traitement de données sensibles, tant aux Etats-Unis que dans leurs ambassades à travers le monde.

Méfiance légitime, ou rigidité intellectuelle '

Chez Lenovo, on assure que les matériels livrés au Département d'Etat seront dépourvus de tout dispositif de surveillance, matériel ou logiciel, mais les objections fusent, et la paranoïa ambiante, après les attentats du 11 septembre 2001, ne contribue pas à apaiser le débat, pas plus que le fait qu'une bonne partie du capital de Lenovo soit détenu par l'Académie chinoise des Sciences, émanation directe du pouvoir de Pékin. Karl Wolf ne s'est jamais privé, par le passé, de critiquer les liens économiques et commerciaux que les Etats-Unis entretiennent avec la Chine communiste.

Le marché conclu avec Lenovo est cependant passé par les canaux habituels--et onéreux--de l'administration américaine, puisque les PC transiteront par un fournisseur agréé, CDW, avant d'être livrés à leurs destinataires. Les matériels en question, selon Lenovo, auront été assemblés au Mexique et aux Etats-Unis à l'aide de composants en provenance, pour la plupart, de Taïwan, qui est un peu aussi la Chine, mais pas tout à fait non plus...

* "Nous croyons en Dieu, mais nous surveillons tous les mortels..." est une célèbre formule d'une non moins célèbre agence de renseignement américaine.

Source : InformationWeek