Tribune libre proposée par Lam Son Nguyen, Expert Internet - Intel Security

Un double enjeu : la circulation des données et la protection des internautes
Ce qu’il faut aujourd’hui comprendre en matière d’authentification, c’est que les mots de passe perdureront, sous une forme ou une autre. Car même s’ils représentent un casse-tête certain pour les internautes, ils n’en demeurent pas moins aujourd’hui la méthode la plus usuelle pour vérifier l’identité d’un utilisateur. 

Les bénéfices de la protection garantis par les mots de passe sont souvent compromis par le mauvais usage qu’en font les internautes et tout individu qui surfe sur le Net aujourd’hui doit mesurer les risques encourus en cas de partage de données personnelles et privées (numéros de carte bancaire, adresse, date de naissance, etc.). Il est par exemple coupable d’utiliser un mot de passe unique pour sécuriser tous ses comptes Internet. 

Les internautes et leur comportement sur le web sont au cœur de l’intérêt des hackers, et la défiance doit à la fois porter sur la manière dont ils emploient leurs mots de passe mais également sur les politiques de sécurité de certains sites. Ces dernières se révèlent souvent insuffisantes et les exposent à un vol de mots de passe et/ou de données personnelles. Le grand public doit avoir conscience que les mots de passe, tout comme les données, sont aujourd’hui de plus en plus exposés à cette cybercriminalité. A l’image d’un effet domino, le vol d’une donnée peut déposséder entièrement un individu de son identité numérique. Les pirates informatiques l’ont bien compris et ont développé une véritable économie parallèle, le Dark Web, basée sur la revente de données personnelles. A titre d’exemple, un code de carte bancaire se monnaie entre 20 et 40 € sur le marché noir européen.


Prévenir le cyber-crime
Il existe des actions simples et ludiques à mettre en place par les internautes pour leur assurer un premier niveau de sécurité renforcé quant à l’utilisation de leurs mots de passe. 

  • Se creuser la tête pour privilégier des mots de passe compliqués, voire une phrase complète, plus difficiles à cracker par les pirates informatiques.
  • Garder les yeux ouverts et rester vigilants aux alertes que le système d’exploitation peut adresser et modifier les codes d’accès sans tarder.
  • Adopter la méthode du ‘1 pour 1’, c’est-à-dire ‘1 site = 1 mot de passe’ pour plus de sûreté. Inutile d’opter pour la technique de l’incrémentation. L’ajout d’un chiffre ou d’une lettre au mot de passe ne suffira pas à en garantir la sécurité.
  • Favoriser l’usage d’un générateur de mot de passe complexe pour gagner du temps et bénéficier de plus de sécurité en ligne.
  • Jouer la différence. Et si l’individu devenait l’un des composants de son propre mot de passe avec l’identification biométrique (digitale ou faciale), tout en combinant une méthode plus traditionnelle ?

Au-delà de ce que peut prévoir un cadre réglementaire, il est des mesures qui ne peuvent être menées qu’à titre individuel. Les outils d’identification, même s’ils peuvent paraître une contrainte pour les internautes, ne sont pas là pour compliquer leur expérience digitale, mais bien pour la sécuriser et la renforcer. Il n’appartient qu’à eux de se laisser guider et de faire confiance à la technologie.