Le long feuilleton du projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure ( Loppsi 2 ) est de retour cette semaine à l'Assemblée nationale pour deuxième lecture. Sur le plan du numérique et de l'Internet, un point concerne la lutte contre les sites pédopornographiques qui est mise en avant afin de légitimer du filtrage.

En première lecture, les députés avaient voté le recours à l'autorité judiciaire afin de chapeauter ce finalement blocage de certains sites. Passé entre les mains des sénateurs, ce recours au juge a été supprimé. Mercredi, l'Assemblée nationale a suivi la sagesse supposée du Sénat. Ce sera donc un arrêté du ministère de l'Intérieur qui indiquera aux FAI les sites à bloquer.

La mesure est très décriée par plusieurs associations pour qui la boîte de pandore a été ouverte. Avec pour alibi la lutte contre la pédopornographie sur Internet, elles craignent que la mesure ne débouche sur un " filtrage généralisé de l'Internet ", d'autant plus sans le contrôle de l'autorité judiciaire. Certaines associations de protection de l'enfance estiment par ailleurs que la mesure ne sera pas efficace.

Une autre crainte est de favoriser ainsi un cryptage généralisé des données, un effet de bord également redouté avec Hadopi.

Opposé à cette mesure, le député UMP Lionel Tardy a déclaré au cours des débats :

" Sur ce problème de la pédopornographie, nous devons bien avoir en tête le fait que nous avons affaire à un public particulier, à une communauté particulière. […] Nous rencontrons un peu les mêmes difficultés qu'avec la loi Hadopi sur le téléchargement illégal. […] Les professionnels du téléchargement rigolent parce qu'il leur suffit de mettre en place un réseau privé virtuel pour se connecter sur un serveur à l'étranger et continuer à télécharger comme si de rien n'était.

Nous avons affaire au même public. Les amateurs de pédopornographie représentent un public particulier - on ne tombe pas sur ces sites par hasard - tout comme les utilisateurs avertis dans le cadre de la loi Hadopi. Pour ces gens-là, la loi Hadopi ne sert strictement à rien.

Voulons-nous un cryptage généralisé d'Internet pour lutter contre ces gens-là, cette population particulière ? [...] Les policiers expliquent que si nous en arrivons à un cryptage généralisé d'Internet, nous ne pourrons plus voir ce qui se passe. Ce sera encore pire, notamment en ce qui concerne le terrorisme et tout ce qui circule sur le Net.
"