Pas question ainsi pour les experts de Booz & Co de continuer à rejeter la chute des marges sur les forfaits mobiles à l'arrivée de Free Mobile sur le marché. Pour les analystes, la situation est complexe à l'échelle internationale, le chiffre d'affaires du secteur ayant augmenté péniblement de 0,3 % l'année dernière avec 1848 milliards de dollars.

Antenne Free Mobile  Si l'Europe affiche un recul de 2,3 % ( compensée à l'échelle mondiale par une hausse de 2,8 % en Amérique du Nord ), c'est que le marché est entré dans une phase transitoire : " Les opérateurs se trouvent face à une alternative, innover ou mourir, ou du moins perdre leur pertinence, leur utilité." Indique ainsi Pierre Péladeau.

Une transition marquée par le déploiement de la 4G, qui implique des investissements importants, et qui paradoxalement pourrait ne pas être si rentable puisque les opérateurs ont actuellement beaucoup de mal à monétiser le trafic des données.

En France, si la consommation moyenne de données a été multipliée par sept en 5 ans, passant de 700 Mo à 5 Go par mois, la course au tout illimité chez les opérateurs et l'orientation vers le "fair use" se présente comme un obstacle à la rentabilité. En outre, les abonnés affluent plus vite que les réseaux ne se déploient et des phénomènes de congestion apparaissent, relançant un peu plus la nécessité des investissements dans de nouvelles structures.

L'enjeu pour les opérateurs est donc actuellement de réussir à faire payer le prix " juste " au consommateur, habitué jusqu'ici à payer le moins possible pour une qualité de service qui est limitée par l'aspect technique. En outre, la mutualisation des réseaux permettrait aux opérateurs de diminuer leurs couts, mais l'option ne pourra pas à elle seule relancer le marché et la rentabilité des opérateurs.

Pour ce faire, ils devront trouver de nouvelles sources de revenus, et éventuellement réviser leurs grilles tarifaires pour en revenir à une modulation en fonction du débit proposé ou du volume consommé. En outre, ils pourraient également tenter de faire participer les fournisseurs de contenus comme YouTube ou Netflix, ce que Free tente de réaliser avec Orange depuis plusieurs années avec Google sur l'Internet fixe sans réel succès..

La situation se veut d'autant plus urgente que l'on assiste à une véritable explosion des objets connectés , un véritable challenge pour les opérateurs qui devraient avoir du mal à profiter réellement de cette situation, mais qui devront répondre aux besoins des consommateurs. En outre, des partenariats pourraient toutefois naitre entre certains fabricants, opérateurs et diffuseurs de contenu pour proposer des options illimitées et non bridées à certains services ( stockage Cloud, vidéo en illimité).

Néanmoins, selon le cabinet, "la valeur est captée par les fournisseurs de matériels, tels que Samsung ou Nest, mais à terme 80% de la valeur risquent de revenir aux fournisseurs de services d'information et d'analyse des données d'usages et des capteurs". Dans cette optique, les opérateurs auront tout intérêt à tenter d'absorber des startups et de proposer directement leurs propres solutions matérielles.
" Les opérateurs sont de grands groupes qui ne savent pas intégrer les startups, ils ont plutôt tendance à les étouffer, c'est un problème culturel."

La prochaine bataille dans les télécoms pourrait ainsi ne plus se focaliser sur le prix des forfaits pour assurer la survie des opérateurs, mais sur l'innovation et la proposition de solutions complètes de connexion alliant matériel et services.

Source : La Tribune