C'est une confession qui va à contre-courant de ce que l'on entend habituellement de la bouche des cinéastes et artistes, Michel Gondry n'a pas hésité à plaider en faveur du piratage de ses oeuvres lors d'une interview avec le journal 20 Minutes.

piratage   Loin des stéréotypes du piratage qui met au chômage tout un secteur, participe activement à la fonte des glaces et tue des milliers de bébés phoques, le cinéaste relativise le sujet et annonce une forme d'acceptation du piratage de ses oeuvres.

Le réalisateur d' Eternal Sunshine of the Spotless Mind indique ainsi " Je pense qu'il y a des crimes plus graves que de pirater ! Je préfère que mes films, comme Conversation avec Noam Chomsky, soient piratés plutôt que pas vus du tout ! "

Acceptation, mais pas encouragement pour autant : le réalisateur insiste sur le décalage qu'il y a aujourd'hui dans différents systèmes de lois, avec des sanctions démesurées pour les actes de piratage alors que d'autres crimes paraissent subir un traitement plus léger. Sa position se rapproche ainsi de Mathieu Kassovitz qui critique ouvertement HADOPI, ou de Jeff Bewekes, le patron de la Time Warner qui évoque le piratage massif de la série Game of Thrones comme une forme de reconnaissance du public.

On assiste actuellement à une véritable modification du milieu du cinéma, avec la création de plusieurs mouvements entre les acteurs du secteur n'étant pas opposés au piratage et qui souhaitent le contrer en proposant des solutions innovantes, et ceux qui souhaitent en rester aux méthodes traditionnelles et miser sur la répression.

Face à un piratage qui évolue de manière constante, entre les divers protocoles de chiffrement des échanges, multiplications des plateformes et supports de téléchargement, avènement du streaming et contournement des lois, le milieu du cinéma se doit d'évoluer à son tour pour accepter ou mieux encadrer le piratage avec des solutions allant au-delà de la simple répression, dont les diverses tentatives ont prouvé leurs limites au fil des années.

Michel Gondry ne s'annonce également pas séduit par les offres légales proposées à l'heure actuelle : " Pour ma part, je n'achète que légalement et je me fais souvent avoir. Je viens de me faire débiter ma carte de crédit trois fois par le site d'Arte sans pouvoir récupérer le programme que je voulais voir."

Pourtant, c'est peut-être par ici qu'il faudra creuser pour faire changer les choses. Le secteur de la musique commence à prendre conscience des bénéfices des offres légales proposées dans des conditions avantageuses. Les plateformes de streaming comme Deezer ou Spotify ont résolument changé les habitudes des utilisateurs et se présentent comme l'alternative au piratage que beaucoup attendaient en proposant des accès illimités aux contenus à des prix suffisamment bas pour décourager toute forme (ou presque) de piratage.

À quand donc un Netflix proposant un catalogue digne de celui des plateformes musicales, avec des sorties de film plus proches de celles des sorties en salles ? Ce n'est pas pour demain, à en croire les différents rappels du gouvernement sur la chronologie des médias...

[Photo DR Reviewer.fr]

Source : 20 Minutes