La chasse au bogue se poursuit dans le développement de Windows Vista, qui succèdera à Windows XP en fin d'année. Il semble que les choses progressent lentement, cependant...


Sous le bogue... la châtaigne '
Un développeur du nom de Robert McLaws s'est chargé de dresser un tableau des bogues (imperfections) non encore élucidés sur Windows Vista, le futur système d'exploitation de Microsoft, et ses comptes sont sans appel : au 3 juillet dernier, étaient recensés 27.479 bogues, dont 5.743 encore qualifiés par les bêta-testeurs (et par Microsoft) d'ouverts, ce qui signifie qu'ils n'ont pas encore trouvé de solution. Le reste, soit tout de même 80%, est considéré comme "résolu", ce qui tend à prouver que Microsoft a pris la mesure des problèmes qui ont affecté les premiers stades du développement de Vista. Mieux encore, seuls 250 bogues vieux de plus de deux mois subsistent.

McLaws admet qu'il dispose de données fragmentaires, en ce sens que certains doublons ne lui sont pas toujours renvoyés. De même, il semble que Microsoft ait établi une frontière ténue entre les bogues "résolus" (pour lesquels une solution a été trouvée) et ceux que l'on qualifie de "fermés" (que l'on n'est pas parvenu à reproduire), entraînant au passage une baisse sensible du nombre de solutions s'adressant à des imperfections susceptibles de gêner l'utilisateur final. A ce jour, seuls 1.000 de ces bogues ont véritablement trouvé à qui parler. Les autres sont encore en cours d'évaluation.


Force de réaction rapide
Autre nombre intéressant : celui des bogues soulevés par les bêta-testeurs dans les vingt-quatre heures qui suivent la sortie d'une nouvelle version d'évaluation. En moyenne, il s'établit à 200, mais le nombre global a tendance à augmenter au fur et à mesure de la publication des versions bêta, ce qui ne semble guère encourageant, jusqu'à ce que l'on se souvienne que la dernière bêta en date a été plus largement ouverte au public que ses prédécesseurs. Il est donc logique que davantages de bogues (certains déjà recensés, d'autres imaginaires) soient mentionnés.

Joe Wilcox, de Jupiter Research, a une opinion plus tranchée sur la question. Pour lui, plus de 20.000 bogues dans un programme, fût-il un système d'exploitation, c'est beaucoup. Il se demande aussi si les nouveautés que Vista introduit dans son fonctionnement par rapport à Windows XP n'ont pas conduit certains utilisateurs novices à rapporter comme étant des bogues de simples changements dans la politique de sécurité du système. Avec Windows XP, on pouvait lancer à peu près tous les programmes que l'on voulait en mode Administrateur ; avec Vista et son UAC (User Account Control), il faut des pouvoirs proches du Super-Administrateur que les afficionados de Linux connaissent bien pour exécuter certaines tâches. L'utilisateur de Windows XP qui s'essaye à Vista pourra dès lors rapporter comme un dysfonctionnement une simple caractéristique de sécurité du nouveau système.


Erreur tactique '
Wilcox se demande surtout si l'intégration, moyenne à ses yeux, d'Internet Explorer 7+ (la version spécifique à Vista d'IE 7), la pauvreté du nombre de pilotes logiciels et matériels déjà adaptés à Vista, et les changements apportés au noyau de Windows ne sont finalement pas les principaux responsables de tous les bogues rapportés à ce jour. En ordonnant une réécriture quasi-complète du code-source de son nouveau système d'exploitation, Bill Gates, il y a un an et demi, n'a pas vraiment fait de cadeau à ses développeurs.

Joe Wilcox s'inquiète enfin de la manière dont Microsoft va gérer cet afflux de rapports d'erreurs. Par le passé, l'éditeur de Redmond a parfois reporté l'examen de certains bogues, en raison du fait qu'ils étaient trop anciens, et remettrait en question le planning de lancement commercial d'un nouveau produit. Les récents aménagements apportés au calendrier de commercialisation d'Office 2007 et de Windows Vista semblent accréditer cette thèse.

A moins que Microsoft ne pousse l'argument à son avantage, et s'en serve pour justifier un enième report de lancement de son futur vaisseau-amiral.

Les paris sont ouverts...