La lutte contre le terrorisme, à la suite des événements du 11 septembre 2011, a servi d'argument-massue pour justifier les pratiques de collecte massive d'informations de la NSA (National Security Agency), dans un cadre légal dont il s'avère qu'il a été régulièrement débordé.

NSA  Si la prévention des actes terroristes reste vraisemblablement la motivation première des nombreux programmes mis en place pour recueillir des informations à la source, dans les équipements télécoms, et jusque dans les téléphones et ordinateurs des utilisateurs , certains observateurs ont noté le peu d'efficacité de ces collectes dans les procès récents pour prévention ou acte de terrorisme aux Etats-Unis, dans lesquels par exemple les données recueillies via la NSA dans les téléphones portables ont joué un rôle minime par rapport aux méthodes d'investigation classiques.

Et nombreux sont ceux qui se demandent depuis le début des révélations si une partie des informations recueillies ne sert pas à alimenter tout simplement l'espionnage industriel. Cette hypothèse implicite avait été rapidement désamorcée, plus encore quand il s'était avéré que la NSA n'hésitait pas à récupérer des informations jusque chez ses amis et alliés si nécessaire, mais elle ne pourra être indéfiniment écartée, au nom d'une loyauté qui ne tient pas devant les intérêts nationaux.

snowden-1  Dans un entretien à la télévision allemande ARD, Edward Snowden, à l'origine des documents expliquant les méthodes de la NSA, ne fait pas mystère du fait que si les informations collectées contiennent des informations ne relevant pas de la sécurité nationale mais d'un enjeu économique, elles seront récupérées quand même. Que deviennent-elles ensuite ? Qui en profite ? Le circuit n'est pas détaillé mais il serait naïf de croire que les services de renseignement ferment les yeux sur de telles informations.

De là même à penser que la lutte contre le terrorisme n'est que le prétexte ou la couverture pour un espionnage industriel généralisé, il n'y a qu'un pas que certains n'attendent sans doute que de franchir une fois que suffisamment de sources et documents l'auront confirmé.

Même s'il affirme ne plus être en possession de documents de la NSA, tous remis à des journalistes, Edward Snowden ne croit pas à un procès équitable s'il revient aux Etats-Unis et dit même craindre pour sa vie.

Source : Le Monde