Telephonebleu Comme nous vous le disions il y a quelques mois, la formule " Le 12 est mort, vive le 118 ! " était bien vite dite.

L'association de consommateurs CLCV ( Consommation Logement et Cadre de Vie ), qui avait alors testé 11 services de renseignements en 118, déplorait une qualité de service loin d'être exemplaire et une grille tarifaire peu claire et surtout élevée, chose qu'a d'ailleurs confirmée Jean-François Poitut - dont nous relations une interview ici -, de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir : " Il fallait s'y attendre. Les tarifs sont tellement opaques et globalement plus élevés que le 12 que cela ne pouvait que dissuader les consommateurs. "


Un échec cuisant
Les points cités au-dessus ne sont pas les seuls à n'avoir pas favorisé le développement des numéros en 118. Le nombre important de ses services - 28 actuellement - qui rend le choix difficile, les numéros moins simples à retenir que le " 12 ", une affaire judiciaire mettant en cause le service 118 218 et le matraquage publicitaire des sociétés n'ont sans doute pas encouragé les consommateurs à se tourner vers les nouveaux numéros en 118.

Ainsi, en moyenne, seuls 4 numéros auraient finalement été retenus. De plus, selon les premières estimations dont nous disposons, 30% des consommateurs n'appellent même plus les renseignements.


Logo pagesjaunes Les PagesJaunes n'y échappent pas
Nous aurions pu penser que le numéro 118 008 des PagesJaunes, évoquant France Télécom par son appartenance au groupe - bientôt à mettre au passé - et rappelant ainsi plus le 12, aurait pu y échapper. Et bien, même pas !

Le bilan n'est en effet guère glorieux
:
  • 80 à 120 millions d'appels en moins ( par rapport à 2004, année de référence )
  • 30 à 45% de chiffre d'affaires en moins ( 2004 )
  • 1% du chiffre d'affaires total du premier semestre, soit 5,2 millions d'euros, alors que le service 118 008 représente à lui seul 80% des investissements publicitaires de la filiale PagesJaunes.

Michel Datchary, directeur général des PagesJaunes déclare que " ce marché s'est complètement affaissé à l'ouverture de ces services " et continue en disant que " la concurrence en matière d'investissements publicitaires a été beaucoup plus violente ( ndlr : qu'au Royaume-Uni lors de la fin du monopole en août 2003, qui avait entraîné, en quelques mois, 45% d'appels en moins ) et semble avoir eu un effet sur le comportement des Français ".


Le Numéro n'y voit rien d'étonnant et Telegate reste confiant

Selon Bruno Massiet du Biest, directeur général du 118 218 ( Le Numéro ) : " C'est tout à fait logique. Avant la fermeture du 12 le 3 avril, il y avait déjà une érosion du marché ( ndlr : 25 à 30% d'appels en moins selon lui ). C'est une tendance historique, parce que les gens utilisent plus internet, mais ce qui ne nous a pas aidé, c'est qu'on n'a pas eu une image très positive dans les médias, qui ont insisté sur la confusion, l'impression que les nouveaux services étaient plus chers et de moins bonne qualité. "

Charles Tonlorenzi, président du 118 000 ( Telegate ), indique que " dans la plupart des pays, il y a d'abord eu une phase de baisse, puis une stabilisation et c'est reparti à la hausse ".


La récente étude de TNS Media Intelligence :
Les trois plus gros investissements publicitaires pour les 118 :
  • Le Numéro ( 118 218 ) : 69,8 millions d'euros
  • PagesJaunes ( 118 008 ) : 45,2 millions d'euros
  • Telegate ( 118 000 ) : 39,5 millions d'euros
  • Total des investissements publicitaires pour le secteur : 261,1 millions d'euros

Des investissements pour rien '
  • 77% des consommateurs ont indiqué préférer les annuaires papier
  • 50% ont déclaré préférer utiliser Internet
  • 85% ont indiqué n'avoir jamais utilisé ces services au cours des deux derniers mois ( l'étude a été publiée en juillet )


Nous en viendrions presque à regretter l'historique numéro 12, mais il fait désormais partie du passé. Il faudra donc faire avec, en espérant un mieux avec le temps, sous la pression de l'ARCEP ( Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes ) peut-être. Quoique la Commission européenne voulant une pression moins forte de la part des régulateurs nationaux en matière de télécommunications...