S'agit-il d'une tentative d'intimidation vis-à-vis de l'ARCEP ou de l'autorité de la concurrence ? À l'occasion de l'annonce des résultats annuels d'Orange, son PDG a évoqué un possible effet néfaste sur l'emploi si les négociations avec Bouygues Telecom n'aboutissaient pas en sa faveur.

Stéphane Richard milite depuis plusieurs années pour le retour d'un marché du mobile à trois opérateurs, la seule configuration viable selon lui, mais aussi selon certains ministres. De fait, les négociations entamées avec Bouygyues pour le rachat de sa partie mobile se présentent comme l'opportunité pour Orange de faire disparaitre un de ses plus gros concurrents tout en s'agrandissant à moindres frais, mais surtout dans un temps record lui permettant de rester en accord avec ses engagements tant sur la question du déploiement géographique que de la couverture de la population.

stephane richard

Après les arguments portant sur les bienfaits d'un retour à trois acteurs, Stéphane Richard bascule sur les dangers de la situation actuelle et surtout sur les risques encourus par l'échec des négociations :

« S'il n'y a pas de consolidation, oui, je considère en effet qu'il y a des risques pour l'ensemble de la filière, et notamment sur le plan social. Depuis deux ans, on a quand même eu pas mal de réductions d'effectifs, notamment chez Bouygues Telecom. Qui peut certifier qu'il n'y en aura pas d'autres à l'avenir ? »

Un point de vue partagé par les syndicats qui s'inquiètent de ce nouveau tournant qui s'annonce. Mais pour Orange, il s'agit également de l'occasion rêvée de faire pression sur les décisionnaires, notamment l'état, afin de leur faire réviser leurs désidératas et obtenir une situation plus confortable que l'équilibre du marché imposé par l'autorité de la concurrence. En d'autres termes, Orange pourrait tenter de présenter un plan de rachat très avantageux pour elle, tout en ne laissant que des miettes à Free et SFR, tout en soulignant la menace des plans sociaux en cas d'invalidation de l'offre par les autorités.

L'objectif pourrait également être tout autre, puisque le rachat de Bouygues permettrait également de stabiliser le marché et d'en finir avec la course aux prix toujours tirés vers le bas. SFR joue déjà ce jeu en augmentant ses tarifs, le groupe Altice devant absolument tenter de rentabiliser un rachat récent, et Free pratique toujours une politique de tarifs stables comme à son habitude, préférant mettre l'accent sur le contenu de ses offres.

Le retour à trois opérateurs signifierait ainsi un retour aux investissements dans les équipements, et notamment le déploiement de la 4G sur le territoire.