Parmi les grandes interrogations suscitées par l'arrivée de Free Mobile sur le marché français, il y a la question de la migration des abonnés vers le nouvel entrant. Si aucun acteur ne donne de chiffres précis, il reste que le mécanisme de la portabilité du numéro mobile s'est trouvé engorgé dès les premiers jours, suggérant des mouvements massifs depuis le 10 janvier, date de lancement de l'offre Free Mobile.

Depuis, l'estimation d'un nombre de 1,5 million d'abonnés recrutés par le nouvel opérateur est régulièrement avancée, en provenance des opérateurs historiques et des MVNO, mais la proportion pour chacun est difficile à déterminer.

A l'occasion de la présentation de ses résultats financiers, l'opérateur Orange fait une mise au point " faisant suite à de nombreux commentaires et informations contradictoires sur le marché du mobile en France ".

Le premier opérateur français, souvent vu comme l'un des acteurs ayant le plus perdu d'abonnés, affirme avoir comptabilisé un pic de plus de 150 000 demandes de RIO quotidiennes (démarche de demande de portabilité du numéro mobile mais qui n'est pas forcément associée à une résiliation ) dans les 48 heures suivant l'annonce de l'offre Free Mobile, volume qui aurait été divisé par 10 depuis.

L'opérateur indique par ailleurs avoir connu entre le 1er janvier et le 15 février 2012 1,038 million de résiliations pour 837 000 recrutements de nouveaux clients, soit une perte de 201 000 abonnés ( pas forcément tous partis chez Free Mobile ), représentant 0,7% de sa base de 27 millions d'abonnés en France.

Orange estime avoir limité la fuite des abonnés en réajustant les prix de son offre de forfaits mobiles par Internet Sosh et en étoffant la gamme quadruplay Orange Open, permettant de compter 90 000 abonnés Sosh et 1,4 million d'abonnés Open au 15 février 2012, les forfaits Origami participant aussi significativement au recrutement des nouveaux abonnés.


Une itinérance 3G assumée

L'opérateur met aussi en avant la qualité de sa relation client, argument massue face à Free Mobile et largement utilisé par tous les opérateurs, rappelant son effectif de 35 000 personnes dédiées à cet aspect.

Enfin, Orange reprend son argument d'opportunisme ( ou de " pragmatisme " ) concernant la négociation de l'accord d'itinérance 3G avec Free Mobile, qui devait coûter à ce dernier 1 milliard d'euros sur six ans lorsqu'il a été signé mais qui rapporter plus à Orange puisque " le trafic généré par les abonnés de Free Mobile pourrait être substantiellement plus élevée que prévu ".

L'opérateur ne s'étend pas sur les éventuels problèmes de surcharge de son réseau peut-être liés à une sous-utilisation de celui de Free Mobile. Ce sera à l'Arcep et à l'ANFR de dire si le nouvel entrant respecte ses obligations de couverture.

Orange indique tout de même que le trafic Free Mobile plus important que prévu est géré " sans que cela nuise à la qualité de service des clients d'Orange ", qui constitue, comme l'avait expliqué Stéphane Richard la semaine dernière, la limite de l'accord d'itinérance 3G.