Souvent, le réflexe du médecin est de s’atteler au paramètre humain d’une maladie. Or, l’épidémiologiste de son côté, s’arrête sur les modes de transmission de ladite maladie. S’attaquer au chaînon plutôt que d’investir dans le traitement, là résiderait peut-être la solution face à la malaria (de l’italien, « mal’aria », littéralement, « mauvais air »), la « maladie des pauvres ».

C’est ce qu’une équipe de chercheurs à la Johns Hopkins University de Baltimore a entrepris de faire. En créant des moustiques génétiquement modifiés qui résistent au parasite qui transmet le paludisme, ces chercheurs pensent avoir fait une véritable percée dans le combat contre cette épidémie.

D’après les premières constatations – publiées dans le prestigieux National Academy of Sciences – cette nouvelle génération de moustiques pourrait remplacer la précédente qui véhicule le parasite responsable de la maladie. A terme, dans la nature, l’espèce génétiquement modifiée pourrait efficacement se substituer à la précédente génération.

Pourtant, on ne sort pas tout de suite le champagne à la Johns Hopkins University. En effet, un des auteurs de l’étude, Jason Rasgon, professeur et spécialiste de microbiologie et d’immunologie, dans un entretien accordé à nos confrères de la BBC, tempère l’enthousiasme du monde médical en martelant que le projet est encore à l’état embryonnaire. D’après lui, il faudrait attendre au moins une décennie avant la véritable concrétisation de l’expérience.


Vivent les OGM !
Lors de leurs expériences, Jason Rasgon et ses acolytes ont démontré que ces « moustiques transgéniques » l’emportent sur d’autres congénères, surtout lorsqu’il s’agit de se nourrir sur le sang contaminé par les parasites Plasmodium. Chez les moustiques vecteurs du prozoaire en question, les parasites vivent dans le tube digestif de la femelle et se transmettent par la salive à chaque fois que l’insecte s’abreuve en hémoglobine.

Or, les moustiques génétiquement modifiés portent en eux un gène qui les rend résistants au parasite. Ces moustiques transgéniques peuvent survivre leurs congénères « naturels ». Outre cette capacité de résistance, les chercheurs ont aussi inséré un gène qui rend les yeux de ces moustiques « next-gen » fluorescents (cf. photo ci-dessus). Ce qui les rend plus facilement identifiables pour les êtres humains.

Bien sûr, le professeur Rasgon avoue que, malgré les avancées positives des recherches, d’importantes questions d’ordre « social, éthique et légal » par rapport à « l’introduction d’une espèce génétiquement modifiée dans la nature » doivent être débattues et résolues.

Pour mémoire, le paludisme est la maladie parasitaire la plus répandue dans le monde : "les estimations du nombre de personnes contaminées varient entre 300 et 500 ou 660 millions et il tue plus d'un million de personnes par an, la plupart en Afrique. C'est la première cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique. Les femmes enceintes dans les zones endémiques, sont aussi particulièrement touchées par le paludisme car le placenta constitue une cible où les parasites (Plasmodium falciparum) peuvent s'accumuler.

Le paludisme est encore la maladie mondiale la plus importante (priorité de 1er rang pour l'OMS) tant par ses ravages directs que par ses conséquences socio-économiques, une improductivité aboutissant à la sous-alimentation et au sous-développement. Il est à noter que l'être humain est loin d'être le seul hôte à subir le paludisme. Par exemple, nombreux sont les oiseaux, en Europe et à travers le monde, qui sont porteurs de ces parasites, notamment de
Plasmodium relictum" (source : Wikipedia).

Source : Daily Tech