L'informatique du futur pourrait se passer de nos sempiternels transistors.

Des chercheurs en électronique de l'Université de Notre Dame, dans l'Indiana, ont réussi à mettre au point un processeur dépourvu de transistors. Ces derniers sont remplacés par de minuscules îlots magnétiques de 110 nanomètres (110 millionièmes de millimètre) de large, chargés d'interpréter les instructions qui leur sont transmises.

Un des principaux avantages de cette nouvelle technologie est sa moindre consommation d'énergie, et partant de là son dégagement de chaleur mieux maîtrisé. Autre point positif : du fait du caractère non-volatil de sa mémoire, un tel processeur autoriserait des démarrages éclairs des PC qui en seraient équipés, et ne serait plus du tout sensible aux interruptions brutales d'alimentation électrique. La reprogrammation d'une telle puce se ferait avec beaucoup plus de souplesse qu'actuellement, ce qui soulève naturellement des questions au niveau de la sécurité, mais les plate-formes comme les consoles de jeu ou les appareils mobiles de diagnostic médical profiteraient directement de ce caractère versatile.

Dans le détail, les mini-aimants en alliage nickel/fer qui tapissent cette puce sont regroupés afin de répondre à la logique de fonctionnement d'un processeur, et distinguer les 1 des 0. Pour ce faire, les chercheurs ont retenu une méthode hybride NAND/NOR : de la NAND, ils ont retenu la moindre discrimination des instructions, et la plus grande rapidité en écriture ; de la NOR, ils ont repris la vitesse de lecture et le bon rapport capacité-encombrement.

Les impulsions magnétiques transmises au processeur créent une sorte d'onde, qui se propage à la surface de la puce, et modifie le chemin pris par ces impulsions ; à la sortie de la puce, un tri est nécessaire, et c'est un magnétomètre miniature qui s'en charge. Il détecte les variations de champ magnétique, et les interprète. A l'avenir, un simple courant électrique pourrait remplacer ces impulsions magnétiques, et aucune modulation ne serait plus nécessaire.

Les travaux sur ce processeur du futur dérivent en partie de ceux déjà consentis pour les puces mémoires MRAM ( Magnetic Random Access Memory ), mais c'est la première fois que cette technologie est employée pour traiter des informations, et non pour les stocker. Les applications sont nombreuses, et laisseraient notamment entrevoir de réels progrès dans la vitesse de traitement des instructions Booléennes.

Mais c'est dans l'espace que les véritables débouchés de ce type de processeur pourraient se trouver : les taux élevés de radiations que l'on relève dans les véhicules spatiaux se marient mal avec les technologies actuelles, qui doivent par conséquent être "blindées" (entre autres par l'emploi d'alliage à base d'or, extrêmement chers), et surtout sévèrement "underclockées" pour partir sur orbite.


Source : Wired News