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Comment les médias fabriquent le communautarisme

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Helmut Marat
Le but =E9tant bien s=FBr d'ouvrir une br=EAche dans l'=E9galitarisme
r=E9publicain gr=E2ce =E0 la "discrimination positive".

=AB Communautariser =BB ou non un fait divers : le meurtre
d'Aspach-le-Bas
ColMar
Publi=E9 le mardi 28 juin 2005 imprimer poster


Le 19 juin 2005, un match de football amateur se termine par un
meurtre. En moins de 24 h, Les Derni=E8res Nouvelles d'Alsace (les
DNA) en donnent une version =AB communautariste =BB puis une version =AB
d=E9communautaris=E9e =BB. Entre temps, les autorit=E9s =E9taient
intervenues publiquement...

Acte I Quand les DNA communautarisent sans vergogne

Les Derni=E8res Nouvelles d'Alsace, le 21 juin, mettent en =AB une =BB
le meurtre d'Aspach-le-Bas et y consacrent aussi toute la =AB une =BB
du Cahier r=E9gional.

Quelques temps apr=E8s les conflits meurtriers de Perpignan qui avaient
oppos=E9, selon la presse, des =AB gitans =BB et des =AB maghr=E9bins =BB
(lire : Affrontements et meurtres =E0 Perpignan : le poids des mots.),
les DNA permettent de s'interroger une fois de plus sur la =AB
communautarisation =BB quasi automatique de ce genre de drames.

Dans l'expos=E9 des faits, l'une des premi=E8res informations livr=E9e
au lecteur par les DNA porte sur l'origine de la victime : =AB Hier,
en d=E9but de matin=E9e, au lendemain de l'agression qui a co=FBt=E9 la
vie =E0 un footballeur d'origine turque, sur le stade
d'Aspach-le-Bas... =BB. On ne saura pas si cette victime est
fran=E7aise ou =E9trang=E8re. Et d'ailleurs, est-ce si important ? Mais
la mention de son origine porte avec elle, surtout en Alsace, plusieurs
connotations. Le lecteur peut embrayer =E0 partir de l=E0. D'autant
plus que du c=F4t=E9 du meurtrier pr=E9sum=E9, c'est la m=EAme chose : =AB
Le jeune homme plac=E9 en garde =E0 vue, qui appartient =E0 la communaut=E9
maghr=E9bine , avait =E9t=E9 rapidement identifi=E9 par les enqu=EAteurs,
=BB. Maghr=E9bin contre turc, le d=E9cor est plant=E9, le lecteur peut
poursuivre sa rumination. Et m=EAme, s'il a vot=E9 pour l'extr=EAme
droite, se dire cyniquement : =AB qu'ils s'=E9tripent entre eux.. =BB

Puisque la victime est d'origine turque, les DNA peuvent mettre en
sc=E8ne une r=E9action non moins communautaire (et cela d'autant plus
ais=E9ment que certaines d=E9clarations vont dans le m=EAme sens] :

- =AB La communaut=E9 turque en col=E8re =BB
- =AB Le meurtre d'Aspach-le-Bas a provoqu=E9 la col=E8re de la
communaut=E9 turque de Mulhouse .
- =AB En toile de fond de cette manifestation s'est nettement
profil=E9e une soif de reconnaissance de la communaut=E9 turque : "On
est souvent agress=E9s. Mais on ne veut pas de conflits entre
communaut=E9s. On d=E9sire vivre et travailler en paix. "

L'une des =AB communaut=E9s =BB dit ne pas vouloir de conflits entre
communaut=E9s. Et l'autre ? Par chance, un ministre =E9tait dans les
parages, Borloo soi-m=EAme. Les DNA l'interviewent : =AB Interrog=E9 sur
ce drame, hier, alors qu'il inaugurait la Cit=E9 Manifeste, le
ministre de l'Emploi, de la coh=E9sion sociale et du logement,
Jean-Louis Borloo, faisant r=E9f=E9rence aux crimes commis =E0 Perpignan,
a mis en garde contre " les rumeurs " pouvant circuler dans ce
genre de circonstances et rappel=E9 que " toutes les communaut=E9s sont
bien accueillies en France ". =BB

Louable d=E9claration, mais du coup, le ministre fait exister les
communaut=E9s. Et le mod=E8le r=E9publicain de soci=E9t=E9 se trouve
invalid=E9. Confirmation par le =AB ... pr=E9sident du club
d'Aspach-le-Bas, =BB qui r=E9agit =AB aux accusations formul=E9es par la
communaut=E9 turque lors de la manifestation =E0 Mulhouse =BB.

Pourtant, tout le monde ne l'entend pas ainsi. C'est le cas de
l'adjoint au maire d'Aspach-le-Bas : =AB Ce qui s'est pass=E9 est
dramatique, mais il ne faut pas mettre =E7a sur le dos du racisme ou du
communautarisme : ce sont des circonstances tr=E8s particuli=E8res qui
l'ont provoqu=E9. =BB

On lui laisse, provisoirement le mot de la fin.

Acte II Changement de vocabulaire d=E8s le lendemain

Le 22 juin, Les Derni=E8res Nouvelles d'Alsace rendent compte des
r=E9cents d=E9veloppements du meurtre d'Aspach-le-Bas et le vocabulaire
a chang=E9 par rapport aux =E9ditions de la veille. Sur incitation du
Procureur ou =E0 l'initiative des DNA ? On serait en pr=E9sence d'une
rivalit=E9 de quartiers et la composante communautaire (voire raciste)
est, largement, mais pas totalement, gomm=E9e.

Le titre donne le =AB la =BB :=AB Mulhouse/Aspach-le-Bas. Une mise en
examen pour meurtre sur fond de rivalit=E9s de quartiers =BB

La victime devient un Mulhousien et le meurtrier pr=E9sum=E9 un Thannois.
Une affaire alsacienne donc. Reste cependant, dans le corps de
l'article "la communaut=E9 turque" et les noms des protagonistes. =AB
Deux jours apr=E8s la mort d'un Mulhousien de 21 ans, poignard=E9
dimanche sur un terrain de foot, =E0 Aspach-le-Bas (nos =E9ditions
pr=E9c=E9dentes), Hocine Hamdaoui, un Thannois de 23 ans, a =E9t=E9 mis en
examen hier pour meurtre avant d'=EAtre plac=E9 en d=E9tention
provisoire. La th=E8se du crime raciste, =E9voqu=E9 par des membres de la
communaut=E9 turque de Mulhouse, a =E9t=E9 repouss=E9e. =BB L'insistance
sur cette terminologie nouvelle laisse penser =E0 des consignes,
perceptibles dans les d=E9clarations du Procureur.

- =AB Murat Gocurucu, Mulhousien de 21 ans, p=E8re de deux enfants a
=E9t=E9 tu=E9 dimanche =BB
- =AB Un seul coup aura suffi pour entra=EEner la mort =BB du Mulhousien,
=BB
- =AB Nous ne sommes pas en pr=E9sence d'un affrontement communautaire
=BB, a d'ailleurs rappel=E9 le procureur de la R=E9publique, en
r=E9action aux accusations formul=E9es par certains des manifestants
d'origine turque , qui s'=E9taient r=E9unis =E0 Mulhouse, dans la nuit
de dimanche =E0 lundi =BB (DNA diu 21juin)
- =AB Dans cette affaire, somme de =AB petits =E9v=E9nements de plus en
plus graves =BB, au fil de l'apr=E8s-midi, =AB on voit ressurgir des
rivalit=E9s de quartiers , qu'ils soient de Thann, de Wittelsheim ou
de Mulhouse =BB.

Malgr=E9 le changement notable dans les =E9nonc=E9s, il subsiste pourtant,
=E0 titre de traces, deux r=E9cits de la m=EAme affaire, soit rivalit=E9s
de quartiers, soit connotations communautaristes. En tout cas, les DNA
ont pris un virage entre le 21 et le 22 juin. Au lecteur de s'y
retrouver.

Acte III Quand le consul de Turquie et le sous-Pr=E9fet remercient la
presse...

Nous =E9voquions d'=E9ventuelles incitations, venues des pouvoirs
publics, pour am=E9nager le traitement de l'information. Rien ne
permet d'=E9tablir avec certitude leur existence. Constatons donc
simplement d'heureuses co=EFncidences que confirme l'article paru
dans les DNA du 24 juin sous le titre : =AB Mulhouse. L'appel au calme
du consul de Turquie =BB.

=AB L'homme [le consul], qui avait auparavant rencontr=E9 le
sous-pr=E9fet de Mulhouse, M. Fonta, a rappel=E9, devant une quarantaine
de personnes, assembl=E9e compos=E9e notamment de repr=E9sentants
d'associations turques mulhousiennes ( qui ont =E9t=E9 remerci=E9s,
comme la presse, pour avoir su contenir les d=E9bordements), que =AB la
justice serait faite =BB, puisqu'=AB on vit dans un pays o=F9 les lois
fonctionnent... =BB. Me Jean-Louis Colomb, avocat de la famille....
s'est dit =AB impressionn=E9 par le calme de cette r=E9union =BB, image
=E0 renvoyer =E0 ceux =AB qui ont essay=E9 de tirer profit =BB du drame en
poussant =E0 =AB l'affrontement intercommunautaire =BB.

Donc, on ne sait toujours pas la nature exacte de l'acte : fait
divers dramatique ou conflit =E0 connotation communautaire ? Ce qu'on
sait, c'est que le premier r=E9flexe des DNA a =E9t=E9 =AB tout
naturellement =BB vers la 2me hypoth=E8se, et que les autorit=E9s sont
intervenues (aupr=E8s des DNA aussi ?) pour pr=E9senter une autre
version.

Epilogue ?

Le lecteur attentif aura ainsi b=E9n=E9fici=E9 d'une vraie le=E7on de
choses. En effet, il est rare qu'on puisse trouver dans un m=E9dia, =E0
24 h d'intervalle, deux versions d'un m=EAme fait avec de surcro=EEt,
l'aveu d'une intervention des autorit=E9s pour pr=E9senter les choses
de mani=E8re =E0 =E9viter d'=E9ventuels troubles. Reste que si
l'intention peut =EAtre jug=E9e louable, la m=E9thode laisse songeur...
Quand une =AB rectification =BB n'est pas expliqu=E9e aux lecteurs,
comment faut-il en comprendre les motifs ? Comment =EAtre certain qu'
elle a =E9t=E9 effectu=E9e en toute ind=E9pendance ?

Le cas des DNA n'est pas isol=E9. Une consultation rapide de plusieurs
m=E9dias =AB en ligne =BB donne des r=E9sultats tr=E8s vari=E9s pour
qualifier les protagonistes. Voir tableau comparatif ci-dessous :

M=E9dia Agresseur Victime
France 3 Origine alg=E9rienne Origine turque
L'Humanit=E9 Origine maghr=E9bine Jeune turc
Reuters Fran=E7ais d'origine maghr=E9bine Nationalit=E9 turque
Sporever.fr Origine alg=E9rienne Footballeur amateur joueur turc
TSR.CH Franco-turc footballeur amateur
Xinhuanet Un jeune joueur Un autre joueur


On notera que plus la distance kilom=E9trique qui s=E9pare le lieu de
l'=E9v=E9nement et le m=E9dia qui en rend compte est grande, plus le ton
est neutre. La Palme revient =E0 l'agence chinoise, pour qui c'est
une affaire de joueurs de foot ! Ce qui n'est pas faux...

ColMar

http://www.acrimed.org/article2082.html

2 réponses

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Alfred
Helmut Marat a écrit :
Le but étant bien sûr d'ouvrir une brêche dans l'égalitarisme
républicain grâce à la "discrimination positive".

« Communautariser » ou non un fait divers : le meurtre
d'Aspach-le-Bas
ColMar
Publié le mardi 28 juin 2005 imprimer poster


Solide analyse, vous montrez bien comment la presse crée le fait divers.


Il n'est même pas nécessaire de mettre en scène comme le faisait TF1 des
"voyous" qui jouent devant la caméra leur rôle de "voyou" mais seulement
de dire ... en déformant un peu et par les titres, les mises en pages
faire dire ce qu'on ne dit pas vraiment.
Mais pour quelles raisons ? Il ne s'agit pas seulement de se mettre aux
ordres d'une idéologie, mais plus simplement d'attirer un client, de
faire vendre de la copie, d'exister.
Le seul titre "meurtre sur un terrain de foot" n'est pas assez
accrocheur, mais "Mulhouse: Affrontement entre jeunes turcs et jeunes
maghrébins, un mort" est autrement vendeur.
Comme d'ailleurs invité Sarko. dans un JT ne s'explique pas seulent
parce que le journaliste à dîner la veille avec ex-Cécilia, ni parce que
le service de presse du ministre est particulièrement persuasif (il
l'est) mais d'abord parce que parler de Sarko. intéresse.
C'est d'abord "nous" lecteurs, spectateurs qui faisons nos journaux
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Helmut Marat
Alfred a écrit :
Helmut Marat a écrit :
> Le but étant bien sûr d'ouvrir une brêche dans l'égalitarisme
> républicain grâce à la "discrimination positive".
>
> « Communautariser » ou non un fait divers : le meurtre
> d'Aspach-le-Bas
> ColMar
> Publié le mardi 28 juin 2005 imprimer poster
>
>
> Solide analyse, vous montrez bien comment la presse crée le fait di vers.




Il n'est même pas nécessaire de mettre en scène comme le faisait TF 1 des
"voyous" qui jouent devant la caméra leur rôle de "voyou" mais seulem ent
de dire ... en déformant un peu et par les titres, les mises en pages
faire dire ce qu'on ne dit pas vraiment.



Oui, les mots suffisent car ils sont importants.

Mais pour quelles raisons ? Il ne s'agit pas seulement de se mettre aux
ordres d'une idéologie, mais plus simplement d'attirer un client, de
faire vendre de la copie, d'exister.



Le marketing affiché ne doit pas faire oublier qu'il y a bien une
idéologie: celle de la nouvelle droite= briser l'égalité à l'aide
du communautarisme.

Le seul titre "meurtre sur un terrain de foot" n'est pas assez
accrocheur, mais "Mulhouse: Affrontement entre jeunes turcs et jeunes
maghrébins, un mort" est autrement vendeur.



Diviser pour mieux régner.

Comme d'ailleurs invité Sarko. dans un JT ne s'explique pas seulent
parce que le journaliste à dîner la veille avec ex-Cécilia, ni parc e que
le service de presse du ministre est particulièrement persuasif (il
l'est) mais d'abord parce que parler de Sarko. intéresse.



Intéresse la classe médiatico-parisienne.

C'est d'abord "nous" lecteurs, spectateurs qui faisons nos journaux



Spectateurs de la France entière, zappons quand nous entendons N.S. !