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La fin du MIDI ?

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Bonjour à ceux qui lisent encore ces lignes !

Je souhaite partager avec vous le document suivant : une conférence au
collège de France (dans le cadre de la chaire d'informatique de Gérard
Berry) de Philippe MANOURY, compositeur français ex-de l'Ircam, le 4
juin 2013 à la fin de laquelle il annonce de manière finalement assez
désinvolte et en quelques secondes la cessation d'existence du système
MIDI <https://youtu.be/5D6oUBJ-eeM>

L'essentiel de la conférence (une heure) est, en fait, consacré aux
relations entre la musique et l'ordinateur (plus en charte : tu meurs
!), et en particulier au suivi de partitions à travers différents
exemples tirés de ses oeuvres. Il y est également beaucoup question de
la question du "temps musical", qui était très chère à Pierre Boulez, et
à la temporalité en musique et plus particulièrement en musique
électronique, au sein de laquelle le suivi de partition (objet "follow"
de Max/MSP ou PD), vient chambouler le vieux paradigme du séquenceur. Au
milieu des années 80, deux ou trois ans seulement après la création du
standard MIDI, Philippe Manoury a été un des principaux prescripteurs de
besoins auprès de Miller Puckette concernant les "bétas" successives de
Max Patcher.

Je propose déjà qu'on débatte de ces aspects historiques et des tenants
et aboutissants du suivi de partitions.

Concernant le standard MIDI, plongé à titre personnel dans son
développement au coeur de grands constructeurs japonais, mais aussi de
l'Ircam, j'ai été le témoin de ses errements, de son caractère hautement
improbable (une véritable faille historique !), de ses immenses succès,
et effectivement de sa perte de visibilité. Et je ne suis pas aussi
catégorique que Manoury pour deux raisons :

- d'une part le problème commercial est bien plus large que la simple
limitation au MIDI (très nombreux exemples), au-delà de la question
phynancière, il est surtout induit par une différence de temporalité
entre le temps de la création en musique (et de l'appropriation des
nouveautés techniques par les compositeurs) et la temporalité de ces
évolutions technologiques,

- d'autre part, le standard MIDI n'est pas qu'une suite d'ordres de
commande, il est aussi un langage informatique ET musical à part
entière, dont on *sait*, effectivement, qu'il n'aura pas de successeur,
ce qui peut donc lui assurer une certaine pérénité potentielle !

À vous lire (ou pas), comme une bouteille à la mer...

--
Gérald

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Pascal J. Bourguignon
(Gerald) writes:
Et je ne suis pas aussi
catégorique que Manoury pour deux raisons :
- d'une part le problème commercial est bien plus large que la simple
limitation au MIDI (très nombreux exemples), au-delà de la question
phynancière, il est surtout induit par une différence de temporalité
entre le temps de la création en musique (et de l'appropriation des
nouveautés techniques par les compositeurs) et la temporalité de ces
évolutions technologiques,
- d'autre part, le standard MIDI n'est pas qu'une suite d'ordres de
commande, il est aussi un langage informatique ET musical à part
entière, dont on *sait*, effectivement, qu'il n'aura pas de successeur,
ce qui peut donc lui assurer une certaine pérénité potentielle !

Dans les deux cas, la première question est par quoi le remplace-t'on?
Je suis d'accord qu'il y a plein de problème dans MIDI, mais
1- il n'y a aucun remplaçant en vue,
2- il y aura toujours le problème des instruments MIDI "legacy", donc
même si on avait un remplacement et que tous les constructures et
éditeurs de logiciels se mettaient à jour, il faudrait encore avoir
des interfaces MIDI pour utiliser les anciens instruments de musique.
--
__Pascal J. Bourguignon
http://www.informatimago.com
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Pascal J. Bourguignon wrote:
Dans les deux cas, la première question est par quoi le remplace-t'on?
Je suis d'accord qu'il y a plein de problème dans MIDI, mais
1- il n'y a aucun remplaçant en vue,

Il ne peut pas y en avoir. Le MIDI est un accident historique (ou
industriel ?). À une époque où le synthétiseur ne représentait même pas
un marché de niche, quasi inexistant face au marché des orgues meubles
par exemple, les ingénieurs se sont retrouvés avec la bride sur le cou,
et en plus étaient complètement déconnectés des réalités du "business".
Ils se sont donc laissés séduire par une idée fédératrice qui semblait
belle intellectuellement (et elle l'était !) et ont, en plus, travaillé
de concert avec les unités de recherche mondiales (dont l'IRCAM) pour
sortir quelque chose d'aussi intelligent que possible (et ça l'était,
dans le contexte de 1982). La seule concession faite à l'industrie aura
finalement été... l'opto-coupleur, et cela se situait strictement au
niveau hardware (Q.S. si besoin). (1)
C'est la "flambée" du marché créée par le DX7 qui a semé la panique :
d'un coup les financiers de chez Yamaha se sont penchés sur le sujet et
ont fait des bonds d'un mètre : laisser au consommateur la possibilité
de choisir dans *chaque marque* ce qu'il y a de meilleur et de laisser
de côté les nanars ? Mais vous n'y pensez pas ! C'est un scandale !
Et les deux décennies qui ont suivi n'ont servi qu'à faire rentrer tout
ça dans le rang, à coups de concepts tout-en-un, workstations, etc. Et
ajout de quelques couches supplémentaires de retours sur investissements
à très court terme, mise en avant des fonctionnalités bling-bling et
suppression des solutions intelligentes mais minoritaires. (Q.S. sur
l'histoire des microtonalités, par exemple, mais pas "que"...)
Je pense que c'est l'USB qui a signé l'arrêt de mort : la liaison MIDI
(antérieurement bien identifiable) est désormais "intégrée" ou
"masquée", jusque dans les séquenceurs où l'interface graphique a
quasiment gommé la réalité des ordres de commande. Coup de grâce : la
fonction stretch, qui ne permet désormais même plus vraiment de
distinguer un flux MIDI d'un flux audio... jusqu'au ré-éclatement (ou
séparation) de la polyphonie par des softs de type Melodyne de Celemony.
2- il y aura toujours le problème des instruments MIDI "legacy", donc
même si on avait un remplacement et que tous les constructures et
éditeurs de logiciels se mettaient à jour, il faudrait encore avoir
des interfaces MIDI pour utiliser les anciens instruments de musique.

C'est un problème sans en être un :
- côté constructeurs et industriels (hardware), on s'en fiche. (Q.S.
histoire du WX7 Yamaha, mais il y en a d'autres !).
- côté éditeurs (software) : on compense par la modélisation, désormais
d'excellente qualité,
- côté institutions (installations) genre IRCAM, on s'en est beaucoup
préoccupé, mais la sanction a été d'en revenir définitivement à bannir
le NIH (Not Invented Here), et à ne travailler que sur des solutions
"maison" dont la pérénité pouvait être assurée (quitte à effectuer des
conversions).
- côté particuliers : who cares ? (petit vermisseau) :-(
- dernier signe : combien reste-t-il de constructeurs d'interfaces
strictement MIDI et de qualité (je veux dire multi-ports *MIDI*
IN/OUT-THRU, avec possibilité de filtrages...) ? QUIZZZZZZ ! (2)
(1) Q.S. = Question Suit, raccourci des questions d'internat, pour ceux
qui savent. Permet de raccrocher un sujet traité par ailleurs sans avoir
à le développer.
(2) Apparemment MOTU et M-Audio mais quid du suivi de ce dernier depuis
qu'il a été racheté par AVID ? Quand je dis multi-ports, je veux,
évidemment, dire "plus de deux" !
--
Gérald