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Re : La tête en bas

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albert
Bonjour Fréderic,

Je me permets de remettre à jour ta réponse à un vieux (sic) message,
car cela me donne une idée de réflexion sur la composition en photographie,
qui pourra peut-être intéresser nos amis, hihi !

---------------------------------------

"FiLH" <filh@filh.orgie> avait écrit dans le message de
news:1h1m7pi.1v5dybl4f16xlN%filh@filh.orgie...

>albert wrote :
> > Ensuite nous avons volé la tête en bas jusqu'à la cascade de l'éventail
:
> > http://ouvaton.coop/redirect.php?url=GHXAEAAm
>
> La terre comme le dos d'un serpent.
>
> FiLH


Ah, les vacances... Je te réponds avec retard, mais voilà plusieurs
fois que je vois une couleuvre glisser dans le paysage. J'ai envoyé cette
image à ma Chimère qui me répondit :

>"Bonsoir,
>Je ne sais pas pourquoi, peut-être est-ce à cause du monstre marin qui sort
>de l'onde à droite de l'image ou de sa composition, ou de son format (qui
>est moins à l'italienne que d'autres) mais je trouve que la photographiedes
>4 lacs ne fonctionne pas très bien. Contrairement à celle de la cascade de
>l'éventail, qui comme son nom l'indique se déploie sur la photographie
>comme un éventail réel et nous procure un grand vertige . En fait, en la
>regardant de nouveau, cela n'est pas vraiment un éventail, plutôt une
>couleuvre."

J'ai admiré dernièrement la rétrospective Jeff Wall à Bâle. On sait que
dans ses "back-light", outre l'importance du format, c'est la composition
qui est prédominante. Certaines vues sont inspirées des grandes peintures
classiques. ( Ex : La mort de Sardanapale, Le déjeuner sur l'herbe, etc...):

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=5&subid=106&art_id=236204

Mais voilà où je veux en venir : Avec Jeff Wall, le sujet de la
photographie semble évacué, insignifiant, juste un prétexte pour ramener à
l'essentiel : Le souvenir universel de la peinture. Si Jeff Wall prépare
et compose ses images pendant des mois dans ce sens, je suis persuadé que
nous, les photographes Lambda, qui photographions dans l'instantané du
reportage, captivés par le sujet photographié, sans préparation et avec des
cadrages instinctifs, nous sommes quand même sous influence.
On ne s'en rend pas compte, c'est inconscient, mais on ne cadre
pas juste pour privilégier le sujet. On choisit, on attend la bonne pose et
on compose très précisément, en fonction de modèles anciens, qui sont ceux
de notre culture et de notre histoire personnelle.

On fait du Jeff Wall sans le savoir, mais surtout, on ne photographie
pas vraiment le monde réel, on photographie des Renoir, des Manet, ou bien
nos propres souvenirs, peu importe, les référents quels qu'ils soient, sont
toujours présents. Je suis d'ailleurs persuadé que les références ne
s'arrêtent pas à la peinture. On peut photographier du Dostoiewski ou bien
des Madame Bovary.

Si on analyse sérieusement nos photographies, et si on se connaît un
tant soit peu, on y retrouve avec récurrence nos propres référents. Pour ma
part, j'ai photographié un paysage comme un serpent, car j'ai sans doute une
histoire avec eux. Mais à la prise de vue je n'en savais rien, comment
aurais-je pu prévoir qu'un serpent se glisserait dans l'image ? Par contre
dans d'autres vues il y a des rappels évidents et qui sautent aux yeux.
Faites donc une analyse dans ce sens de vos images que vous aimez le plus...
Vous serez surpris. Plus besoin de psychanalyste pour faire émerger les
symptômes ; dans nos photographies, ils nous crèvent les yeux. ( Ah! Ah !
Et comme l'annonçait Hölderlin : "Le roi Oedipe a peut-être un oeil de
trop" ).

Amitiés,
albert
--------------------------------------------------------------
Photographies imaginaires :
http://perso.wanadoo.fr/albert.lemoine
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1 réponse

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FiLH
"albert" writes:
On fait du Jeff Wall sans le savoir, mais surtout, on ne photographie
pas vraiment le monde réel, on photographie des Renoir, des Manet, ou bien
nos propres souvenirs, peu importe, les référents quels qu'ils soient, sont
toujours présents. Je suis d'ailleurs persuadé que les références ne
s'arrêtent pas à la peinture. On peut photographier du Dostoiewski ou bien
des Madame Bovary.

Si on analyse sérieusement nos photographies, et si on se connaît un
tant soit peu, on y retrouve avec récurrence nos propres référents. Pour ma
part, j'ai photographié un paysage comme un serpent, car j'ai sans doute une
histoire avec eux. Mais à la prise de vue je n'en savais rien, comment
aurais-je pu prévoir qu'un serpent se glisserait dans l'image ? Par contre
dans d'autres vues il y a des rappels évidents et qui sautent aux yeux.
Faites donc une analyse dans ce sens de vos images que vous aimez le plus...
Vous serez surpris. Plus besoin de psychanalyste pour faire émerger les
symptômes ; dans nos photographies, ils nous crèvent les yeux. ( Ah! Ah !
Et comme l'annonçait Hölderlin : "Le roi Oedipe a peut-être un oeil de
trop" ).


Oui, oui oui... je ne peux que souscrire à 100% à ces deux
paragraphes.

Sauf que parfois avant qu'ils ne crèvent les yeux... Une copine me
parlait récemment de fourmi gravissant une colline. L'évidence de la
colline n'est pas forcément perceptible.

Sinon il est difficile de voir ce qu'on n'a jamais vu.

FiLH


--
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