L'arrivée de Free Mobile aura donc eu raison du président de SFR Frank Esser, pourtant bien en place depuis l'an 2000 et qui a su gérer plusieurs grosses évolutions des activités de l'opérateur (le rapprochement avec Neuf, notamment).

Mais le nouvel entrant a fait mal par les prix agressifs de son offre et la récupération très rapide d'abonnés. SFR a ainsi brutalement perdu 200 000 abonnés en début d'année et a annoncé des mesures de réorganisation interne qui pourraient passer par des pertes d'emplois.

L'opérateur a bien tenté d'adapter les prix de sa gamme SFR RED qui était censée anticiper l'arrivée de Free Mobile mais il a de toute évidence été surpris par les prix très bas du nouveau venu. Surtout, Frank Esser n'a pas digéré l'accord d'itinérance 3G signé avec Orange qui ruine la stratégie de confrontation en bloc des opérateurs historiques face au nouvel entrant.

SFR logo pro Dès les premiers temps de l'arrivée de Free Mobile, il a accusé Orange d'avoir fait le jeu de Free Mobile par cette itinérance, accord dont Frank Esser disait qu'il ne l'aurait jamais signé. C'est peut-être d'ailleurs cette erreur stratégique de penser qu'aucun des opérateurs historiques ne cèderait sur l'itinérance 3G qui lui vaut de quitter son poste aujourd'hui.


Contexte financier incertain pour Vivendi
Car dans ces nouvelles conditions, c'est le groupe Vivendi ( surtout ses actionnaires ) qui fait la grimace devant les perspectives de croissance affaiblies du marché, ce même Vivendi qui a racheté il y a peu les 44% de participation de Vodafone dans SFR pour 8 milliards d'euros, prenant le contrôle complet de SFR.

Un tarif qui, à la lumière des modifications profondes du marché mobile français, peut maintenant paraître a posteriori surévalué et inquiéter les investisseurs concernant le rendement à venir de l'opérateur, alors même que le cours de Vivendi connaît de son côté des cahots.

Dans ces conditions, le départ de Frank Esser apparaît comme le signal d'un changement de cap, d'autant plus que le journal Les Echos rapporte que la prise de poste de Jean-Bernard Lévy, président du directoire de Vivendi, est temporaire, en attendant de trouver un nouveau dirigeant.

Le journal économique évoque d'ailleurs quelques pistes, comme Didier Quillot ( ancien de Lagardère Active ) ou Gilles Pélisson ( ex-Bouygues Telecom ).