Pour le groupe Bouygues, c'est le scénario du pire qui s'est décidé ce samedi quand Vivendi a confirmé sa préférence pour Altice / Numericable au terme de la période de négociations exclusives terminée ce 4 avril. Malgré ses efforts pour renforcer son offre, apporter des garanties financières et même laisser le choix du montage financier, cela n'a pas suffi pour modifier l'équilibre des forces en présence à son avantage.

S'il y a des chances pour qu'il conteste le choix du conseil de surveillance de Vivendi, ayant affirmé à plusieurs reprises que son offre relevée était la mieux disante, le groupe Bouygues va sans doute devoir amorcer un plan B.

Bouygues-Telecom-logo  En rapprochant SFR et Numericable, le marché mobile français continue de fonctionner avec quatre opérateurs mobiles mais dans une configuration qui sera constituée de deux gros opérateurs (Orange et SFR/Numericable) et de deux plus petits (Bouygues Telecom et Free Mobile), sans compter les opérateurs mobiles virtuels.

Un tel marché à quatre acteurs peut contribuer à maintenir des prix bas à court terme mais il ne résoud pas les problèmes de perte de revenus des opérateurs par rapport à la nécessité de maintenir des investissements élevés pour améliorer leurs réseaux.

Bouygues Telecom, déjà affaibli par l'arrivée de Free Mobile et de ses tarifs agressifs, pourrait n'avoir d'autre choix que de se vendre au groupe Iliad, toujours intéressé par son réseau mobile et qui faisait partie des accords connexes s'il avait été choisi par Vivendi.

Iliad logo  Ce scénario, qui ramènera finalement encore le marché à trois acteurs, a déjà été anticipé par les observateurs et analystes comme très probable au regard du contexte économique déjà difficile dans les télécoms.

Il reste que si le groupe Bouygues était prêt à offrir son réseau et une partie de ses fréquences sur un plateau d'argent à Xavier Niel dans l'espoir de calmer les inquiétudes des régulateurs, un rapprochement dans le cadre du marché remanié par la fusion entre SFR et Numericable, risque de ranimer les tensions et de se jouer dans des conditions bien différentes par rapport aux amabilités échangées récemment entre Martin Bouygues et le patron du groupe Iliad, quelques semaines après des déclarations de guerre sur les prix dans l'Internet fixe.

En attendant, Bouygues peut toujours tenter de rester très offensif sur la 4G, profitant de la disponibilité de la bande 1800 MHz pour proposer une vaste couverture de la population et mettre des bâtons dans les roues de la nouvelle entité SFR-Numericable qui débutera ses activités avec un niveau d'endettement élevé, ce qui risque de limiter ses capacités à proposer des offres attractives.

Source : AFP