Ceux qui attendent impatiemment la sortie des premières piles à combustible à usage domestique ont une raison supplémentaire d'espérer. Ils en ont rêvé. Sony l'a —presque— fait…

Sony, entre deux volées de bois vert à propos des DRM que sa filiale multimédia Sony BMG a cru bon d'adjoindre à ses CD audio, Sony donc, présente un prototype fonctionnel de pile à combustible dont il se murmure qu'il surpasserait toutes les précédentes tentatives présentées à ce jour.

Bien qu'aucune commercialisation ne soit envisagée avant le milieu de l'année prochaine au plus tôt, Sony met en avant sa technologie, qui repose sur le système DMFC (Direct Methanol Fuel Cell), où du méthanol est utilisé comme source d'hydrogène. L'originalité de la solution proposée par Sony tient au fait que l'industriel japonais a développé un nouveau type de film polymère pour la membrane à travers laquelle les échanges d'électrons se font dans une pile à combustible.

Les chercheurs nippons se sont en effet appuyés sur les travaux de plusieurs scientifiques britanniques dans les années 1980, autour de la structure des molécules carbonnées. Ces dernières affichent généralement une architecture plane, en forme d'héxagone, où les liens entre les atomes sont faciles à rompre. Il est ainsi possible que ses "feuilles" d'atomes de carbones se replient, donnant au passage cette impression de toucher un corps gras lorsqu'on passe le doigt sur une mine de crayon. C'est aussi cette caractéristique qui fait du graphite (un composé carbonné) un bon lubrifiant.

Les chercheurs regroupés autour des Prs Kroto (Université anglaise du Sussex), Curl et Smalley (Université de Rice, Texas) avaient eu l'idée, vers 1987, de recourber ses feuilles de graphites et de leur donner une forme sphérique, en se servant d'un laser.

Ces micro-billes de carbone, surnommées "buckyballs" (diminutif de "buckminsterfullerene", leur nom scientifique, et une référence humoristique au nom anglais de la chevrotine, "buckshot"), peuvent être vaporisées sur un film en polymère comme ceux qui équipent les piles à combustible, et prendre une part active à la réaction électro-chimique qui s'y déroule. Elles forment alors une couche protectrice qui empêche la "contamination" de l'hydrogène par l'oxygène ambiant (un des facteurs de performance pour les piles à combustible), augmentant la production électrique à volume d'hydrocarbure constant.

Dans la formule employées par Sony, les "buckyballs" sont regroupées par groupe de huit, et si la stabilité de l'ensemble peut être reproduite à l'échelle industrielle, elle garantirait une production électrique d'environ 100 milliwatts par centimètre carré de membrane, soit sensiblement plus que les solutions traditionnelles encore en cours de développement.

Sony reste cependant prudent quant à une généralisation de cette technologie, et se dit conscient du fait que ces 100 milliwatts ne sauraient même pas constituer une limite basse dans l'optique d'une utilisation au quotidien.

La plupart des industriels japonais (Hitachi, Toshiba et Fujitsu, notamment) qui travaillent sur les piles à combustible recourent eux aussi au principe du DMFC, malgré quelques divergences techniques. Les progrès sont cependant lents à se manifester, et la commercialisation de piles à combustible compatibles avec un usage régulier semble toujours aussi éloignée dans le temps.
Source : Slashdot