A une grosse  poignée de jours de la sortie au Royaume-Uni de son nouveau film, Steven Spielberg s’est trouvé confronté à un problème technique, ce qui fait dire aux mauvaises langues qu’il l’a bien cherché…

Steven Spielberg, metteur en scène et producteur extraordinaire, wunderkind du cinéma américain, et même mondial, est un fervent défenseur de la lutte contre le piratage de films et de vidéos sur Internet. Il est à maintes reprises monté au créneau sur le sujet, emmenant dans son sillage acteurs et réalisateurs, et apportant un soutien sans équivoque à la croisade pas toujours très propre menée par la MPAA (Motion Pictures Association of America).

Dans un de ces cruels concours de circonstances dont l’Histoire a le secret, Steven Spielberg s’est récemment retrouvé dans la position de l’arroseur arrosé : les copies sur DVD de son nouveau film, Munich, et adressées par son équipe à la BAFTA (Britih Academy of Film and Television Arts), se sont en effet révélées illisibles, car assorties d’un mauvais code de zone géographique…

Le résultat en est que les 5.000 personnes qui devaient visionner le film, et décider ou non de l'inclure dans une sélection officielle, ne pourront pas le faire avant sa date de sortie au Royaume-Uni, le 27 janvier prochain. Vous me direz que si le film est mauvais, au moins la presse ne s’en fera-t-elle pas l’écho, mais franchement, de vous à moi, combien d’œuvres signées Spielberg (souvenez-vous : Les Dents de la Mer, Rencontre du Troisième Type, ou plus récemment La Guerre des Mondes…) méritent-elles ce qualificatif '

Le problème est bien d’origine technique, mais également humain : les copies sur DVD doivent être lues sur un appareil spécialement conçu et réalisé à cet effet par Cinea, une filiale de Dolby. Pour éviter les fraudes, et la disparition de copies entre leur point de départ et leur destinataire, ces DVD sont évidemment assortis d’un code géographique, mais dans le cas qui nous occupe, il s’agissait du code régissant les Etats-Unis et le Canada (zone 1), et non de celui qui regroupe l’Europe occidentale, dont la Grande-Bretagne (zone 2).

Rapidement mise au courant de l’erreur, l’équipe de promotion du film dût réaliser en urgence un réencodage desdites copies, et leur faire traverser l’Atlantique au moment des fêtes de fin d’année, soit plusieurs jours après la date prévue. Par un hasard aussi cocasse que cruel, ces nouvelles copies furent retenues par la douane anglaise pendant une bonne semaine, avant d’être finalement acheminées in extremis vers leurs destinataires, mais trop tard pour que la première session de visionnage, prévues pour le 4 janvier, puissent avoir lieu à temps.

La conséquence, tant commerciale qu’en terme d’image, est considérable, car la BAFTA a purement et simplement exclu le film Munich de sa sélection, alors même que Spielberg le décrit comme son œuvre la plus personnelle—et la plus polémique, paraît-il.

Munich raconte l’histoire de la sanglante prises d’otages des athlètes israëliens lors des Jeux Olympiques de 1972, en Allemagne, durant laquelle 11 sportifs furent exécutés.

Ce petit souci technique ne présage pas d’un "bide" pour autant : l’an passé, à peu près à la même période, Million Dollar Baby, de Clint Eastwood, ne fut pas non plus soumis à la critique britannique, à la demande du distributeur, cette fois. La presse du Royaume-Uni avait exprimé son amertume dans des termes dépourvus d’ambigüité, et le film n'avait même pas reçu une nomination de la part de la BAFTA.

Quelques semaines plus tard, il remportait plusieurs Oscars…



Source : Slashdot