En mai 2009, une habitante de Montréal au Canada s'assoie à l'extérieur de sa maison sur une marche de l'escalier donnant accès à l'entrée principale de celle-ci. Une petite pause le temps de consulter sur son smartphone ses emails.

Au même moment, une Google Car équipée du dispositif photographique Street View pour des prises de vue panoramiques passe devant sa maison. En octobre 2009, elle découvre en ligne les clichés pris de sa maison par la voiture de Google et se dit " profondément choquée. "

Street-View-Google-car Même si son visage est flouté, elle y apparaît penchée en avant et offrant ainsi un généreux décolleté capturé par Street View. Étant devant sa propre maison (dont l'adresse postale est visible), la victime de cette capture est facilement identifiable, sans compter que la plaque d'immatriculation de son véhicule aussi sur la photo n'est pas floutée.

La Montréalaise affirme avoir souffert de " moqueries et commentaires désobligeants " en raison de cette photo, en particulier à son travail. Un emploi dans une banque qu'elle décide par la suite de quitter. Souffrant de dépression, elle se fait suivre par un psychologue.

Après une lettre restée sans réponse et envoyée à Google (mais pas un courrier recommandé), elle porte plainte en juin 2011. Elle demande des dommages-intérêts à Google ainsi que le retrait immédiat des clichés litigieux. Google a déclaré avoir entièrement brouillé la maison sur Street View.

Le mois dernier, le Journal de Montréal rapporte que la cour du Québec a condamné Google à verser à la plaignante la somme de 2 250 $ canadiens (avec en plus les intérêts depuis le 8 juin 2011) et 159 $ de remboursement des frais de justice (respectivement près de 1 600 € et 110 €). Le tribunal a notamment retenu une " atteinte à la vie privée et à l'image " de la plaignante.

Si le tribunal n'a pas été en mesure de conclure un " lie n de causalité entre la faute de Google et la dépression qu'allègue " la Montréalaise, et a par ailleurs souligné une plainte intervenue tardivement, il a estimé : " Il ne fait néanmoins aucun doute que la demanderesse a été profondément choquée et blessée par le captage et la diffusion de son image. "

En Europe, Street View a fait tiquer les autorités de protection des données et a du faire face à pas mal de résistance. On se souviendra également de l'amende de 100 000 € infligée par la Cnil pour la collecte de données Wi-Fi (sur des réseaux non protégés).

Quelques cas individuels ont également été rapportés. En France, un homme photographié en train d'uriner dans son jardin par un véhicule Street View (photo floutée puis retirée) avait tenté d'obtenir des dommages-intérêts. Il avait été débouté.