Sun Microsystems fonde de gros espoirs sur sa future ligne de processeurs pour serveurs.

Sun Microsystems lancera dans les prochains mois une ligne de processeurs pour serveurs dotés de huit unités de calculs, ou cores. Sachant que chacun de ces coeurs pourra effectuer simultanément quatre tâches distinctes, ou threads, et que la table de huit est toujours ce qu'elle était lorsque nous la récitions en  coeur (c'est le cas de le dire), ces puces sur-vitaminées pourront exécuter en même temps trente-deux séquences d'instructions.

Sun n'est certes pas le premier à tenter une incursion dans le segment des processeurs multi-core à tâches multiples, mais il est pour l'instant le seul à afficher autant d'ambition.

C'est même un peu surprenant, de la part d'un fondeur/éditeur/fabricant qui, par le passé, a dû maintes fois reconsidérer sa stratégie vis-à-vis des architectures pour serveurs. Ainsi, la famille des processeurs SPARC qui, même si elle demeure une source non négligeable de revenus pour la firme de Santa Clara, n'en demeure pas moins à la traîne par rapport aux concurrents que sont les Opteron d'Advanced Micro Devices, Power Server d'IBM et Xeon d'Intel.

Sun est d'ailleurs conscient depuis longtemps des dangers de la mono-culture, puisqu'au terme d'une association avec un autre géant de la fabrication de serveurs et mainframes (gros systèmes), le Japonais Fujitsu, il abandonnera dans un avenir proche ses propres puces UltraSPARC V pour basculer vers les SPARC64 VI dessinées et construites en commun avec la firme nippone. Mais ceci est une autre histoire...

Notre Niagara entrera en concurrence frontale avec les futurs Intel Itanium "Montecito" (dual-core, deux threads) et AMD Opteron (dual-core, un seul thread), avec un avantage issu de la téméraire décision de Sun de partir d'une feuille blanche, lors de la conception de sa nouvelle puce: là où les concurrents ont dû "accomoder les restes", Sun a pu innover.

Les débouchés commerciaux commencent déjà à se manifester, puisqu'eBay teste en ce moment des serveurs basés sur la technologie Niagara, et que Google s'apprêterait à en faire de même.

Niagara embarque une technologie dite "de correction d'erreur cache", soit la tenue permanente de registres dans lesquels instructions et transferts de et vers le cache de chaque coeur sont inscrits, puis effacés au fur et à mesure de leur exécution. Qui plus est, chaque processeur dispose de quatre contrôleurs de mémoire, partagés entre les quatres coeurs de manière aléatoire.

Selon Sun, ces puces sont tout à fait adaptées aux applications lourdes sur le Web, comme l'hébergement en masse, la tenue de bases de données complexes et, bien entendu, l'exécution de programmes Java.

En revanche, la firme californienne admet que ses processeurs Niagara sont moins à l'aise lorsqu'il s'agit d'envoyer des paquets de données à haute vitesse, comme dans le cas de transfert en temps réel (streaming) sur un réseau.

Il faudra attendre 2008, et l'apparition des processeurs à technologie " Rock ", pour que s'estompe ce défaut: "Rock" disposera d'une fonction dite "d'éclaireur", qui autorisera chaque processeur à lancer de manière autonome une séquence d'instruction destinée à initier le transfert depuis la mémoire principale, évitant ainsi les "temps morts" dans l'envoi et la réception de données via le bus.

Chez Sun, on compare l'éclaireur à un chasse-neige, qui déblaie la route afin que les voitures puissent s'y aventurer en toute sécurité.

Non qu'il neige souvent dans le sud de la Californie...
Source : CNET News