logo-avast La décision du gouvernement de recueillir des données sur les citoyens peut être controversée, surtout lorsqu'il s'agit de citoyens mineurs. Le gouvernement français vient de voter en faveur de la création d'une base de données unique sur tous les citoyens âgés de plus de 12 ans et qui contiendra des identifications biométriques comme les empreintes digitales et les données personnelles dont l'adresse, l'âge, la couleur des yeux, et des photos. Il y a, bien sûr, ceux qui s'indignent et expliquent qu'un tel dispositif constitue une violation de leur liberté et ceux qui déclarent qu'ils n'ont pas de problème avec cette loi puisqu'ils n'ont rien à cacher.

La plupart des gouvernements disposent déjà de données centralisées de ce type, mais généralement elles se limitent aux personnes qui ont un pied dans le système pénal ou qui résident dans le pays en tant que migrant ou travailleur temporaire. Aucun gouvernement occidental n'a, à ma connaissance, pris de mesure aussi audacieuse et exigé de détenir les informations de tous les citoyens âgés de plus de 12 ans. La France a déjà eu une approche similaire en collectant les données de ses citoyens par le passé. Toutefois, cela s'est passé durant la seconde guerre mondiale, et toutes les informations ont été détruites lors de la libération en 1945.

Ceci dit, la plupart des données en question sont déjà collectées par les gouvernements, les différents ministères et organismes officiels qui sont susceptibles de recueillir les données individuelles afin de pouvoir délivrer un passeport ou un permis de conduire. En revanche, les informations sont conservées séparément et non dans un système centralisé contenant toutes les indications pour plus de 60 millions d'habitants.

Les vols de données à grande échelle touchant aux données sont monnaie courante, et l'actualité met régulièrement à jour des scandales d'entreprises se faisant pirater et voler les données de leurs clients et de leurs partenaires. Nous, citoyens, considérons à juste titre la plupart du temps, que le gouvernement mette en place des dispositifs de sécurité et de conformité plus stricts afin d'assurer la protection des individus contre une telle faille.

La question est de savoir si nous devons faire confiance au gouvernement et accepter qu'il dispose de cet ensemble de données améliorées, dont des informations biométriques. L'année dernière, une agence gouvernementale américaine, le Bureau de la gestion du personnel (OPM), responsable des dossiers individuels de tous les fonctionnaires ou employés potentiels, a été victime d'une attaque qui a entraîné le vol des numéros de sécurité social de 21,5 millions de personnes. Environ 5,6 millions de ces dossiers contenaient des données biométriques telles que les empreintes digitales. Ces informations concernaient les personnes postulant ou travaillant dans des agences gouvernementales et certaines données correspondaient même aux antécédents complets sur la famille et les amis.

Disposer des données sensibles de plus de 60 millions de citoyens français fera du gouvernement une cible pour les hackers qui verront ces informations comme des commodités d'une valeur inestimable à vendre au plus offrant. Il est important de noter que la sécurité des données n'est peut-être pas le problème central ; en effet, lors de précédents vols de données, nous remarquons généralement que la faille est humaine avant tout. Si un cybercriminel lance et réussit une attaque de spear phishing - ou hameçonnage - contre un employé qui a accès à l'ensemble de la base de données, alors plus de 60 millions de personnes risquent de voir leur identité usurpée. Le contenu et le volume d'informations constituent une belle récompense pour les hackers qui pourraient s'investir plus que d'habitude et développer une attaque particulièrement sophistiquée afin d'y avoir accès.