Pour les mordus d'hélium

À l'évocation de ce titre, plusieurs d'entre nous se souviendront avec nostalgie du dessin animé d'Alvin et les Chipmunks diffusé entre 1986 et 1990 sur Canal+. Derrière cette série se cachait un trio d'écureuils peu commun : Simon la tête pensante, Théodore le gourmand un peu naïf et bien sûr Alvin, le héros de la petite bande. Les 90 épisodes de la saga suivaient l'évolution de nos boules de poil vers une renommée musicale, en passant par des aventures très parodiées tels que Batmunk par exemple.


C'est en décembre 2007 que la licence refit surface avec le film regroupant nos trois compères relookés pour l'occasion, conservant toutefois leurs habits et leur énergie d'antan. La production se montre de la même veine de Garfield et consorts, soit une comédie américaine destinée avant tout aux plus jeunes, mais aussi aux grands enfants que nous sommes. Bien évidemment, il ne fallut pas attendre longtemps pour voir apparaître une adaptation vidéoludique du film, produite par Sensory Sweep, studio qui n'a jamais réellement brillé par le passé. Soit, Alvin et les Chipmunks débarque donc sur Wii, DS, PC et PS2, pour le bonheur des joueurs... ou pas.

Si les fans du film pensent voir des scènes inédites ou du contenu supplémentaire dans cette adaptation, ils seront déçus au plus haut point car à vrai dire le jeu se montre d'une pauvreté sans égal. En effet, le soft reprend plus ou moins la progression du film mais sous forme de vignettes parlées avec sous-titres sur un fond pour le moins creux. Ce manque certain d'animation fait que l'on s'ennuie ferme, surtout que ce genre de scène ne se présente qu'après avoir débloqué un nouveau lieu de concert.


L'aventure permet de revivre les différentes prestation de notre trio : Théodore à la batterie, Simon à la basse et Alvin à la guitare et au chant. La tracklist directement issue de la bande originale du film reprend donc des chansons pop/rock particulièrement connues telles que « Your Really Got Me » de Van Halen, « All The Small Things » de Blink 182, « I Fought The Law » de Green Day ou encore « Video Kill The Radio Star » de The Buggles. Seulement, ces reprises sont également accompagnées des célèbres voix aiguës de nos écureuils sur-dopés à l'hélium, ce qui devient très rapidement insupportable.

Guitar Hero édition rongeurs

Alvin et les Chipmunks est donc un jeu de rythme qui se présente sous des faux airs de Guitar Hero, mais maladroitement orchestré, sans intérêt et diablement répétitif. On sent que le titre a été fini à la va-vite puisque la mise en scène est presque inexistante. Dès le menu principal, cela se ressent avec des menus basiques et peu ergonomiques. On commence donc logiquement par le mode Scénario, qui porte assez mal son nom d'ailleurs puisqu'aucune scène introductive ne se pointe. On commence donc directement par choisir une des trois premières chansons disponibles dans le premier niveau. Au moins, ça a le mérite d'être clair...


Premier morceau lancé, on prend connaissance de l'élaboration graphique de l'environnement et de notre trio de musiciens en herbe qui se révèle vraiment peu convaincante et surtout sans aucun charisme. Contrairement à un jeu de rythme classique ou les notes descendent du haut de l'écran ou se déplacent de gauche à droite nous avons affaire à un concept pour le moins bancal. En effet, vous avez quatre cercles étoilés de couleurs différentes aux quatre coins de l'écran. L'étoile centrale sera la base de chaque note qui en sortira.

C'est donc avec courage que vous devrez appuyer sur les touches correspondantes selon le timing des notes à arriver jusqu'aux étoiles colorées (sur PS2, il s'agit des quatre gâchettes). La précision permettra de faire davantage de points et le fait de réussir plusieurs notes d'affilée multiplie le score réalisé. Afin de terminer la chanson dans de bonnes conditions, il faudra toujours avoir un œil sur la jauge de Rockomètre qui se vide lorsque vous ratez trop de notes, menant ainsi à l'échec de la chanson en cours.


Le concept se montre totalement raté puisqu'il est difficile de discerner les notes qui traverse l'animation d'arrière plan. De plus, le rythme est assez étrange, passant de la batterie à la guitare, au chant sans arrêt. De ce fait, on se demande vraiment quel instrument on joue, surtout qu'on ne sait pas vraiment quand on rate une note puisqu'aucune fausse note ne l'indique. En mode facile, vous n'aurez que deux touches à vous occuper, mais le mode normal et difficile permettent de toucher aux quatre boutons afin de rehausser un peu le dynamisme de ce jeu morne et sans grand challenge.

On enchaîne donc les trois premières chansons sans trop de mal afin de débloquer la prochaine aire de concert accompagnée de trois nouvelles chansons et ainsi de suite jusqu'à la fin du jeu. Bien évidemment, à la fin de chaque chanson, vous prendrez connaissance de votre précision, de vos notes ratées et de votre appréciation en étoiles.

D'une pauvreté...

Le titre de Sensory Sweep est techniquement mauvais et cela se constate dès les premiers instants de jeu. Nous avons ainsi affaire à une mise en scène sous forme de simple vignettes, ainsi qu'une réalisation des environnements très impersonnelle et sans charme, ce qui est dommage au vu des caractères bien trempés des membres de notre trio dans le film.

Les animations pré-établies ne donnent aucune profondeur aux parties et quoi que vous réalisiez comme score ou comme combo, les écureuils se déhancheront avec leurs instruments de la même façon. Les voix n'ont ainsi aucune concordance avec ce qui se déroule à l'écran, même pas digne du pire playback de l'histoire. Pour couronner le tout, le jeu rame fortement lorsque l'animation d'arrière plan passe à une vue globale de la scène. Un véritable supplice pour jouer dans de bonnes conditions.


Le chaos ne s'arrête pas en si bon chemin car les bruitages sont pour ainsi dire inexistants, le titre semblant se baser que sur les chansons directement issues de la bande originale du film. La preuve se montre flagrante à la fin de chaque prestation avec le son quasi-inaudible de trois pauvres applaudissements et... rien d'autre, alors qu'Alvin jette sa guitare au sol ou la brûle façon Jimy Hendrix. Vous l'aurez compris, Alvin et les Chipmunks est un titre qui présente de trop nombreuses lacunes pour mériter d'être essayé. On sent que le travail en studio a été vite mené à terme, profitant de l'engouement du film pour vendre une galette qui regroupe les chansons de l'OST originale de notre trio de rongeurs. Inadmissible, tout simplement.

Alvin et les Chipmunks est disponible à l'achat à partir de 29,00€.

+ Les plus

  • Les thèmes issus de la bande originale, éventuellement...

- Les moins

  • Gameplay raté.
  • Mise en scène honteuse.
  • Conception graphique sans saveur.
  • Réalisation sonore quasi-inexistante.
  • Où est l'intérêt ?