En route vers l'aventure

Tout comme les précédents volets de la série, Atelier Ayesha met en évidence une approche très différente des RPG japonais habituels, puisque son scénario ne se base nullement sur le concept du shônen, mais celui du shôjo. En conséquence, il ne faudra pas s'attendre à des hordes de combats et un objectif menant à sauver le monde, puisque notre héroïne – Ayesha Altugle – plutôt naïve, cherchera surtout à parcourir le monde à la recherche de sa sœur mystérieusement disparue. Apothicaire de fonction et reclue dans la campagne, la jeune fille va se décider à partir en voyage, suite à une étrange apparition de sa sœur et les conseils évasifs d'un vieil alchimiste.

Dans l'absolu, le scénario de Atelier Ayesha n'a rien de très original, d'autant plus qu'il reprend majoritairement la trame des précédents volets tels que Atelier Rorona, mettant en avant la recherche de la mère de l'héroïne. Toutefois, la mise en scène est désormais différente et mieux maîtrisée, tant et si bien que l'immersion se veut bien plus présente. Malgré tout, la progression pourrait se révéler difficile à suivre pour certains, vu que les échanges entre les personnages sont souvent très accessoires et, malgré des tentatives d'humour accentuées par des thèmes musicaux aux sonorités amusantes, peine à nous faire sourire. Le manque de caractère des protagonistes et leur fâcheuse habitude à raconter tout et n'importe quoi tend à nous faire facilement zapper quelques dialogues. En conséquence, l'intérêt pourrait tendre à s'épuiser chez certains joueurs qui n'apprécient pas vraiment les ambiance rose bonbon.

Atelier Ayesha - 1   Atelier Ayesha - 2  

De plus, la trame principale du jeu – la recherche de la sœur d'Ayesha – se révèle hachée par de nombreuses quêtes annexes à l'intérêt scénaristique discutable. En résultat, le fil conducteur perd progressivement de son attrait et nous nous retrouvons à enchaîner d'illogiques allers et retours entre les villes et autres zones de la carte du monde. Et pourtant, l'univers du jeu se présente tout à fait réussi, mettant en avant des environnements riches en couleurs et des villes plutôt réussies et ce, en dépit d'être vastes.

A l'instar des autres volets de la série, le jeu se base toujours sur l'intéressant système de gestion de jours, obligeant les joueurs à effectuer leurs objectifs sur une durée de trois ans. Chaque action et déplacement dans le jeu prend du temps, nécessitant de faire des choix dans tout au long du jeu, afin de finir sur un résultat souhaité. Par ailleurs, la finalité se veut plus ou moins heureuse selon les actions effectuées au fil de l'aventure. Ce système est, parmi plusieurs autres qui seront traités plus tard dans ce test, une des originalités appréciées de la licence Atelier et non oubliée dans ce nouvel opus.

Atelier Ayesha - 3   Atelier Ayesha - 4  

Dans mon chaudron...

Si le gameplay de Atelier Ayesha reprend la recette qui fait la distinction de la série, force est de constater que de nombreuses mécaniques ont été modifiées, voire même allégées. C'est notamment le cas de la gestion de l'alchimie, élément central de la série, ici simplifiée au regard des précédents volets de la trilogie Arland. Alors qu'il s'agit d'un jeu de niche destiné aux amateurs du genre, Gust a décidé d'essayer de toucher un public plus important en simplifiant énormément la synthèse des objets. Aussi, les arbres de construction plutôt complexes basés sur l'observation des statistiques est ici fortement réduite, de sorte à se baser simplement sur des recettes à débloquer au fil du jeu, en récupérant et achetant divers grimoires.

Les objets récupérés à la fin des combats ou dans le cadre de collectes dans les différents niveaux seront classés par qualité. Il suffira donc simplement de les sélectionner à loisir lorsque vous serez au-dessus de votre chaudron, de sorte à concevoir des objets plus ou moins efficaces. La pénurie ne sera jamais de mise, puisque pour une création, ce sera trois exemplaires qui en résulteront. Si l'on ajoute à cela des objets à grande profusion, il est clair qu'il ne sera pas difficile de créer tout ce que l'on souhaite sans trop d'efforts. De plus, les capacités additionnées à votre conception alchimique s'effectueront automatiquement, en fonction de l'objet utilisé, supprimant ainsi toute liberté de combinaisons exotiques pour résulter sur des éléments surpuissants. Enfin, ces créations alchimiques se cantonnent généralement à la complétion de nombreuses commandes secondaires de PNJ disposés dans les villes du jeu. Dommage. En bref, le système s'avère idéal pour les néophytes à la série, mais perd énormément d'intérêt pour ceux et celles qui ont déjà touché aux autres volets.

Atelier Ayesha - 5   Atelier Ayesha - 6  

Outre la partie création, Atelier Ayesha se distingue par son système de combat qui a été nettement modifié par rapport aux précédents épisodes. Il s'agit toujours de se battre au tour par tour, avec la possibilité de prendre l'avantage si vos statistiques de rapidité sont optimales. Avec la possibilité de contrôler trois personnages au maximum, il sera question d'attaquer et d'utiliser des compétences spéciales qui se débloqueront au fil du gain de niveaux. Pour Ayesha, il ne sera pas question de skills, mais d'utilisation d'objets alchimiques tels que des bombes et autres éléments de soin / guérison. La véritable modification apportée aux affrontements se concentre dans sa dimension tactique légèrement plus développée, avec la possibilité de se déplacer sur la zone de combat ( contre un tour de jeu ). Cet usage permet de se rapprocher de ses partenaires ou, au contraire, s'en éloigner pour se placer dans leur dos.

Si ce déplacement tactique gagnerait à être amélioré, il permet d'effectuer deux attaques dans un même tour de jeu. Concrètement, si vous chargez avec un héros, un allié adjacent a la possibilité de suivre dans sa démarche, à condition de disposer de points d'actions indiqués par une jauge – qui remonte assez rapidement – et d'être placé à proximité. Pendant l'action du premier personnage, il suffit d'appuyer sur une touche contextuelle pour faire attaquer le second protagoniste dans la foulée et de face, ou en profiter pour lui faire une charge à revers, occasionnant davantage de dégâts mais l'éloignant du groupe pour le prochain tour. En défense, cette dimension tactique permet de protéger un allié à proximité, ce qui se révèle utile pour les personnages de faible niveau tels que la sorcière.

Atelier Ayesha - 7   Atelier Ayesha - 8  

Toutefois, il est utile de préciser que les combats ne forment pas l'essentiel du gameplay du jeu, mais il est appréciable de noter ces quelques améliorations fournies pour étoffer la prise en main, même s'il gagnerait à être encore davantage enrichi. On regrettera le bestiaire peu riche ( souvent des ennemis similaires, mais changeant de couleur pour distinguer leur puissance ) et l'absence de réels boss. Toutefois, l'alchimie joue là encore un rôle intéressant, puisqu'il est possible de raffiner vos équipements, de sorte à gagner en efficacité.

Pot pourri d'émotion

Au fil de votre progression dans Atelier Ayesha, vous rencontrerez de nouvelles têtes dont des alliés potentiels. Comme votre équipe ne pourra être composée que de trois personnages, il faudra parfois se séparer d'un d'entre eux pour pouvoir recruter un autre protagoniste. Bien évidemment, il est possible de passer d'un héros à un autre à loisir, permettant ainsi une certaine flexibilité. Statut de RPG oblige, la durée de vie de Atelier Ayesha se révèle assez importante estimée entre 30 et 50 heures. Le jeu se clôturant après trois années écoulées, il est facile de passer outre certains éléments et terminer l'aventure sur une fin bien précise. Bien évidemment, un New Game + est de la partie pour découvrir d'autre aboutissements.

Comparativement aux précédents volets de la série, Atelier Ayesha dispose d'une réalisation graphiques plus attrayante et ce, en raison d'une modélisation réussie des personnages, mettant en avant des détails et des mouvements de visage empruntés aux animés japonais. Si cette partie se veut réussie, force est de constater que les décors se révèlent toujours désespérément vides, notamment ceux dédiés aux combats. De plus, le moteur graphique manque clairement d'optimisation, puisque le fait de se déplacer dans des zones occupées par plus de trois ou quatre PNJ suffit à faire baisser sensiblement le framerate du jeu. En somme, Gust a encore du travail à fournir pour améliorer la partie visuelle du jeu, pas tant au niveau de la direction artistique, mais au niveau technique.

Atelier Ayesha - 9   Atelier Ayesha - 10  

La partie sonore du jeu se révèle d'assez bonne facture, mettant en évidence des thèmes sonores souvent réussis et immersifs, contribuant à l'ambiance visuelle du moment, voire les lieux fréquentés. On regrettera toutefois que le studio de développement n'aie pas jugé nécessaire d'inclure les voix japonaises dans le jeu ; il faudra donc se contenter du doublage anglais qui joue parfois sur la surenchère. Il est également important de préciser que les sous-titres n'ont pas bénéficié de traduction, ce qui ne plaira guère aux anglophobes. En dépit de personnages excessivement bavards ( surtout en début de partie ), l'ensemble se révèle toutefois très aisé à comprendre.

En bref, Atelier Ayesha se révèle comme un RPG japonais qui n'est clairement pas destiné à tout le monde. Bien qu'il cherche à se démarquer de la récente trilogie Arland de la série, le concept reste toujours plus ou moins le même. S'inspirant des shôjo, le soft de Gust met en évidence une progression simple et légère, sombrant parfois dans une très grande naïveté. En effet, notre héroïne, pure et innocente, risque de taper sur les nerfs de nombreux joueurs. Les autres personnages manquent également de tempérament, dommage. Le principe de l'alchimie – le cœur du gameplay de la série – a malheureusement été très fortement simplifié, permettant d'une part de toucher un public plus large, mais se mettant à dos les fans de la première heure. Les combats ont également été modifiés, apportant une dimension plus stratégique mais encore trop bancale pour assurer un confort de jeu optimal. En bref, Atelier Ayesha est surtout à conseiller aux amateurs de jeux de rôle japonais à l'ambiance bon enfant et kawaii. Les autres, amateurs de shônen et avides d'aventures survoltées devront passer leur chemin.

Atelier Ayesha - 11   Atelier Ayesha - 12  

+ Les plus

  • Système de combat amélioré
  • Modélisation des personnages réussie
  • Gestion du temps intéressante
  • Bonne durée de vie
  • Système d'alchimie original...

- Les moins

  • … mais largement simplifié par rapport aux autres épisodes
  • Scénario très décousu
  • Moteur graphique pauvre en détails, tendance à ramer
  • Voix anglaises uniquement
  • Sous-titres non traduits en français