Introduction

Il est bien plus difficile de terminer proprement une série et d'écrire le mot "FIN" à tout jamais que de commencer une nouvelle aventure. Combien de séries télévisuelles ou cinématiques et combien de jeux vidéo ont tenté par le passé cette périlleuse bascule d'un monde à l'autre pour des résultats souvent médiocres. Cette fois-ci, c'est au tour d'une des sagas les plus célèbres de l'ère moderne du jeu vidéo que nous sommes invités à la mise à mort. Et avant de placer la dernière banderille, il fallait bien que le taureau se défende un peu.


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Ce sont donc les dernières heures vidéoludiques de Snake qu'il nous est donné de contempler tout autant que d'y prendre part. Car si ce jeu est un des seuls à utiliser autant de données sur un Blu-Ray, à savoir une cinquantaine de gigas (!) il doit cette caractéristique à un nombre incalculable de cinématiques et autres cut-scènes disséminées au cours de l'aventure. Autant être franc tout de suite, si Snake mérite une statue dans les yeux de son créateur à la vue de ce volet, la « panthéonisation » de Kojima reste en suspens après cet épisode épique mais aussi frustrant.

Débrouillez vous !

Quand on parle de scénario, on parle souvent d'histoire narrée ou contée au cours d'un jeu. Le scénario commence à un point A et le but reste généralement de parvenir au point B après quelques circonvolutions pour posséder la totalité de la trame principale. A l'issue, on ressort avec un aperçu précis du déroulement des événements, des tenants comme des aboutissants. Et bien ce Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots défie totalement ce que l'on pensait immuable. Certes, dans ce jeu, on nous raconte les dernières heures de service de son personnage de Snake, héros émérite d'une guerre sans merci.


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Mais il est de nombreux personnages, évènements, rappels ou encore flashbacks qui ne sont absolument pas explicités. Avouons que le procédé, s'il fait la part belle à ceux qui ont déjà tâté du Metal Gear Solid, peut laisser perplexe tant il se montre exclusif. Cette fois, et puisque le rappel est bien trop long pour être détaillé ici, nous nous trouvons dans un monde futuriste où la guerre est devenue banale. Les armées bataillent de plus en plus au travers des mercenaires et des nanomachines. Au milieu de ce barda, Solid Snake, plus vieux et plus décidé que jamais à traquer son ennemi eternel Liquid.


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On retrouve un peu pèle mêle les mêmes protagonistes que dans le passé avec nos deux jumeaux tout comme Otacon, Naomi, Raiden ou encore le Colonel. Le récit se découpe ainsi en cinq chapitres qui font parcourir au pauvre vieux à l'échine dégénérescente un nombre de kilomètres que même Forrest Gump n'aurait pas osé infliger à sa carcasse pourtant en bien meilleur état. Du monde moyen-oriental, on saute très vite à d'autres, par exemple, plus fertiles en neige qu'en poussière désertique. Et ce voyage n'a rien d'initiatique puisqu'il doit permettre un dernier tour de chant à notre bon vieux Snake avant de faire ses adieux.


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Fort comme un serpent

Toutefois, si clopin-clopant qu'on veuille bien nous le décrire dans toutes les cinématiques dans lesquelles il apparaît, le pré retraité garde une bonne dose de vitesse et d'agilité. A la limite, ce n'est pas d'un déambulateur qu'il a besoin mais d'armes et de munitions. Voyez-vous, cela tombe plutôt bien car il en dispose très rapidement, et de nombreuses en plus. Et si la série des Metal Gear Solid s'est toujours reposée sur une alternance de phases d'infiltration et de phases de tirs, la proportion d'armes disponible est encore plus importante dans ce volet. Cet élément est amplifié par la possibilité de changer de matériel grâce au menu idoine ce qui multiplie d’autant les possibilités d'équipements.


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Parmi ses autres atouts, Snake possède une combinaison comme on en voit de plus en plus dans le jeu vidéo, à savoir une combi de camouflage qui fait passer le caméléon du coin pour un fumiste de première classe. Une simple pression sur le bouton triangle permet donc au pépé de se coller au mur ou à la paroi qu'il longe et que son apparence se modifie en conséquence. Cette capacité recèle toutefois ses limites puisqu'en fonction du fond le pourcentage de discrétion variera étant entendu qu'imiter un joli drapé écossais est bien moins évident qu'un vulgaire mur en torchis.


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Le troisième élément qui nous a semblé donner un avantage important à Snake sur ses adversaires réside dans le MK II. On voit tout de suite les amoureux des soirées d'Ibiza et autres Dj's en tout genre se dire que le bougre peut scratcher comme un malade pour faire danser ses adversaires, mais il n'en est rien. Car le MKII est un petit robot aux milles capacités, permettant de faire du repérage mais aussi de désamorcer quelques pièges grâce à son camouflage  le rendant 100% invisible lui et sa caméra apposée par le Mister Q de service, j'ai nommé le fameux Otacon.


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L'IA d'un supporteur de foot après quelques pintes

On voit donc que notre cher héros a reçu les soins qu'il mérite de la part de Kojima et de ses équipes de développement. C'est vrai après tout, on n’est pas là pour tirer sur l'ambulance et tout fripé qu'il est, il mérite un équipement haut de gamme. Malheureusement, il reste le seul qui ait eu cette faveur tant le reste des humains ou non-humains qui habitent son monde demeurent sans cerveau. On ne peut donc que se complaire une nouvelle fois de l'IA désastreuse qui fait que régulièrement on peut accumuler des montagnes de gardes au même endroit.


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Pour ce faire c'est très simple, il suffit d'en tuer un. Un second vient regarder la chose, et on le tue. Puis un troisième, etc. Même si l'on milite pour le regroupement familial, c'est à la limite du squat organisé. Reste que malgré tout, et surtout malgré le fait que jouer en respectant la possibilité de le faire en low-profile et en mode prioritairement tourné vers l'infiltration au cours de certains passages, on se prend facilement au jeu. On peut donc recommencer deux fois la même map sans forcément emprunter les mêmes passages et donc rencontrer les mêmes difficultés.


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En outre, si l'on peut se contenter de défricher les cartes de tout ennemi vivant, il n'est nullement interdit de tenter d'en éviter un maximum ou de les endormir, puis les transporter hors de vue de leur congénères ou bien encore d'émettre un son grâce au MKII et que les idiots se ruent en sa direction pour que vous passiez dans leur dos. Ici est laissée une immense liberté au joueur qui pourra donc faire à sa guise en de nombreux endroits. On oubliera volontairement les boss qui, s'ils donnent du piquant au jeu, sont toujours régis par le principe du "point faible/ matériel ou technique à utiliser" qui tue un peu l'affrontement.


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Blockbuster graphique

Reste à vous parler de ce que nous ne faisions qu'évoquer un peu plus haut à travers les cinématiques giga-phages à savoir la réalisation technique. Et, pour tout dire, elle est époustouflante à plus d'un titre dans ce MGS 4. Tout d'abord dans la partie jeu lui-même, on reste souvent scotché à son siège devant la finesse de certains décors (pas les premiers certes). Mais tout ceci n'est absolument rien devant la richesse des cinématiques qui laisseraient penser que les gars de chez Square Enix sont des gagne-petits. Car ces phases mises en scène sont à la hauteur de ce que l'on est en droit d'attendre de la PS3.


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Mais en plus, elles se montrent hyper nombreuses et infiniment longues. Cette longueur est d'ailleurs le plus gros reproche que l'on pourrait formuler à leur endroit. Il n'est pas rare que l'on pose la manette plusieurs longues minutes de suite afin de simplement contempler l'écran. Et si cela complimente les yeux, cela agace les mains, à force. Et qui dit nombreuses cinématiques dit aussi très fréquents et importants chargements. Dans notre cas, la règle est aussi bien respectée qu'un examinateur le jour du bac ce qui n'est pas des plus agréables non plus.


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Mais voilà, on a beau dire que c'est trop long, que c'est trop chrono phage en chargement, que les appels au disque sont trop nombreux, qu'il faut installer une partie du jeu de temps à autres ou que sais-je encore, ce jeu conserve une part de magie qu'on ne peut lui retirer. Nombreux sont les moments ou cet agacement fait place à l'extase devant tant de prouesses. La musique vient pimenter tout cela avec une justesse et une émotion toujours au premier plan. Bien sûr, le larmoyant et le "too much" ne sont jamais très loin. Et on se retrouve quelques fois plus proches de Bollywood que des faubourgs de LA. Mais c'est le propre des œuvres racées que de diviser.


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Conclusion

On ne peut apprécier pleinement Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots que si l'on connait, ne serait ce qu'au moins partiellement, les précédents opus. C'est probablement le plus gros reproche que l'on pourrait formuler à propos de ce jeu décidément pas comme les autres. C'est aussi pour cette raison que les fans du monde entier devraient continuer à se l'arracher pour espérer appartenir à un clan que les autres ne pourront jamais appréhender de la même façon. Mais la justesse d'un tel choix laisse perplexe puisque l'intérêt d'un tel jeu n'est il pas de toucher un maximum de public ?


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On ne pourra donc se montrer totalement satisfait de ce que nous proposent Hideo Kojima et ses ouailles, à savoir un jeu prenant, terriblement scénarisé, truffé de cinématiques tout aussi grandioses qu'empreintes d'émotions et à la jouabilité gratifiante mais qui se montre bien trop partial et exclusif. Comme en plus la commémoration du Saint Snake est au menu, on verse trop souvent dans le cliché et les mouchoirs font facilement place aux nez rouges et aux cotillons tellement les ficelles sont grosses.


Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots est disponible sur PS3 à partir de 59,79 €

+ Les plus

  • Cinématiques monstrueusement nombreuses
  • Ambiance générale
  • Musique au poil
  • La dernière possibilité d'incarner Snake

- Les moins

  • IA toujours aussi mièvre
  • Chargements et coupures de rythme par les cinématiques
  • Accès au scénario limité pour les novices