Confronté au chaos

Contrairement à ce que l'on a pu voir avec les récents épisodes (excepté Allié ou Ennemi), Spider-Man : Le Règne des Ombres ne se base aucunement sur les œuvres cinématographiques. Le comic est utilisé pour ce nouveau titre développé cette fois-ci par Shaba Games, jusqu'ici spécialisé dans les productions de glisse. Toujours est-il que les développeurs se sont assurés de réutiliser les ingrédients qui ont fait le succès des précédents opus de la série, à savoir le sentiment de liberté. En effet, le joueur pourra à nouveau se balader à son aise dans la large ville de New York, façon GTA aérien.

Pour cette nouvelle aventure, l'ami Peter Parker aura de très lourdes tâches puisqu'une imminente invasion se prépare à dévaster toute la ville. Le symbiote extraterrestre libéré par erreur par Spider-Man et partiellement uni à son corps a fusionné avec Eddie Brock, collègue reporter de Parker, afin de créer Venom. Ce dernier, bien décidé à envahir le monde, met tout en œuvre pour parasiter les humains et surtout les super-héros. Vous débutez d'ailleurs le jeu avec un bref aperçu des évènements finaux, à savoir la guerre entre les dernières forces du SHIELD et les innombrables symbiotes qui ne cessent de charger. Ce petit aperçu est d'ailleurs une excellente accroche qui place directement l'épisode comme plus obscur, plus mature, même si l'humour a toujours sa petite place.


L'aventure débutera quatre jours avant cette introduction, scellant d'ores et déjà le destin qui se prépare. Vous débuterez dans le quartier de Harlem et ne tarderez pas à faire la connaissance de Luke Cage (alias Power-Man), bien décidé à assurer une paix entre deux gangs rivaux. C'est grâce à lui que vous ferez vos premiers pas dans l'aventure, consacrant du temps à votre entraînement aux premiers combos qui vous seront indispensables pour effectuer la totalité des missions qui vous seront proposées au fil du jeu. Si vous commencez à vous frotter à quelques petites frappes, vous constaterez bien rapidement que ces petites rixes ne feront qu'accroître, notamment avec l'arrivée des forces du Caïd sur le terrain, vous assurant des combats à répétition, pour finir avec les armées de Venom et la propagation de son infâme mixture au travers des rues dévastées.

Bien évidemment, pour tout joueur non-initié au scénario de Spider-Man, il ne sera pas aisé de bien faire la distinction entre les nombreux personnages que vous rencontrerez, bien que quelques indications soient souvent de mise. Entre Félicia Hardy (alias Chatte Noire), Adrian Toomes (Le Vautour), Électro, le charismatique Logan (Wolverine), la Veuve Noire, ou encore Moon Knight, pas évident de cerner le background et les allusions effectuées lors des discussions (notamment les questions qui vous seront posées par Wolverine à un moment précis de l'aventure), si toutefois le joueur ne connait pas bien le comic. Malgré tout, le scénario peut être suivi sans trop d'embûches, surtout qu'il se montre correctement mis en scène, en dépit d'une réalisation parfois déplorable.

Promenade de santé

Comme il a été le cas avec Spider-Man 3, Le Règne des Ombres utilise à nouveau le procédé de déplacements dans une ville complètement ouverte et tout de même assez vaste à parcourir. Notre tisseur favori pourra arpenter les diverses artères ou se hisser au sommet des buildings en un clin d'œil. Et d'ailleurs, la prise en main de ce côté est particulièrement agréable, rendant les folles embardées de notre héros totalement grisantes, d'autant plus que les mouvements retranscrits sont fidèles à ceux du comic. Ainsi, par la simple pression de la gâchette associée, il est possible de se déplacer d'immeubles en immeubles de façon très fluide et efficace. La puissance du balancement s'effectuant à l'aide du stick droit, il ne sera pas difficile d'atteindre les toits surélevés, d'autant plus qu'il est possible de combiner la fonction à la touche de saut pour s'expulser à des hauteurs vertigineuses. Malheureusement, on retrouve encore et toujours l'éternelle accroche à même le ciel, application ô combien choquante mais bien évidemment indispensable pour permettre un gameplay convenable.

Seulement, hors du contexte des balades aériennes, les déplacements au sol sont terriblement rigides. Fort heureusement, le jeu est conçu de manière à ce que l'on foule la chaussée qu'à de très rares moments, prioritairement à l'occasion des combats qui, a contrario des précédents volets, sont diablement mis en valeur. En effet, finis les angles de caméra pris de folie, les scènes d'action étant bien plus confortables à appréhender. Cela est notamment dû à votre sens de l'araignée (lock), mais aussi à une fonctionnalité de ralenti qui s'effectue lorsque vous procédez à un lancé de toile pour attraper votre ennemi. Cette manœuvre étant la plus importante du jeu, permettra d'enchaîner des combos d'un ennemi à l'autre dans un premier temps, offrant la possibilité de mettre à bas une foule de vilains en un temps record. Cependant, le timing sera indispensable pour paramétrer cette attaque, puisqu'il faudra appuyer sur la touche d'attaque dès que vous toucherez votre adversaire. À noter que certains affreux ont la faculté de vous contrer lors de cette attaque, ce qui nous force à diversifier les combats.


Bien évidemment, le grand intérêt du jeu se situe dans la possibilité de débloquer une ribambelle de coups regroupés en plusieurs catégories (attaques au sol, aériennes, murale, frappe et tir de toile, ou encore l'attaque spéciale qui vous sauvera la mise contre les boss), proposant ainsi des charges de plus en plus variées, puissantes et efficaces. À terme, il sera possible de combiner plusieurs combos en un enchaînement pour exterminer vos ennemis d'un seul coup. Ces attributs, accessibles et débloquables depuis le menu, requièrent des points d'expérience pour être assimilés. Pour ce faire, il faudra enchaîner les missions données par vos partenaires de la justice, ou ramasser les nombreux points de l'araignée disséminés ça et là dans la ville. Pour agrémenter la challenge de la quête à l'expérience, les développeurs ont pris soin de jouer de l'atout principal de ce nouveau Spider-Man : le costume noir.

Il est possible de passer de la combinaison bicolore classique à la tenue de symbiote à tout moment dans le jeu par la simple pression de la touche R3. Proposant une prise en main et des coups totalement différents, le costume noir apporte également diverses incidences sur le jeu en lui-même. En effet, comme le précisent les pourcentages de force justicière et celui du côté obscur, l'issue du jeu sera différente selon la voie que vous sélectionnerez. Bien que certaines scènes proposent de choisir entre une décision bienfaitrice ou malfaisante, la façon de jouer peut modifier le cheminement. Concrètement, en sauvant les civils blessés, vous remporterez des points rouges, alors que détruire des véhicules vous octroiera des points noirs. De ce fait, si l'on ne fait pas attention, on se retrouve bien vite à passer du côté obscur de la force. Cette fonctionnalité, très intéressante au demeurant, offre des missions différentes selon votre penchant, découlant sur plusieurs fins possibles. Cet élément agrémente grandement la rejouabilité.

Galerie d'images

Des lacunes encore de la partie

Bien que le jeu offre clairement de bons points par rapport à ce qui a été effectué par le passé sur cette licence, force est de constater que le résultat final est encore trop imparfait pour tirer son épingle du jeu. Le fer de lance de ces inconvénients saute au yeux après quelques heures de jeu : le côté répétitif. Les missions données étant trop souvent similaires, on se retrouve sans cesse à massacrer des pelletées d'ennemis sans aucune alternative possible. Entre d'éternels affrontements contre ennemis insignifiants et autres phases d'escorte terriblement énervants, le joueur rencontrera rapidement une certaine frustration à mener des objectifs clairement peu inspirés. Ce n'est qu'à partir de la seconde moitié de l'aventure que l'on est sujet à des missions légèrement améliorées, notamment la libération du Bricoleur avec l'aide de Rhino, l'escalade de la tour du Caïd, ou encore les affrontements avec les super-héros et de leurs puissants symbiotes (notamment celui du Vautour).

Toujours est-il que le jeu souffre d'une durée de vie assez faible si l'on ne se concentre que sur les missions principales. Or, le jeu fourmille d'objectifs secondaires qui, malheureusement, manquent sévèrement d'intérêt. En effet, il ne vous sera proposé que d'éliminer un certain nombre d'ennemis, ou d'amener quelques blessés à l'hôpital le plus proche. Il est donc très clairement ressenti qu'un rehaussement artificiel a été appliqué pour assurer la longévité du soft. Qui plus est, il est inutile de toutes les effectuer puisque vous aurez acquis suffisamment d'expérience pour débloquer toutes les attaques avant la fin de l'aventure.


Techniquement parlant, Spider-Man : Le Règne des Ombres se veut légèrement plus fin que Spider-Man 3. Malgré tout, de nombreuses carences sont à noter, notamment au niveau des décors particulièrement vides et équipés de textures de mauvaise qualité, surtout au niveau du sol. Ensuite, la quasi-majorité des personnages (hormis Spidey) s'avère assez mal modélisée et parfois sacrément mal animée. De plus, le jeu souffre de quelques baisses de frame rate lors des déplacements aériens, accentués par les sauvegardes automatiques sauvages et très fréquentes. Pour couronner le tout, le jeu colporte un lot de bugs assez virulents, puisqu'ils nuisent aux déplacements de notre héros. Du clipping flagrant des décors aux étonnantes disparitions des ennemis vaincus, en passant par des soucis de transition vertical / horizontal et autres jets de toile statiques qui paniquent les mouvements du tisseur, difficile de rester optimiste quant à la réalisation globale. Au niveau de la qualité sonore, si l'on excepte le doublage français digne d'un nanar des années 70 (il suffit d'écouter la voix de Wolverine ou les cris de Venom pour s'en assurer), il est utile de souligner la qualité des musiques qui offrent une belle dimension aux chevauchées urbaines. Toutefois, ces dernières ne sont pas toujours d'actualité, nous laissant trop souvent des longs moments de silence.

Utilisant judicieusement l'héritage des précédents volets de la série en revenant à une jouabilité plus libre et plus confortable, Spider-Man : Le Règne des Ombres assure de bons éléments pour un intérêt optimal. En assurant un scénario plus torturé et apocalyptique, le soft de Shaba Games offre également un système de combat très dynamique et parfaitement jouable et ce, grâce à une caméra globalement bien configurée. Seulement, le contenu du jeu reste toujours en deçà de nos attentes avec un sérieux manque d'originalité et de variété, empiétant ainsi sur le taux de plaisir qui chutera encore d'un cran au vu de la réalisation globalement fade et pas totalement débuggée. Néanmoins, on se rapproche de l'adaptation parfaite du célèbre comic, gageons que le prochain essai corrige les quelques erreurs restantes.

Spider Man : Le Règne des Ombres   11 Spider Man : Le Règne des Ombres   12

Spider-Man : Le Règne des Ombres est disponible à l'achat à partir de 33,00 €.

+ Les plus

  • Prise en main confortable
  • Liberté de mouvements
  • De nombreuses attaques et combos
  • La modélisation de Spider-Man
  • La dualité qui influe sur le cheminement et l'issue du jeu

- Les moins

  • Déplacements au sol trop rigides
  • Doublage nanar
  • Nombreux bugs graphiques
  • Missions bien trop répétitives