Le retour du retour

Bien que de nombreux projets vidéoludiques sont à terme des jeux de grande qualité et ce, sans que le budget de départ soit forcément mirobolant, certains petits développeurs se complaisent dans leurs erreurs. C'est le cas d'Icon Games qui, depuis sa fondation, s'évertue à se focaliser essentiellement sur une licence. Si Vertigo a l'apparence d'une production originale, il suffit de se concentrer sur les projets antérieurs de la société britannique pour constater que le titre a été adapté sur PlayStation Portable sous le nom Spinout, mais aussi sur PS2 sous l'appellation RealPlay PuzzleSphere. Bref, Icon Games joue ici la carte de l'investissement peu coûteux en nous offrant un jeu sensiblement identique à trois reprises, sur des années différentes.

Pour ceux et celles qui n'auraient pas mis la main sur les deux autres versions (et ils doivent être nombreux), Vertigo est un jeu de réflexion / d'adresse dans la même veine que Marble Madness, Kula World, Kororimpa, ou plus marquant, Monkey Ball. Seulement, Vertigo fait un peu figure de petite frappe face à ces licences de qualité. Et pourtant, une version Wii aurait pu être bien introduite, à l'aide de la gyroscopie des contrôleurs et surtout l'utilisation de la fameuse Balance Board, périphérique hype depuis l'introduction de Wii Fit. Or, si le packaging de Vertigo affiche fièrement la compatibilité avec l'engin, gare à la désillusion !

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Vous l'aurez compris au travers des premiers clichés, le soft offre la possibilité de diriger une boule dans l'espace, au travers de niveaux tortueux en lévitation. Ainsi, chaque chute vous sera fatale (pour vos nerfs surtout). Néanmoins, le soft d'Icon Games offre, comme ses précédentes moutures, un soupçon de scénario. Nous apprenons que les sphères s'appellent en fait des Xorbs, pilotés par des fous furieux qui ne tiennent qu'à sillonner les différentes planètes en quête de sensations fortes, au détriment de l'état de leur flore intestinale. Derrière cette mise en scène de haut vol se présente l'inspection de la panoplie des planètes de notre système solaire, incluant évidemment la Terre. Cependant, vous commencerez par les planètes les plus éloignées afin de débloquer - si le cœur vous en dit - les mondes suivants, pour finir sur la plus proche du brasier solaire.

Heureusement pour Vertigo, les environnements côtoyés seront particulièrement variés d'une planète à l'autre, même si leur complexité reste à confirmer. Serait-ce l'effet de l'isolement dû aux graphismes dépouillés ou à l'ambiance clairement absente qui nous offre un tel spectacle sans saveur ? Bref, avant de passer à l'aspect purement visuel, grattons un peu la croûte de cette production adaptée à la va-vite afin d'en discerner les quelques éléments de gameplay.

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Le « Syndrome Wii » à son paroxysme

De prime abord on se dit que finalement, pourquoi pas : Icon Games utilise les subtilités des contrôleurs de la Wii pour dépoussiérer son projet déjà pas finement gaulé à la base. Après tout, il serait dommage de ne pas profiter de tout l'engouement que le public a pour la console de Nintendo. Et pourtant, le développeur britannique se casse littéralement le nez sur ce qui forme la partie cruciale de son jeu : la prise en main. Si le Xorb se contrôle entièrement à la Wiimote via les inclinaisons et l'inertie, l'imprécision est clairement présente afin d'entacher profondément l'intérêt déjà pas très sexy. S'il suffit de balancer le contrôleur de gauche à droite pour tourner, sachez que les développeurs ont jugé nécessaire d'incliner le bout de la télécommande vers le bas pour accélérer et relever pour décélérer. Cette manœuvre, hautement fatigante et bien peu ergonomique, dissuadera rapidement les joueurs à jouer sur le long terme : la tension musculaire engendrera de légers maux au niveau de votre poignet.

Pour compléter cette prise en main peu joyeuse, les touches A et B servent respectivement à booster votre élan et à freiner sec. Pas de demi-mesure sur ce dernier point, le Xorb se figera net, ne prenant ainsi en compte la distance d'arrêt physiquement requise. Pour un jeu qui devrait porter une attention particulière à la pertinence d'appréciation des forces et de la gravité, nous voici bien loin du compte puisque les déplacements ne se montrent aucunement naturels et encore moins précis. Qui plus est, il n'est pas rare que votre sphère se bloque contre certains décors, vous obligeant à recommencer le niveau. De ce fait, le cheminement devient exagérément difficile et hautement frustrant, d'autant plus que l'angle de caméra se veut extrêmement laxiste, vous incitant à recadrer manuellement via les flèches directionnelles ou le stick du Nunchuk. Ne comptez même pas sur la compatibilité avec la Wii Balance Board pour profiter d'une précision à toute épreuve puisque la sensibilité est si extrême que vous finirez sans nul doute par faire le saut de l'ange, Wiimote à la main.

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Vous l'aurez compris, le principal attrait de Vertigo a subi un coup de boule monumental, remplaçant l'hypothétique intérêt par un énervement certain débouchant sur un prévisible dégoût. Toujours est-il que le jeu propose un mode Arcade qui propose de jouer à l'un des 54 niveaux de la galette en Time Trial, à savoir avec un chronomètre. Déjà que le joueur se casse les mains et/ou les jambes à tenter de ne pas tomber dans le vide, les développeurs s'improvisent sadiques en mettant en avant un chrono et des temps bien trop serrés pour glaner des médailles qui, avouons-le, ne serviront à rien mis à part flatter votre égo (et encore...). Heureusement, un mode Carrière est présent, avec bien évidemment la panoplie de tracés selon les planètes côtoyées, et surtout sans chronomètre. Ainsi, libre à vous de prendre votre temps à arpenter des pistes finalement peu inspirées en terme d'architecture, afin de passer les quelques points de contrôle requis avant de vous diriger vers leurs zones finales respectives.

C'est par ce mode qu'il sera possible de « légèrement » customiser votre Xorb. Si l'apparence visuelle ne se jouera que de quelques changements de coloris, vous pourrez glaner des points proportionnellement aux temps effectués et aux médailles gagnées. Ainsi, il vous sera autorisé d'améliorer le turbo, le freinage ou encore le contrôle aérien pour faire de votre sphère une bête de course (ou pas). De toute façon, les joueurs se lasseront bien rapidement de l'imprécision du jeu et des incessantes sorties de route.

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La boulette

En sus du mode solo quelque peu pompeux, Vertigo s'agrémente d'un mode multijoueur qui ne se montre guère plus attractif. En premier lieu, le Xorb Bowling offre la possibilité de faire chuter les quilles placées au bout d'une piste accidentée qu'il faudra bien maîtriser pour ne pas faire une « gouttière », à savoir une sortie de piste. Bien que jouable à quatre, ce mode n'est vraiment pas rythmé et très mal introduit au vu du style de jeu. En second lieu, le soft recèle le Balle Xorb, une sorte de jeu de foot dans lequel il faudra logiquement piquer le ballon à l'adversaire pour marquer un but dans son camp. À noter que des pouvoirs peuvent être activés dans les options, mais cela ne relance nullement l'intérêt. Enfin, le Combat Xorb se matérialise comme un Deathmatch typique et ce, avec ou sans chronomètre. Dans ce cas de figure, les armes seront requises pour liquider ses ennemis.

Si Vertigo se présente comme un ratage en terme de gameplay, il n'en est pas moins médiocre en terme de réalisation. En effet, le moteur graphique n'est guère plus évolué que l'épisode PS2, présentant donc une modélisation désormais plus qu'obsolète. Les décors semblent totalement vides et accompagnés de textures étirées, parfois même baveuses. On sent clairement que les développeurs n'ont pas été très inspiré en terme de level design, malgré la variété affichée entre les planètes. Avec ce choix d'action, nous aurions pu espérer des niveaux complexes et intelligents parsemés de raccourcis et autres pirouettes époustouflantes. Or, il n'en est rien, la conception générale restant au ras des pâquerettes. Pour combler ce tableau peu fameux, le choix des musiques sort tout droit de l'antre du mauvais goût. Alors que le jeu tend à nous faire réfléchir sur la façon de négocier les tracés, les thèmes démontrent que l'électro, voire la techno bas de gamme sont encore au goût du jour. Difficile de garder son calme.

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Tentant de surfer sur la vague de succès des jeux Wii, Icon Games essaie de faire avaler la pilule en offrant une troisième déclinaison de son projet. Or, le travail de fond semble avoir été amplement bâclé puisque seules quelques ersatz de gestion des contrôleurs de la Wii ont été implémentés. Proprement injouable à la Wiimote et à la Balance Board, Vertigo ne profite guère d'une ergonomie idéale et d'une gestion convenable des forces. Comportant une identité ordurière, le soft ne brille aucunement par sa réalisation vraisemblablement obsolète. Bref, nous sommes tentés d'associer Vertigo à intérêt zéro.

Vertigo est disponible à l'achat à partir de 30,90 €.

+ Les plus

  • Un jeu compatible avec la Balance Board...

- Les moins

  • ... mais il ne faudra pas trop compter sur sa pertinence
  • Prise en main inconfortable et imprécise
  • Techniquement obsolète
  • Bande son à vomir
  • Mode multijoueur sans intérêt
  • Solo sans saveur et frustrant
  • Caméra sans cesse dans les choux