Les ventes d'appareils mobiles continuant de croître à un rythme rapide, entre smartphones, tablettes et autres, il faut aussi pouvoir produire les processeurs qui en constituent le coeur. Or, la plupart des concepteurs de ces puces fonctionnent en mode fabless, à savoir qu'ils créent eux-mêmes les composants mais n'ont pas les usines de production pour les fabriquer. Ils confient cette tâche à de grands fondeurs gérant de multiples sites de production.

Mais ces derniers, face à la demande qui s'est accélérée très vite, ont des capacités de production limitées. D'où la tentation pour les clients des fondeurs d'essayer de réserver des lignes de production pour eux seuls en proposant de participer aux investissements.

Bloomberg rapporte que le fondeur taiwanais TSMC a fait l'objet de telles tractations de la part d'Apple et de Qualcomm (qui conçoit les plates-formes SnapDragon ) en vue de bloquer à leur seul profit des volumes de production mais qu'il n'a pas donné suite.


Stratégie d'occupation du terrain
Les deux sociétés ont pourtant fait chacune des propositions d'investissement supérieures à 1 milliard de dollars pour se garantir l'accès à la production de TSMC. Le groupe Apple est coutumier du fait et s'assure d'obtenir les volumes de composants nécessaires à ses produits en investissant massivement pour payer les équipements de pointe et améliorer les lignes de production de ses fournisseurs.

Cela lui permet également d'empêcher ses concurrents d'avoir accès à ces mêmes composants, ou dans des quantités moindres, les obligeant à se tourner vers de multiples sources, avec des conséquences sur les prix des produits finis.

Pour ses processeurs, Apple se fournit normalement chez Samsung mais un accord avec TSMC lui permettrait d'élargir son horizon, dans un contexte d'accroissement des ventes de ses iPhone et iPad...et peut-être bien de réduire les volumes de production disponibles pour ses concurrents.

Bloquer des lignes de production à son profit, c'est aussi laisser moins de volume disponible pour ses concurrents et les empêcher de répondre à la demande de leurs clients, et donc produire moins d'appareils que prévu ou obliger à jongler entre plusieurs fournisseurs.


Garantir les volumes de production
De son côté, Qualcomm, leader mondial de la fourniture des processeurs pour smartphones, est confronté à une très forte demande pour sa plate-forme SnapDragon S4 gravée en 28 nm et produite par TSMC, bien plus que ce qu'il avait anticipé.

Ses derniers résultats financiers font état d'une belle croissance portée par les ventes de smartphones et tablettes mais qui se trouve bridée par ce problème de pénurie de composants, qui ne sera résolu qu'en fin d'année 2012. Le groupe américain a pris des mesures pour trouver des fournisseurs alternatifs mais il se disait prêt au début de l'été à faire " de gros chèques " à ses fournisseurs pour en réserver la production.

L'hypothèse de la création de ses propres lignes de production, qui le ferait sortir de son modèle fabless, a même été évoquée, même si, de l'aveu de son CEO Paul Jacobs, elle est loin d'être une priorité et n'interviendrait qu'en dernier recours.

Toujours est-il que Bloomberg souligne que TSMC a refusé les propositions des deux groupes, ne voulant pas se lier trop fermement à ses clients et cherchant à conserver un maximum de flexibilité pour profiter de toutes les bonnes occasions, sans s'enferrer dans un modèle de coopération trop étroite qui peut vite devenir par la suite un boulet l'empêchant d'évoluer vers de nouvelles opportunités.

Source : Bloomberg