Chaque jour, le réseau internet progresse un peu plus en France. Les institutions françaises n'ont pas voulu rater le coche, et ont rapidement suivi cette évolution. Ainsi, aujourd'hui, le site www.service-public.fr, portail qui regroupe l'ensemble des ressources accessibles en ligne de l'administration, montre à quel point il est devenu facile de procéder à des formalités administratives en ligne.
Mais s'il y a bien un domaine où la France est en retard, c'est bien le vote, où tout se fait encore à la main : bulletin de votes, vote en lui-même, dépouillement. Un retard dû non seulement à une interdiction légale pour le moment, mais aussi à un manque de concertation à ce sujet.


Un système avec de nombreux avantages Urne vote
L'idée du vote électronique est apparue au début des années 1990 ; il consiste à valider / conserver le vote de l'utilisateur, qui se déplace toujours au bureau de vote, non plus sur un support papier mais sous une forme numérique, stocké sur un espace de stockage. Le vote en ligne est un dérivé du principe du vote électronique : en plus du support numérique de la trace du vote, le citoyen n'a plus à se déplacer jusqu'au bureau de vote. De nombreux avantages sont apportés par ces deux technologies, comme l'accélération du processus de vote, de dépouillement ou encore la possibilité, pour une personne dans l'impossibilité de se déplacer, de voter d'elle-même sans avoir à communiquer son choix à la personne qui devait voter en son nom. Il permettrait ainsi de réduire le taux d'abstention, en permettant à un nombre plus important de personnes de voter, mais aussi en donnant aux plus jeunes une manière plus conviviale, et surtout attractive, de voter.


Le retard français
Si le vote électronique a déjà été expérimenté dans 3 villes pour l'élection présidentielle de 2002, il n'a pas été généralisé pour autant. La France est très en retard dans ce domaine par rapport à de nombreux pays : au Canada, aux Pays-Bas et au Brésil par exemple, le vote électronique est d'ores et déjà pratiquement devenu un standard.

Mais l'idée n'est pas nouvelle en France ! Ainsi déjà, en septembre et décembre 2004, ainsi qu'en février 2005, deux propositions de loi avaient déjà été déposées. Celles-ci avaient toutes été renvoyées devant la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république, chargée d'étudier la faisabilité d'une proposition de loi (une proposition de loi n'est que le principe d'une loi, pas son contenu). Aucune suite ne leur a été donnée. La proposition de loi déposée le mois dernier reprend encore une fois l'idée du vote depuis internet, elle aura donc si rien n'est fait autant de chances de finir aux oubliettes que les premières !

Pourtant, le vote par internet est déjà possible chez nous : depuis 2003, un français de l'étranger peut voter par internet pour choisir ses representants, on peut voir comment fonctionne le système sur cette page. Il serait tellement simple en théorie d'adopter le même système pour le reste des citoyens français, mais entre voter pour élire son représentant à l'assemblée des français de l'étranger et élire un président de la République, il y a une "légère" différence...


Le défi du respect des lois électorales
Si la France ne permet pas encore le vote électronique, outre le fait que ce soit pour le moment interdit pas le code électoral, c'est aussi à cause des nombreux problèmes qui sont posés quant à la garantie du bon déroulement du vote. En effet, pour qu'un vote puisse être considéré comme valide, on doit s'assurer que la personne qui a voté l'a fait en ayant accàs à l'ensemble des informations sur les différentes propositions qui s'offraient à elle, que la personne n'a pas voté sous la contrainte, ou même que c'est bien la bonne personne qui a voté, etc. Et lorsque l'on voit le cafouillage provoqué lors des deux dernières élections présidentielles aux USA, on peut se dire que tout cela n'est pas encore au point. Un autre problème est également le risque de "vente aux enchères" de son vote, comme cela se rencontre déjà dans certains pays.

De nombreux systèmes sont en cours de mise au point pour assurer l'ensemble des sécurités requises, basés principalement sur les dernières avancées en matière de biométrie : reconnaissance de l'oeil, du visage, analyse de la voix pour s'assurer que le votant n'est pas dans un état de stress qui pourrait laisser penser qu'il ne vote pas de lui-même...

Outre les problèmes évoqués plus haut, et l'assurance de la sécurité de la transmission (cette dernière étant aujourd'hui considérée comme sûre), un dernier problème se pose au niveau des données stockées une fois le vote effectué. Des chercheurs et universitaires américains ont montré il y a quelques années la facilité avec laquelle il était possible de modifier le contenu d'une machine de vote électronique. Rien ne prouve donc aujourd'hui qu'il soit impossible de modifier les données présentes sur le serveur de stockage !


Le vote électronique a encore de nombreux progrès à faire avant d'arriver à s'imposer en France. Mais le débat avance, des propositions sont prises en compte, et on peut espérer dans un avenir proche pouvoir voter en ligne, comme on le fait déjà pour sa déclaration d'impôts par exemple !